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La franc-maçonnerie, « une école d’humanisme »


Grand Maître de la Grande Loge de Luxembourg, Jean Schiltz fait la lumière sur ce qu'est la franc-maçonnerie. (Photo : Jean-Claude Ernst)

Début juillet, la Grande Loge de Luxembourg fêtera le tricentenaire de la franc-maçonnerie. L’occasion d’en savoir un peu plus sur une organisation pas si secrète que cela.

Pouvez-vous nous expliquer assez simplement ce qu’est la franc-maçonnerie?

Jean Schiltz : Répondre à cette question est un peu plus compliqué que cela puisque la franc-maçonnerie n’est pas un bloc monolithique dans la mesure où il n’y a pas « une » franc-maçonnerie ou « la » franc-maçonnerie. Depuis sa création en 1717, il y a donc 300 ans, la franc-maçonnerie a pris des orientations différentes dans divers corps. D’ailleurs, je pense que si l’on demande à 20 frères francs-maçons, chacun aura une définition différente, car chacun mettra l’accent sur des valeurs singulières, ce qui est le reflet d’un mélange de beaucoup de caractères et de beaucoup de frères dans une même loge.

Pouvez-vous tout de même tenter une définition?

Pour donner une définition de la franc-maçonnerie, il faut sans doute se rapporter aux premiers textes datant de 1723, écrits par la première Grande Loge à Londres. Là encore, il faut bien remettre cette définition dans le contexte religieux et politique de l’Angleterre de l’époque qui sortait de plusieurs guerres de religion. Il y avait un certain ras-le-bol de ces guerres et l’on cherchait un lieu, un endroit, pour se retrouver et échanger en toute fraternité, en tolérant différents horizons pour parler et discuter ensemble. Donc la première définition introduite en 1723 est la suivante : « La franc-maçonnerie est un centre d’union et le moyen de nouer une véritable amitié sincère entre des personnes qui n’auraient pu que rester perpétuellement étrangères. Un franc-maçon est obligé de par sa tenure d’obéir à la loi morale et s’il comprend bien l’Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux. » Ce qui est là une définition déjà assez libérale, déiste à l’époque, qui révèle la tolérance religieuse et le pluralisme. On peut aussi déduire de cette définition que la franc-maçonnerie ne tient pas compte de la provenance sociale, culturelle, religieuse, etc. Une fois entré en franc-maçonnerie, tout un chacun est égal à l’autre.

La Grande Loge de Luxembourg respecte donc ce premier texte?

Oui, mais nous avons également une autre définition dans nos statuts, mais qui est analogue au texte de 1723. Pour la Grande Loge de Luxembourg, la franc-maçonnerie est un ordre initiatique, traditionnel et universel qui constitue une alliance fraternelle d’hommes libres et de bonnes mœurs, n’établissant entre ses membres aucune distinction de nationalité, de race, de croyance et d’opinions politiques. Nous pratiquons le libre examen et la tolérance la plus large à l’égard des opinions d’autrui.

Autrement dit, que viennent chercher les membres dans la franc-maçonnerie?

On peut regarder la franc-maçonnerie comme un espace de sociabilité où des frères viennent chercher à dépasser le cadre tumultueux qu’ils trouvent dans la vie normale afin de se ressourcer et trouver autre chose. C’est une association philosophique et philanthropique, mais également une école de vie, d’humanisme, rejetant les vérités uniques. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que malgré la variété d’orientation au sein de la franc-maçonnerie, le but de celle-ci reste la même, quel que soit l’obédience ou la loge.

Justement, quel est le but de la franc-maçonnerie?

Essayer d’améliorer l’homme. La franc-maçonnerie croit en la perfectibilité de l’homme. Il y a différentes méthodes et façons de faire, mais le but reste le même partout : essayer d’améliorer l’homme et qu’il parvienne à se connaître lui-même. D’ailleurs, l’adage « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux » résume assez bien notre but.

Au Luxembourg, il y a plusieurs loges francs-maçonniques…

Effectivement, il y en a plusieurs au Grand-Duché. Il y a la Grande Loge de Luxembourg, qui est plutôt initiatique, traditionnelle, symbolique et humaniste. Puis il y a la loge du Grand Orient située dans le Grund, qui est plutôt libérale et ayant sur le plan spirituel une autre orientation dans la mesure où elle a surtout tendance à discuter des questions sociales et politiques, ce que nous ne faisons pas. Il y a également la Grande Loge féminine et enfin la loge dite du « Droit humain », une loge mixte.

Il y a une loge exclusivement féminine et une loge mixte. La franc-maçonnerie n’est donc pas uniquement réservée aux hommes?

Effectivement. Cela donne également la possibilité de choisir sa loge par rapport à d’autres considérations que celles philosophiques. Le fait de penser que la franc-maçonnerie est uniquement destinée aux hommes est une erreur récurrente dans l’esprit des gens.

Avez-vous des échanges avec les autres loges du pays?

Nous avons des échanges sporadiques. Nous n’avons pas d’échanges réguliers ni organisés. Nous savons à peu près ce que les autres loges font.

Entretien réalisé par Jeremy Zabatta

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans Le Quotidien papier de ce lundi

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