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La défense, un secteur de plus en plus porteur


Un peu plus d’une dizaine de sociétés luxembourgeoises ont participé à la première édition du Luxembourg Defence Technology and Innovation Day à Esch.

La première édition du Luxembourg Defence Technology and Innovation Day a réuni plusieurs dizaines d’entreprises nationales du secteur, désireuses de présenter leurs technologies de pointe.

L’ambiance était studieuse, hier, à la Maison des Arts et des Étudiants à Esch-Belval. Pour la toute première fois, Luxinnovation a accueilli le premier salon dédié aux technologies et innovations en matière de défense. Devant un public composé de professionnels du secteur, plusieurs représentants de l’Armée luxembourgeoise et du ministère des Affaires étrangères et européennes ont présenté les domaines clés en matière de défense nationale et européenne.

Spatial, espace aérien, cyberdéfense, le Luxembourg mise aujourd’hui sur des technologies de pointe en matière de défense. Avec l’augmentation du budget national fixé par l’OTAN de 2 % pour 2030, et la multiplication de conflits dans le monde, la défense du territoire national et européen est devenue un véritable secteur d’avenir. «De plus en plus d’acteurs nationaux veulent s’engager dans ce secteur et cherchent de nouvelles opportunités et projets qui n’étaient pas considérés comme prioritaires il y a quelques années», a souligné le colonel Guy Hoffmann, directeur de l’armement national, pendant son allocution.

Aujourd’hui, une centaine d’acteurs ont décidé d’investir dans le secteur de la défense.

C’est dans ce contexte d’augmentation des activités de défense que Luxinnovation a décidé d’organiser, cette année, ce salon. «Notre objectif principal est de soutenir les acteurs luxembourgeois de ce domaine à intégrer les chaînes de valeurs de défense de l’Union européenne et de l’OTAN. C’est quelque chose de récent, car on a commencé à créer cette communauté nationale en 2020 au Luxembourg», explique Rebecca Damotte, conseillère dans le domaine de la défense et des technologies chez Luxinnovation. Une communauté qui a seulement quatre ans, mais qui compte aujourd’hui une centaine d’acteurs au Luxembourg. Parmi eux, des entreprises, des start-up ou encore des centres de recherche. «C’est quelque chose qui a pris du temps. Ce n’est pas toujours évident de parler de défense à des acteurs civils qui pensent aussi aux conflits éthiques. Mais il faut savoir que ces technologies ont souvent un double intérêt à la fois pour le civil et la défense. L’exemple le plus célèbre est le GPS. Au départ, c’est un outil militaire», soutient Rebecca Damotte.

«C’est un business»

Depuis l’invasion de la Russie en Ukraine, l’industrie de la défense, autrefois mise de côté, prend de plus en plus de poids au sein de l’Union européenne. Et le Luxembourg n’échappe pas à cette tendance. «Les entreprises sont de moins en moins réticentes à investir dans ce domaine. Elles ont évolué et ont compris que ces outils avaient aussi un intérêt dans le civil. Cela reste un business, mais pas toujours le premier pour ces sociétés», explique Rebecca Damotte.

Aujourd’hui, le marché de la défense est en constante évolution

C’est justement le cas d’une société familiale luxembourgeoise qui a décidé de participer à ce salon inédit. Spécialisée depuis vingt ans dans le domaine du laser, elle souhaite aujourd’hui investir dans le secteur de la défense. «On travaille principalement pour l’aéronautique et le spatial. Aujourd’hui, le marché de la défense est en constante évolution. Et je pense que nous avons notre patte à mettre dans ce secteur», confieTiffany Kabeya, responsable communication chez Saturne Technology. Cette entreprise, qui a réalisé en 2024 un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros, a déjà des idées plein la tête pour se développer dans ce secteur. «Nous sommes en train de mettre en place une structure administrative pour mener à bien un projet de défense au niveau national et européen», confie Walter Grzymlas, P.-D. G. de Saturne Technology.

Mais d’autres sociétés présentes lors de ce salon investissent dans ce secteur depuis plusieurs années. C’est le choix qu’a fait Integrasys, une société spécialisée dans les télécommunications satellites et dont l’une des branches est basée au Luxembourg. Pour Clément Lacoste, ingénieur dans cette entreprise, le secteur de la défense est aujourd’hui porteur d’opportunités, notamment au Grand-Duché. «Il y a beaucoup de possibilités de cofinancement par l’État luxembourgeois. Cela aide beaucoup les entreprises nationales. D’ailleurs, c’est principalement pour cette raison que la branche a été créée ici», explique l’ingénieur.

Toutefois, si ce secteur se développe de plus en plus en Europe et au Luxembourg, il peut être sujet à certaines controverses. «Nous savons que la demande de soutien financier vient du fait qu’il y a des conflits dans le monde. Mais les entreprises ne font pas toutes des armes», souligne Clément Lacoste. Dans le stand juste à côté, trois représentants d’une entreprise luxembourgeoise spécialisée dans les équipements de vision nocturne sont du même avis. «Nous avons besoin d’entreprises militaires industrielles en Europe. C’est un business. Alors, oui, le client est militaire. Mais derrière, c’est une entreprise industrielle et de haute technologie tout à fait normale», soutient l’un d’entre eux. «Tout ce que nous développons pour le militaire bénéfice aussi, par exemple, pour les policiers. Ils peuvent utiliser nos équipements au quotidien pour se protéger face à quelqu’un qui souhaiterait s’en prendre à eux», ajoute un autre représentant de cette société.

Avec un objectif de 1,4 milliard d’euros alloué au budget de la défense en 2030, le gouvernement luxembourgeois ne compte pas arrêter les projets de ce secteur. «Beaucoup vont être mis en place, que ce soit dans le cadre des programmes de financement de l’Union européenne ou au sein de l’Agence européenne de défense (AED)», assure Rebecca Damotte de Luxinnovation.

Ces équipements de vision nocturne sont utilisés dans des conflits guerriers en Europe.