Fred Keup est une nouvelle fois venu fustiger la «croissance incontrôlée». Contrairement au gouvernement, l’ADR aurait une vision claire pour un meilleur Luxembourg à l’horizon 2050.
Il rêve d’un Grand-Duché comme il l’était «30 ou 40 ans en arrière», où l’identité nationale aurait été plus forte, la qualité de vie mieux développée, le logement «pour les Luxembourgeois» plus accessible et le système de sécurité sociale plus pérenne.
«Où se trouve-t-on en 2024? On émet des chèques en blanc sur le dos des prochaines générations, on continue à recruter tant et plus de travailleurs étrangers et on se dirige tout droit vers un État qui comptera, à l’horizon 2050, plus d’un million d’habitants. Quel est l’impact de tout cela sur notre qualité de vie et notre identité nationale?», balance Fred Keup.
Le président de la fraction de l’ADR s’est fait un malin plaisir à faire référence, hier, à un discours de congrès de l’ancien député du DP Robert Gitzinger qui avait dressé un scénario semblable.
En 1994, l’élu libéral s’était déjà interrogé sur une croissance démographique continue du Luxembourg, avec toutes les conséquences négatives qu’un tel scénario pourrait avoir. La référence au politicien, décédé en avril 2018, a suscité l’ire de la députée Corinne Cahen, venue reprocher à Fred Keup un discours xénophobe.
«Des dettes, des dettes et encore des dettes»
Ce dernier a cependant persisté et signé en fustigeant la «croissance incontrôlée» comme source de tous les maux que subit le Luxembourg : une hausse de la criminalité, une qualité de vie qui se détériore et une explosion continue des prix du logement, «qui force chaque année des milliers de Luxembourgeois à quitter leur pays pour aller loger de l’autre côté de la frontière».
«Nous allons juger le nouveau gouvernement sur des critères objectifs, pour voir si, dans quatre ou cinq ans, (ces maux) se seront améliorés ou détériorés», annonce Fred Keup. Il ajoute dans sa liste le pouvoir d’achat, l’évolution des prix de l’énergie et le développement de la langue luxembourgeoise.
En attendant, le premier budget de la coalition CSV-DP n’obtient pas le soutien de l’ADR, pourtant souvent sur une même ligne que le parti chrétien-social. Les trois raisons majeures : «Le déficit qui se creuse d’année en année est irresponsable à nos yeux. Les dépenses sont trop importantes et provoquent des dettes, des dettes et encore des dettes. Ensuite, on ne voit pas de véritable objectif inscrit dans ce budget. Cela témoigne d’un manque de courage et d’ambition. Où se trouve le changement promis?», énumère le président de fraction du parti nationaliste.
«Quel Luxembourg voulons-nous dans en 2050? Si l’on continue comme maintenant, il faudra tout doubler. Mais le pire est que la croissance ne profite nullement aux pauvres», conclut-il.
Sven Clement, le chef de file du Parti pirate, a rappelé hier à Gilles Roth ses propos tenus en tant que député d’opposition lors du débat sur le budget 2023. Le désormais ministre des Finances avait alors reproché au gouvernement tricolore (DP, LSAP, déi gréng) de mener «une politique aux promesses vides de sens».
Il avait ajouté : «Nous n’avons jamais eu autant de dettes qu’aujourd’hui. Le risque de pauvreté, et donc le fossé entre riches et pauvres, n’a encore jamais été aussi grand. La pénurie de logements et leurs prix n’ont jamais été aussi importants. Les gens n’ont encore jamais été autant pris dans les embouteillages.»
«Ces constats sont toujours de mise», constate Sven Clement. «Le gouvernement CSV-DP n’entreprend rien pour améliorer cette situation. Il ne mène pas une politique dans l’intérêt de la classe moyenne afin de réduire la pauvreté. Il ne fait rien pour faire baisser les prix du logement. Il ne prend pas de mesures pour réduire les embouteillages. Il ne mène pas une nouvelle politique, mais poursuit celle du trio bleu-rouge-vert, respectivement celle menée par le CSV dans les années 2000», fustige le député.
Le manque d’ambition en matière de santé et de transition énergétique fait partie des autres critiques majeures du Parti pirate.
David Wagner, l’orateur de déi Lénk, a posé un constat hier à la tribune de la Chambre : «J’ai hâte de voir comment ce gouvernement compte tacler la pauvreté. En fait, cela n’est pas si compliqué. Nous avons vu la vitesse avec laquelle ce gouvernement est venu en aide aux entreprises et aux promoteurs immobiliers.»
L’absence de moyens de lutte pour réduire le fossé entre les plus démunis et les plus riches est un des points de critique majeurs du plus petit parti de l’opposition. Dans son viseur aussi, la tendance qu’aurait la nouvelle majorité CSV-DP à miser aveuglément sur le capitalisme en développant une politique pro-patronat.
Autre constat : «Le grand gagnant des législatives n’est pas le CSV, mais le patronat.» La volonté de venir en aide aux 20 % de citoyens en situation de risque de pauvreté serait peu prononcée.
Or, «tout aussi vite que l’on est venu aider les plus riches, on pourrait revaloriser le Revis, augmenter le salaire social minimum ou soulager fiscalement les monoparentaux», lance David Wagner, qui pense que la politique d’austérité redoutée sera annoncée après les élections européennes du 9 juin.
«Après cette échéance, il n’y aura plus de scrutin pendant quatre ans. Ce sera le moment de sortir le grand marteau, ce qui nous inquiète», conclut-il.
@Patrick: Vous oubliez que les étrangers peuvent se payer un niveau de vie plus élevé en France, Belgique et Allemagne qu’un Luxembourgeois au Luxembourg. C’est toujours encore la loi du plus fort, bien que ce n’est plus le marteau qui compte, mais le diplôme. Le marché a été élargie grace à la globalisation. Il existe des vainqueurs et des perdants, mais les perdants sont maintenant forcés à quitter leurs pays d’origine.
Voici bien (en une phrase) les mots-clé qui affirment le discour de l’ADR: les étrangers sont soit-disant source d’insécurité et de danger… Et pourtant, ils font 90% de notre richesse! Et c’est le même député qui déclare que la politique du paradis fiscal luxembourgeois est « raison d’état » et qui serait le premier à râler si on sucrait les retraites pour assainir les finances publiques! Pour rappel: dans les années 90, ce groupuscule s’appelait « Aktiounskommitee fir Demokratie a Rentegerechtegkeet »