Plombé par un climat défavorable et une pénurie de main-d’œuvre, le secteur commercial s’accroche, tandis que le Pacte pro-commerce 2023, présenté mercredi, est censé le rebooster.
Véritable poids lourd de l’économie nationale, le secteur du commerce souffre davantage que les autres branches ces derniers mois, confronté à la crise de l’énergie qui a fait bondir les coûts, aux perturbations sur les chaînes d’approvisionnement, au coût de la masse salariale, et surtout, à un grave déficit de main-d’œuvre qualifiée.
Un contexte tendu qui inquiète les professionnels : selon le baromètre établi par la Chambre de commerce, la confiance des commerçants est en chute libre, 61 % d’entre eux craignant un environnement défavorable en 2023 avec un impact négatif sur leur activité (contre 45 % dans les autres secteurs). En tête des préoccupations, l’emploi, mais aussi la rentabilité désormais, et le peu de marge de manœuvre restant pour l’investissement.
Les mesures contenues dans la nouvelle mouture du Pacte pro-commerce, présentée hier par le ministre des Classes moyennes, Lex Delles, sont donc un coup de pouce bienvenu, salué par les représentants du secteur. Au programme de ce plan annuel financé par l’État, cinq axes censés stimuler le commerce local.
D’abord, le cadastre de commerce, cette base de données qui cartographie l’offre commerciale nationale et en suit les grandes tendances – comme le taux de vacance – sera étoffé : cet outil, issu du plan 2022, répertorie déjà 8 900 points d’intérêt, Horeca et artisans inclus, aux quatre coins du pays, soutenant les commerçants dans leurs choix stratégiques, par exemple le lieu le plus pertinent pour l’ouverture de nouveaux sites.
Une dizaine de communes et d’unions commerciales sont partie prenante, avec à la clé, un service de conseil et de précieux indicateurs sur la politique à mener pour favoriser l’offre dans leur zone géographique. Le grand public peut aussi consulter certaines données sur le site geoportail.lu.
Ce renouvellement du Pacte pro-commerce prévoit également une analyse statistique de l’évolution du secteur au Luxembourg via une plateforme business et plusieurs études, dont un rapport spécifique centré sur l’offre commerciale à l’échelle nationale qui sera présenté au printemps.
Un million d’euros sur la table
À la suite du forum «Le futur du commerce» organisé à Esch-sur-Alzette en novembre dernier, qui avait attiré près de 200 personnes, le ministre a annoncé la tenue d’un nouvel événement entièrement consacré aux professionnels du commerce, qui se déroulera en juillet 2023, dans la capitale cette fois. L’occasion de renforcer encore leur réseau et de profiter du partage d’expérience.
Côté rayonnement, comme en 2022, les résidents de la Grande Région seront à nouveau ciblés cette année lors d’actions de promotion : l’an dernier, une campagne menée notamment sur les réseaux sociaux avait permis de diffuser des messages publicitaires à plus de 100 000 clients potentiels au-delà des frontières. Enfin, le dernier volet du Pacte prévoit de renforcer la sensibilisation des commerçants à la responsabilité sociale des entreprises (RSE), grâce à un nouvel outil pour accompagner les PME vers l’obtention d’un label.
Rien en revanche sur les efforts nécessaires en matière de digitalisation des commerces, alors que les PME du Grand-Duché accusent un certain retard à ce niveau : seulement 9 % d’entre elles proposent la vente de leurs produits en ligne, bien en dessous des 18 % dans les autres pays de l’UE. Notons que d’autres solutions sont déployées via la House of Entrepreneurship ou le programme «SME Packages – Digital» de Luxinnovation.
Au total, le gouvernement a prévu de débloquer un million d’euros cette année (900 000 euros en 2022) pour financer les actions du Pacte pro-commerce, du Pacte pro-artisanat et le développement de la plateforme Creative industries cluster. Une bonne nouvelle pour Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, qui voit là «des initiatives pertinentes en faveur du développement du commerce de détail au Luxembourg (…) pour mieux gérer les défis actuels et les affronter dans un environnement en mutation rapide».