Le chiffre est impressionnant : 96 % des PDG du Luxembourg interrogés dans une étude du cabinet d’audit KPMG perçoivent la disruption comme une opportunité.
Le cabinet d’audit KPMG a publié en début de semaine une enquête qui, à coup sûr, attirera l’attention des chefs d’entreprise et des décideurs du pays. La 4e édition du «CEO Outlook Survey» a mené l’enquête entre fin janvier et fin février 2018 auprès de 1 300 directeurs généraux de grandes entreprises du monde entier (PayPal, DHL Express SoftBank Group Corp, pour ne citer qu’eux) dans le but de connaître leurs opinions sur les opportunités les plus importantes et les défis les plus «redoutables» à relever pour leurs sociétés. Les thématiques abordées dans l’étude sont vastes. Cela va de la confiance de ces dirigeants dans l’économie à leur appréhension des nouvelles technologies, en passant par la manière dont ils les intègrent dans leurs firmes et surtout leur façon d’adopter la transformation digitale.
Les dirigeants du Grand-Duché sont à la fois «positifs et réalistes» face aux défis posés par la transformation digitale, la cybersécurité et toutes les transformations en cours, d’après un communiqué de KPMG Luxembourg sur le sujet.
Décisions prises à l’instinct
Selon le site du cabinet d’audit consacré aux résultats de cette enquête, il semble que 48% des dirigeants luxembourgeois considèrent la croissance «organique» comme «la plus importante des stratégies» afin d’atteindre des objectifs de croissance. Ce point arrive bien avant les alliances stratégiques avec des personnes tierces (16 %) et les coentreprises (16 %). En comparaison avec les résultats des directeurs généraux du Benelux, «ils donnent plus de priorités à la croissance organique et moins aux alliances stratégiques». Six PDG sur dix «s’accordent à dire qu’ils sont personnellement prêts à diriger l’organisation par une transformation radicale, alors que seule une minorité n’est pas convaincue que l’équipe de direction actuelle est parfaitement équipée pour le faire», affirme Philippe Meyer, l’associé directeur de KPMG Luxembourg, cité dans l’étude.
À l’heure où le règlement général sur la protection des données entre en vigueur, la protection des données est une «priorité» des personnes interrogées et fait partie «intégrante de leur rôle». Pour 72% d’entre eux, il s’agit même d’une de «leurs responsabilités les plus importantes» en tant que patron afin de permettre «à leur organisation de développer sa clientèle» dans le futur. Plus étonnant, les résultats de l’étude pour le Luxembourg ont montré que le directeur général luxembourgeois prend souvent des décisions «à l’instinct plutôt que sur l’analyse des données».
Agir avec souplesse
La disruption, le bouleversement par des stratégies inédites d’un marché sur lequel les positions ont été établies, est perçue par 96% des participants comme une opportunité. 72% d’entre eux pensent qu’ils agissent comme un chien dans un jeu de quilles dans leur secteur. La majorité des dirigeants ne semblent pas d’accord sur les changements et les actions nécessaires face aux défis à relever. 44% reconnaissent que leur défi principal pour «atteindre la croissance» est d’agir avec souplesse. En revanche, 40 % soutiennent qu’ils luttent pour «lier leur stratégie de croissance à un objectif sociétal plus large pour l’organisation».
Selon Pascal Denis, responsable conseil à KPMG Luxembourg, la majorité des dirigeants interrogés au Grand-Duché disent qu’ils ont du mal à «gérer parallèlement» les aspects numériques et non numériques de leur activité. «La technologie ne fonctionnera que pour ceux qui en profiteront pour repenser fondamentalement les modèles d’exploitation existants, les plateformes technologiques, les compétences humaines et la culture d’entreprise», dit-il.
Aude Forestier