À force de régler leurs comptes sur la place publique, le bureau de la Chambre des députés a décidé de passer en revue les dépenses des pirates. Et, à l’avenir, celles de tous les groupes politiques.
Voilà, c’est fait. Le bureau de la Chambre des députés demande à la sensibilité politique Piraten de fournir copie de l’ensemble des documents financiers depuis 2018 jusqu’à aujourd’hui. Cette décision va dans le sens de la demande du député pirate Marc Goergen, qui s’est empressé de poster sur les réseaux sociaux une lettre réclamant cette vérification des comptes qu’il a adressée au bureau.
«C’est de la moutarde après dîner, sa lettre a été envoyée alors que le point à l’ordre du jour de la réunion du bureau était déjà connu des députés. J’ai moi-même suggéré vendredi dernier, oralement, au secrétaire général de passer les comptes en revue», déclare à son tour Sven Clement, joint par Le Quotidien.
La guerre entre les deux députés pirates restants se poursuit sur la place publique depuis le départ de Ben Polidori. Ce dernier avait annoncé quitter la sensibilité politique pour siéger en tant qu’indépendant. La mésentente entre Marc Goergen, coordinateur du parti, et Sven Clement, qui a débuté il y a dix ans déjà, s’est amplifiée ces dernières semaines, les deux élus allant jusqu’à s’accuser mutuellement de profiter pour des usages privés des crédits de fonctionnement mis à leur disposition par la Chambre.
Les documents seront transmis à la Cour des comptes, qui établira leur conformité ainsi que la véracité desdites allégations, informe la Chambre des députés. Ce n’est pas tout, le bureau a également décidé de charger cette même institution d’un contrôle annuel des comptes de tous les groupes et sensibilités politiques. La transparence, tant prônée par les pirates, va enfin se concrétiser.
«Ce rapport contient des erreurs factuelles»
C’est déjà fait pour les pirates. «Ben Polidori et moi avons mis en place une comptabilité analytique depuis janvier dernier», souligne Sven Clement. Il avait eu connaissance en juillet de l’année dernière de certaines transactions effectuées par Marc Goergen avec sa carte de crédit de député qui n’entraient pas dans les clous, selon lui. «Nous étions dans une année électorale, ce n’était pas le moment de faire du bruit autour de cette affaire», admet-il.
De son côté, le Parti pirate a demandé mardi à pouvoir consulter le rapport d’audit de l’Inspection générale des finances (IGF) concernant le projet MALT (Mobile Assisted Language Tool), mis au point par la société appartenant à Sven Clement et Jerry Weyer, cofondateurs du parti, pour le compte de l’Office national de l’accueil (ONA).
«Étant donné que les informations du rapport ont fait l’objet d’une fuite à certains organismes de presse, notre parti se voit actuellement confronté à des allégations et des reproches dont nous n’avons pas eu l’occasion de prendre connaissance nous-mêmes», écrit le parti à l’adresse de l’IGF dans un courrier signé par Marc Goergen et le trésorier Gilles Mertz, soutenu par Sven Clement. En attendant, l’ONA réclame à la société le remboursement de 93 000 euros.
«Ce rapport contient des erreurs factuelles», déclare Sven Clement. Il estime ne rien avoir commis d’illégal dans cette affaire, mais reconnaît que, d’un point de vue «moral », il aurait dû «tout stopper». L’IGF, selon lui, n’a pas vu les pièces témoignant de la bonne conduite des opérations entourant ce projet de traduction pour les réfugiés, alors que l’ONA n’a pas fourni aux auditeurs l’ensemble des documents tendant à prouver la bonne foi de la société de Sven Clement. «Nous étions dans une procédure ouverte et l’IGF pense qu’on était dans une procédure négociée. C’est faux», argumente Sven Clement.
Mariage forcé
Les comptes sont une chose, mais l’avenir et la survie du Parti pirate en sont une autre. «Ceux qu’on croit déjà morts vivent plus longtemps qu’on ne le pense», dit-il, plutôt serein. Il reconnaît la nécessité urgente de «résoudre les problèmes» et la situation que vit actuellement le parti n’est que le résultat d’un cumul de conflits non résolus. «C’est bizarre qu’on me reproche un comportement dirigiste, car je n’ai pas de poste au sein du parti», observe-t-il. La guerre est pourtant bien déclarée pour le leadership du Parti pirate.
Les deux députés pirates sont condamnés à siéger ensemble au sein de la sensibilité. «D’un point de vue statutaire, les membres des pirates sont obligés de former un groupe parlementaire ensemble. Il n’y a pas de discussion sur ce point», affirme Sven Clement. Ce dernier n’est pas près d’abandonner le Parti pirate. «J’y tiens et on fêtera nos 15 ans d’existence le 9 octobre.» Marc Goergen, aussi, tient à ce parti. «Financièrement, il en a besoin», lâche Sven Clement.
La fête d’anniversaire risque d’être explosive.
On saura donc si Sven paie des escorts ou Marc son coiffeur avec l argent des pirates…ou pas….lol