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La femme reste sous tutelle de l’homme en Arabie saoudite


Le 24 juin dernier, les femmes été autorisées à conduire, pour la première fois dans l'histoire du royaume. (illustration AP)

Le statut de la femme en Arabie saoudite a encore fait les gros titres de la presse mondiale, avec le cas d’une Saoudienne qui a fui sa famille et s’est trouvée bloquée en Thaïlande.

La crainte de voir Rahaf Mohammed Al-Qunun, 18 ans, rapatriée de force dans son pays, s’est estompée, les autorités thaïlandaises ayant décidé lundi de ne pas la renvoyer « contre son gré ». L’Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur appliquant une version rigoriste de l’islam, accorde peu de droits aux femmes en dépit d’une série de réformes, dont celle qui permet aux Saoudiennes de conduire depuis juin 2018.

Le pays n’a pas abandonné le système de tutelle qui fait de l’homme le gardien légal de la femme. Il a pourtant ratifié en 2000 la Convention de l’ONU sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes. Cette tutelle, qui place la vie quotidienne de la femme entre les mains de l’homme, s’exerce notamment dans cinq domaines :

Éducation. Les femmes doivent obtenir de leur père, leur frère, leur mari ou tout autre gardien légal la permission pour suivre une éducation à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Le 11 juillet 2017, le ministère a annoncé l’introduction de l’éducation physique dans les écoles de filles « dans le respect de la loi islamique. » Il n’a pas précisé si les jeunes filles avaient besoin d’une autorisation de leurs gardiens pour suivre une telle éducation. Malgré les réticences de religieux conservateurs, l’Arabie saoudite a encouragé les femmes à s’instruire. Le pays compte plusieurs universités réservées aux femmes.

Emploi. Les restrictions à l’emploi, longtemps soumis au système de tutelle, ont été assouplies ces dernières années alors que l’Arabie saoudite commençait à appliquer des réformes économiques pour la débarrasser de sa dépendance au pétrole. Le plan « Vision 2030 » du prince Mohammed ben Salmane, nommé héritier du trône en juin 2017, vise à faire passer le taux de femmes actives de 22% actuellement à 30% d’ici 2030. Le roi Salmane – son père – a signé des décrets autorisant les femmes à obtenir en ligne les permis pour créer des entreprises. Elles sont désormais aussi autorisées à rejoindre les forces de police.

Voyage, conduite. Les femmes ont toujours besoin de la permission d’un homme de leur famille pour renouveler leur passeport et quitter le pays. Mais le plus grand changement a eu lieu le 24 juin 2018, lorsque les femmes ont pris le volant pour la première fois dans l’histoire du royaume. Bien que la fin de l’interdiction de conduire ait été saluée, un certain nombre de militantes des droits des femmes ont été arrêtées à la même époque et mises derrière les barreaux. Certaines d’entre elles ont longtemps milité pour le droit de conduire.

Statut personnel. Dans le système de tutelle, les femmes de tout âge ne peuvent se marier sans le consentement de leur tuteur masculin. Un homme peut aussi divorcer sans le consentement de sa femme. Dimanche, le ministère saoudien de la Justice a déclaré que les tribunaux étaient tenus d’informer les femmes par texto de leur divorce. Cette mesure semble avoir comme objectif de freiner les cas considérablement répandus d’hommes mettant fin secrètement à leur mariage sans en informer leur conjointe.

Espace public. En janvier 2018, les femmes ont été admises pour la première fois dans certaines sections de stades sportifs. L’Arabie saoudite a également réduit les pouvoirs de sa tristement célèbre police religieuse qui avait veillé pendant des décennies au respect d’un code vestimentaire très strict. Ce code interdisait aux femmes d’avoir des cheveux non couverts ou du vernis à ongles brillant. Certaines femmes de la capitale Ryad et d’autres villes ne portent plus le foulard en public.

LQ/AFP