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La «dernière grande tournée» de Johnny


Des fans attendant les funérailles du chanteur à l'église de la Madeleine. (Photos : AFP)

« C’est comme s’il faisait une dernière grande tournée » : des milliers de fans sont venus saluer une dernière fois Johnny Hallyday, et patientaient dans un froid glacial à Paris, de l’Etoile à la Madeleine, dans une ambiance digne d’un concert.

« J’avais toujours dit que je viendrai le jour ou il mourrait », lance Noël Chemin, 50 ans, en polo à capuche siglé Johnny, près de la Madeleine.

Il est parti à 04H30 de Caen avec sa femme et son fils. « Les motards c’est l’esprit Johnny. C’est comme s’il faisait une dernière grande tournée. C’est l’Elvis français, c’est le King », dit-il.

« Comme dans les concerts de Johnny Hallyday, ici tout le monde se parle », salue-t-il.

Devant l’Eglise, décorée d’un portrait du chanteur en noir et blanc, affublé d’une grande croix qu’il portait souvent en concert, les fans remplissaient déjà l’espace qui leur est réservé, formant une foule compacte débordant sur les rues adjacentes.

Certains sont ultra équipés et ont même apporté des fauteuils pliants, car l’attente sera longue, le cortège ne devant descendre « la plus belle avenue du monde » qu’à la mi-journée.

Dans la rue Royale, qui débouche sur la place de la Madeleine, Lucien Schouver, portant un bonnet siglé Johnny et un blouson en cuir customisé avec des écussons à l’effigie de sa star, campe depuis la veille au soir avec sa femme Nadine, emmitouflée dans un duvet.

Habitants près d’Alençon, en Normandie, ils sont arrivés dès 23H vendredi pour « essayer d’avoir la bonne place ».

L'impressionnant cortège de fans défilant près de l'Arc de Triomphe.

L’impressionnant cortège de fans défilant près de l’Arc de Triomphe.

« Je vais avoir 53 ans et je l’écoute depuis l’âge de 14 ans, c’est le voir en concert qui va nous manquer », confie Lucien. « On le pensait tous invincible. Je n’ai pas mangé depuis deux jours, ça fait une boule, ça ne passe pas », dit-il.

« On était très mal »

Non loin de là, Marie-Paule Keler, 46 ans, est venue de Valenciennes en voiture à 2h30, accompagnée de sa soeur Vanessa Wallemacq et de leur frère Cyril.

Ils ont tout prévu : un thermos de café, un de chocolat chaud, sandwiches et biscuits, bouteilles d’eau. « Mais le gros problème c’est les toilettes », soulignent-ils, un souci qui risque de se poser à de nombreux fans au bout de plusieurs heures d’attente.

Leur mère, fan inconditionnelle du chanteur, est décédée il y a 11 ans. « On est venus rendre hommage à notre maman et à Johnny », souligne Marie-Paule. « Ça nous fait du bien. Quand on a appris la mort de Johnny on était très mal. Voir le monde, ça prouve tout l’amour que Johnny avait pour ses fans. Je pense qu’une idole est partie mais qu’une icône est restée ».

Ça et là, la foule entonne des tubes, notamment « Allumer le feu », « Que je t’aime », « Marie », ou « Laura », d’autres les jouent en boucle sur leur téléphone.

« Pour moi il n’est pas mort »

Des gens se réunissant Place de la Concorde.

De nombreuses personnes sont venus lui rendre un dernier hommage, ce samedi matin, Place de la Concorde.

La Sécurité civile a distribué des couvertures de survie aux reflets métalliques pour aider les personnes présentes à surmonter le froid.

Sur la place de la Concorde, la grande roue est aussi parée d’un portrait du rockeur disparu et affiche le slogan « Johnny au revoir ».

Marie-Christine Bracigliano, 50 ans, tient une rose rouge à la main qu’elle compte lancer au passage du convoi. Elle est venue à 6h avec son mari, Mario, depuis Mitry-Mory, près de Roissy.

« J’ai besoin d’aller jusqu’au bout, de lui dire un dernier adieu. On a besoin de se recueillir une dernière fois », confie Marie-Christine. Ils ont nommé leur fille Laura en hommage au chanteur, et se remémorent désormais « sa simplicité, la pêche qu’il avait sur scène ».

On croise aussi des sosies de Johnny, comme Jean-François Wanesse, 44 ans, alias « Jeff ». « Pour moi il n’est pas mort. Je ne peux pas lui dire au revoir. Je suis là pour le voir. Le mot mort est banni de mon vocabulaire ».