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La construction peine toujours à se relever


La dégradation dans la construction est bien plus prononcée au Luxembourg qu’en zone euro. (Photo : archives lq/julien garroy)

L’activité dans le secteur reste en berne, avec une forte baisse du volume construit depuis janvier 2022. Une légère reprise sur le marché immobilier ne produit pas encore de «retombées significatives».

«Les mesures du paquet logement produisent leurs premiers effets. On remonte la pente, surtout au niveau des ventes de logements existants», affirmait le ministre des Finances, Gilles Roth, le 9 octobre, lors du dépôt du projet de budget pour 2025. Il se disait toutefois conscient que «d’autres pistes sont nécessaires» afin de contribuer à une «augmentation supplémentaire des activités dans le secteur de la construction».

Les chiffres publiés lundi par le Statec confirment ce besoin, car dans sa globalité, il n’existerait «guère de signes d’amélioration» dans ce secteur, mal en point depuis près de deux ans. La valeur ajoutée brute (VAB) en volume de la construction reste à la baisse (-7,2 % sur un an). Le bilan est encore pire en remontant plus loin en arrière. «La dégradation dans la construction est bien plus prononcée au Luxembourg qu’en zone euro, avec un recul de la VAB d’environ 16 % depuis le début de 2022, à comparer avec -8 % en Allemagne ou -1 % en zone euro», indique le Statec dans son dernier Conjoncture Flash.

Autorisations de bâtir : -40 % sur un an

Le bâtiment n’est plus la branche qui encaisse les baisses d’activité les plus importantes. Les reculs de la VAB se répartissent de manière plus équilibrée : -8 % sur un an pour le bâtiment, -8 % aussi pour le génie civil et -7 % pour les travaux spécialisés.

Le Grand-Duché n’est pas le seul pays européen à être confronté à un marché de la construction en difficulté, avec une baisse d’activité de 0,8 % sur un an au 1er semestre 2024. «Ceci est pourtant partiellement compensé par une croissance soutenue de la construction en Espagne et surtout en Italie», avance l’Institut national de la statistique.

Tout cela fait que la confiance reste également en berne dans le secteur. «Les opinions relatives à l’état du carnet de commandes sont (…) ancrées sur une tendance baissière. De manière liée, la part des entreprises déplorant une demande insuffisante reste avec 55 % historiquement élevée en septembre», peut-on lire dans la publication du Statec. S’y ajoute un nombre de faillites en assez nette hausse avec, par conséquent, un emploi qui est à la baisse (lire ci-contre).

Nouvel incitatif fiscal de l’État

Pour l’instant, les perspectives pour les mois à venir sont peu claires. D’un côté, l’investissement dans les projets de construction est en recul pour le sixième trimestre d’affilée. De plus, les autorisations de bâtir «chutent fortement» (-40 % sur un an), aussi bien pour le résidentiel que le non-résidentiel.

De l’autre, on enregistre une reprise sur le marché du logement, comme le mentionnait le ministre des Finances début octobre devant la Chambre des députés. «En effet, davantage de crédits hypothécaires sont accordés et la poursuite prévue des baisses des taux d’intérêt devrait favoriser cette reprise», avance le Statec. En parallèle, les ventes de logements ont «commencé à augmenter de nouveau, de même que les prix, témoignant du retour graduel de la demande».

Le bémol est qu’une grande partie des transactions actuelles concerne des logements existants. «Ainsi, au 2e trimestre, les biens neufs (ceux qui sont à même de soutenir l’activité dans la construction) représentaient moins de 15 % des transactions d’appartements, contre 36 % en moyenne historique», chiffre le Statec.

La dernière mesure en date du gouvernement pour inverser la tendance est la réduction de moitié des frais d’enregistrement sur les acquisitions de logements entre le 1er octobre de cette année et le 30 juin 2025. «La mesure doit doper encore davantage le secteur de la construction. Elle s’adresse à la fois aux personnes achetant un logement pour leurs besoins et aux investisseurs», informe le ministre Gilles Roth. 

Une perte de 1 000 emplois depuis le début de l’année

La construction pèse lourdement dans la hausse significative de faillites entre janvier et septembre (+20 % par rapport à 2023). Sur les quelque 840 fermetures forcées, 147 ont concerné des entreprises de construction, soit 28 de plus qu’à la même période de 2023 (+24 %).

La perte estimée de 1 048 emplois (+45 %) constitue environ 44 % du total des pertes totales d’emploi liées aux faillites durant les trois premiers trimestres de 2024.

L’emploi dans la construction reste à la baisse, mais cette dernière est «moins prononcée» sur les derniers mois. «Le domaine du bâtiment affiche toujours les plus fortes baisses d’emploi, mais une partie grandissante des pertes d’emploi relève des travaux spécialisés. La crise semble ainsi avoir atteint de plus en plus de corps de métiers intervenant dans des stades ultérieurs de construction», note le Statec.

Dans les pays voisins du Luxembourg, la baisse de l’emploi dans la construction est limitée à une moyenne de -0,3 % (2e trimestre 2024) contre -1,3 % au Grand-Duché. En zone euro, l’emploi progresse sous l’influence de certains pays du Sud.