Une centaine de députés de l’Assemblée parlementaire de la francophonie sont en visite à Luxembourg. Claude Wiseler s’en réjouit et évoque les projets multilingues de la Chambre.
Pour la petite histoire, l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) est née à Luxembourg en 1967, sur une proposition de Léopold Sédar Senghor. «Elle s’appelait alors Association internationale des parlementaires de langue française avant que l’APF ne lui succède», raconte le président de la Chambre des députés, Claude Wiseler. Elle rassemble tous les pays dont la plupart des habitants parlent le français, «sans que, forcément, ce soit leur langue maternelle, comme au Luxembourg, où elle est communément apprise», précise-t-il.
Une centaine de députés membres, sous la présidence du canadien Francis Drouin, sont à Luxembourg depuis samedi et jusqu’à demain, dans le cadre du groupe de travail de la révision des statuts de l’APF et de sa Commission politique. Si ses objectifs de départ servaient au rayonnement de la langue française, ils sont plus vastes aujourd’hui. «La promotion de la démocratie et des droits de l’homme s’y sont greffés», ajoute Claude Wiseler.
Le très polyglotte Luxembourg est également membre d’associations germanophones. Cela lui permet d’avoir des contacts avec des pays plus éloignés des sphères européennes, comme les pays africains.
«L’importance de la francophonie ne doit pas être sous-estimée»
«Nous avons des discussions politiques avec des pays qui sont des pays « suspendus« , lorsque les valeurs de l’APF ne sont plus remplies, comme c’est le cas pour la Guinée, le Tchad et la Tunisie», explique le président de la Chambre. Ces pays restent invités «pour voir avec eux comment rétablir les valeurs démocratiques ou comment les faire progresser».
«Le principe du Luxembourg, c’est d’avoir notre place dans toutes les assemblées multilatérales, car notre influence en matière de politique étrangère est très limitée, donc nous exerçons notre influence dans ces assemblées», déclare Claude Wiseler.
Lors de l’échange avec le président de l’APF, le député canadien Francis Drouin, Claude Wiseler a affirmé que «l’importance de la francophonie au Luxembourg ne doit pas être sous-estimée», en se référant à l’importance de la langue française au niveau culturel, administratif et notamment législatif.
Les parlementaires ont également discuté de la manière dont l’utilisation de la langue française évolue, constatant qu’elle perd de son importance, en particulier auprès des jeunes qui préfèrent de plus en plus l’anglais. Les députés luxembourgeois et le président de l’APF ont exprimé leur volonté de renforcer la promotion et le soutien de la langue française au sein des organisations internationales.
Traduction simultanée
La semaine dernière, les débats sur le budget ont bénéficié d’une traduction simultanée en français. D’ordinaire, cette traduction est réservée aux grandes déclarations de politique étrangère ou les discours sur l’état de la nation. Cette fois, les interventions des députés et du gouvernement pendant les discussions budgétaires ont fait se succéder plusieurs interprètes qui ont offert une séance publique en français sur Chamber TV.
Claude Wiseler annonce que la Chambre des députés, en collaboration avec l’université de Luxembourg, travaille sur un projet de transcription de la langue orale vers la langue écrite en luxembourgeois. «C’est un projet pour les malentendants», précise Claude Wiseler.
Un autre projet, toujours avec l’université et avec l’aide précieuse de l’intelligence artificielle, consiste à générer des sous-titres, dans plusieurs langues étrangères, des débats parlementaires. Cela se fera dans une deuxième étape. «Cela permettra de suivre la Chambre sur plusieurs canaux en plusieurs langues», se réjouit déjà le président. Deux projets qui coûtent du temps et de l’argent, sans précision de budget.
«Démocratie pour tous»
«La Chambre des députés est le plus gros fournisseur de langue luxembourgeoise du pays, tous les sujets y sont évoqués et avec tous les accents du pays», relève Claude Wiseler. Toute cette matière existe sous forme d’enregistrements et par écrit.
«Nous sommes très prolifiques et nous donnons notre matériel à l’université pour qu’elle puisse travailler sur cette base, et le résultat pourra servir à d’autres utilisateurs», ajoute Claude Wiseler.
«C’est la démocratie pour tous. Beaucoup d’électeurs ne parlent pas nécessairement un luxembourgeois parfait», explique-t-il.
À voir, ou plutôt à lire, dans quelques années.