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La CSL rejette le travail dominical étendu


La CSL redoute des «désavantages concurrentiels qui se poseront aux petits commerces face aux grandes surfaces commerciales». (Photo : archives lq/julien garroy)

L’intention du gouvernement de permettre aux salariés du commerce de détail de travailler également 8 heures le dimanche «va nuire à leurs conditions de travail et de rémunération», clame la CSL.

L’avis très critique, adopté à l’unanimité par l’assemblée plénière de la Chambre des salariés (CSL), ne constitue pas de surprise. Le camp syndical était, en effet, rapidement monté au créneau pour fustiger le projet de loi visant à modifier la durée du travail dominical. Ce projet permettra aux salariés du commerce de détail de travailler jusqu’à 8 heures le dimanche et non plus quatre. Le ministre du Travail, Georges Mischo, vient donc d’écoper d’un nouveau carton rouge.

En premier lieu, la CSL dénonce le fait que le texte «a été élaboré sans respect du dialogue social et sans respect des salariés concernés, puisqu’il va nuire à leurs conditions de travail et de rémunération». L’argumentation plus détaillée est la suivante : «Les salaires dans ce secteur sont déjà très bas et de nombreux salariés souhaitent passer leur dimanche avec leur famille. Or, le travail dominical nuit à l’équilibre entre les vies privée et professionnelle.»

Il est réclamé que les dispositions liées au travail dominical continuent à être négociées dans le cadre de conventions collectives de travail, «avec les syndicats en garde-fous et avec le souci de préserver l’intérêt des salariés concernés». «Ainsi encadré, le travail dominical n’est ni banalisé par les employeurs, ni subi par les salariés du secteur, mais choisi en connaissance de cause et compensé par des majorations appréciables», est-il ajouté dans l’avis.

L’objectif doit rester de ne pas se limiter à la majoration de salaire (70 %) réservée aux salariés travaillant le dimanche. «Il existait déjà depuis longtemps la possibilité de supprimer la limite de 4 heures par le biais d’une convention collective, et ce, uniquement pour les salariés qui étaient d’accord, et en général contre une majoration de la prime dominicale», développe la CSL, qui redoute que le «dimanche devienne un jour (de travail) comme les autres».

Le projet de loi risquerait en outre d’ouvrir «la voie à une possible libéralisation des heures d’ouverture», sans oublier qu’il «affaiblit (…) considérablement les conventions collectives de travail dans un secteur qui dispose d’un faible taux de couverture (38 % selon les derniers chiffres)».

L’autre crainte est que le gouvernement ne s’arrête pas là : «La prochaine étape consistera probablement à remettre en question la majoration du salaire dominical – et d’autres domaines suivront.»

Le besoin d’une discussion plus large

La CSL met aussi en avant des problèmes d’ordre pratique. Qu’en est-il des possibilités de faire garder les enfants, sachant que «de nombreux salariés du commerce sont des femmes, dont certaines élèvent seules leurs enfants». L’accès aux structures d’accueil ne serait que très difficilement possible le dimanche.

Un autre reproche concerne l’absence d’une analyse sur la disponibilité et les horaires des transports en commun. La question qui est posée : bus, train et tram sont-ils «suffisamment déployés pour permettre aux salariés de ce secteur de rejoindre leur lieu de travail le dimanche»?

La CSL évoque encore des «désavantages concurrentiels qui se poseront aux petits commerces face aux grandes surfaces commerciales». Elle renvoie aussi vers des études sociologiques qui démontraient que «le travail dominical a peu (ou) pas d’utilité sociale (…)».

Selon la CSL, une discussion sur le temps du travail ne doit pas se limiter au travail dominical : «Si le gouvernement compte réellement moderniser le temps de travail, dans le sens d’une meilleure conciliation entre vies professionnelle et familiale des salariés, il faut absolument adopter une approche cohérente et globale.»