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La dernière loi sur le mariage civil peu connue


(Photo Julien Garroy)

Depuis mai 2022, une loi autorise les futurs mariés et pacsés à se dire oui devant le bourgmestre ailleurs qu’à la maison communale. Mais elle demeure méconnue.

Dans la nef d’une église à l’architecture majestueuse, au son d’une marche nuptiale, la mariée vêtue de blanc avance lentement vers l’autel devant lequel l’attend son futur époux, sous les regards émus des familles et amis assis de part et d’autre de l’allée centrale. Cette scène emblématique du mariage occidental, n’appartient pas encore au passé, mais ne rend pas compte du fait que se dire oui devant un prêtre séduit de moins en moins de couples au Luxembourg. Et se contenter de la cérémonie civile, un jour de semaine, dans une des salles de la maison communale de son lieu de résidence, aux horaires d’ouverture des bureaux, pour qu’un bourgmestre procède officiellement à l’union peut sembler certes tout aussi solennel mais nettement moins fastueux.

C’est pourquoi la loi promulguée depuis mai 2022 aurait dû faire des heureux, et à l’approche de son premier anniversaire, les députés déi gréng François Benoy et Jessie Thil ont souhaité obtenir un bilan auprès de la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding. Mais que dit cette nouvelle législation au juste? Désormais, la cérémonie civile n’est plus obligatoirement pratiquée dans la maison communale, mais peut, à la demande des futurs mariés ou pacsés, se dérouler dans un lieu plus prestigieux ou tout au moins plus original, répertorié par la commune.

Cette mesure découle des restrictions sanitaires décrétées lors du Covid-19 : comme les salles de mariage des communes étaient trop exiguës et ne permettaient pas de respecter la distanciation sociale, d’autres lieux ont alors été mis à la disposition des futurs époux. Voulant «offrir aux couples plus de flexibilité pour la célébration de la plus belle journée de leur vie», avaient expliqué les ministres Bofferding et Tanson à l’époque, le gouvernement a donc rendu ces cérémonies délocalisées pérennes. Et cerise sur le gâteau, si les futurs époux ont des affinités avec l’un des représentants du collège échevinal ou du conseil communal, le bourgmestre peut lui déléguer sa fonction et le laisser célébrer le mariage.

Une prestation parfois payante

Jusqu’à présent, selon le ministère de l’Intérieur, 33 communes ont dressé la liste des lieux appartenant au domaine public et «à caractère neutre» sur leur territoire. Centres culturels, salles polyvalentes ou places publiques peuvent recevoir une cérémonie civile, mais il y a plus insolite (lire l’encadré plus bas). Ainsi, les futurs mariés ou pacsés de Saeul pourront célébrer leur union civile dans la chapelle désacralisée de Kapweiler. Pas besoin d’être croyant pour échanger ses vœux devant son autel bâti à la main. L’édifice au charme particulier et à l’extérieur duquel «les vues (sont) fascinantes sur les champs et les forêts rurales», promet la commune, semble un cadre à la fois traditionnel et bucolique pour s’engager.

Tout aussi splendides les décors offerts par les châteaux de Vianden ou de Wiltz. Raconter à ses enfants que l’on a signé son acte de mariage devant la Tour des sorcières ne manquera pas d’alimenter leur imagination et conférera sans doute de la magie à cette union. Pour les résidents les plus romantiques de Grevenmacher, échanger leurs alliances dans le jardin à l’anglaise de la maison seigneuriale d’Osbourg devrait marquer les esprits.

Et s’ils préfèrent faire de cette cérémonie un symbole de leur passion, les habitants de Helperknapp pourront choisir le stand de tir ou le terrain de football de la commune. À noter que même si, «quand on aime, on ne compte pas», certaines prestations seront payantes. À Wiltz, par exemple, «si la cérémonie à l’Hôtel de Ville suivie d’un vin d’honneur (limité à une heure avec un maximum de 30 invités) reste gratuite, des frais sont à prévoir si la célébration du mariage a lieu en dehors de l’Hôtel de Ville» peut-on lire dans son journal communal. Mais les futurs époux pourront décorer la salle ou la place selon leurs goûts, choisir une musique ou prononcer un discours.

Un manque d’information

Si les mariés qui ont préféré se dire oui devant la loi dans la chapelle désacralisée de Kapweiler ou dans le château d’eau de Berdorf ont apprécié l’endroit, nul ne le sait, puisqu’à ce jour, le cas ne s’est pas présenté. Peu de personnes semblent en effet être au courant de cette modernisation des cérémonies civiles ou préfèrent comme à Dudelange encore la salle des mariages. Même Isabelle Denisi-Russo, gérante de l’agence de wedding planner IDeco-LaFée à Belval, pourtant «tout le temps sur les réseaux», n’en a pas entendu parler. Les sites internet des communes indiquent bien quelles démarches administratives accomplir pour se marier ou se pacser, mais la plupart ne font pas mention de ces nouveaux lieux.

Un manque d’informations que tente de résoudre le ministère de l’Intérieur qui travaille actuellement à l’élaboration d’un site internet pour se dire «oui au bon endroit !» (www.sotjo.lu) et qui rassemblera, dès cet automne, tous les lieux de mariage possibles à travers le pays. En attendant, des communes ont fait figurer dans leur journal la liste des lieux et leurs modalités d’occupation ou rédigé une plaquette d’information. Parfois, rien de tel que l’oral, comme à Grevenmacher où lorsqu’un couple vient s’inscrire pour réserver une date de cérémonie, le préposé lui indique l’existence d’autres salles. D’ailleurs, le bouche à oreille commence à porter ses fruits, puisque des cérémonies hors les murs de la commune sont déjà prévues cet été.

«Oui», d’accord, mais où ?

Le lieu le plus proposé par les communes à leurs administrés pour l’organisation des cérémonies civiles, autre que la salle des mariages traditionnelle, est sans conteste le centre culturel de la localité. Pour les amoureux qui font le pari d’une météo clémente le jour J., des communes mettent à disposition le parc ou le jardin de la maison communale – pour les résidents de Weiswampach, par exemple, les jardins communautaires. À Bourscheid, la cérémonie pourra se dérouler dans son château, et suivant les localités, parfois, il s’agira d’une salle d’un château, d’autres fois, comme à Vianden ou Useldange, l’enceinte tout entière sera disponible. D’autres lieux auxquels on ne pense pas de prime abord pour se dire oui devant le bourgmestre sont pourtant désormais accessibles. Les kiosques ou l’ancien château d’eau au CNA de Dudelange, l’Aquatower et l’amphithéâtre Breechkaul de Berdorf, le musée Victor-Hugo de Vianden ou la galerie d’art Konsthaus à Lellingen, la cave de la Zéintscheier à Grevenmacher, mais aussi… le terrain de football de Vianden ou celui de Helperknapp, localité dans laquelle le bourgmestre pourra aussi officier au stand de tir. Dès cet automne, les lieux seront recensés, localité par localité sur www.sotjo.lu.