La célèbre primatologue Jane Goodall, figure emblématique de la cause environnementale et défenseure des chimpanzés, est morte à l’âge de 91 ans, a annoncé mercredi son institut.
La chercheuse britannique « est décédée de causes naturelles » alors qu’elle se trouvait en Californie dans le cadre d’une tournée de conférences aux États-Unis, a précisé l’institut Jane Goodall dans un communiqué sur les réseaux sociaux. Cette infatigable scientifique a consacré sa vie à l’étude des grands singes et à la défense de l’environnement, révolutionnant la compréhension par l’homme de sa place dans la nature.
A plus de 90 ans, elle continuait de parcourir le globe accompagnée d’un singe en peluche pour sensibiliser le public aux atteintes contre la biodiversité et à les exhorter à agir contre le changement climatique. « Réalisez que vous pouvez faire la différence chaque jour », insistait-elle auprès de l’AFP l’an passé. « Chacun a un rôle à jouer. »
Elle qui avait été nommée Messager de la paix par les Nations unies en 2002, « a oeuvré sans relâche pour notre planète et tous ses habitants », a salué l’ONU mercredi sur le réseau social X.
Proches cousins
« Jane Goodall avait su partager avec tous, notamment les plus jeunes, le fruit de ses recherches et faire changer notre regard sur les grands singes », a abondé Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco dans un communiqué transmis à l’AFP. Pointant les « salutations chimpanzé » que la chercheuse aimait à faire pour accueillir son public, c’est-à-dire ses célèbres imitations de cri de chimpanzés, elle a assuré qu’ils retentiraient « longtemps encore ».
C’est pour son étude de ces grands singes, parmi les plus proches cousins de l’Homme, que Jane Goodall s’est fait connaître. Dans les années 1960, la Britannique qui n’avait alors qu’une vingtaine d’années, commence à les étudier dans la réserve de Gombe en Tanzanie. Elle révèle alors que les chimpanzés savent eux aussi fabriquer des outils et les manier, ce qu’on pensait alors n’être l’apanage que des humains, et documente leurs relations complexes.
Autant de découvertes qui chamboulent la compréhension des comportements des animaux et redéfinissent la frontière entre l’homme et les autres espèces.
« Elle a fait plus que quiconque pour nous faire comprendre la richesse de la vie animale: leur intelligence, leurs compétences, leurs personnalités uniques, leur utilisation d’outils, leur empathie, leur souffrance lorsqu’un des leurs est tué », a souligné mercredi sur Instagram l’actrice américaine Jane Fonda, également très engagée dans la défense de l’environnement, saluant une femme « courageuse » ayant « marqué l’Histoire ».
Jane Goodall, qui était autodidacte, ne cachait par ailleurs pas son amour pour ses sujets d’études, auxquels elle donnait des noms plutôt que des sigles ou des numéros et a imposé son style dans un domaine largement dominé par les hommes, ouvrant la voie à d’autres femmes.
Grande figure de la science du 20e siècle, maintes fois distinguée, Jane Goodall devient dès les années 70 une activiste pour la nature et créé en 1977 son Institut pour gérer en Afrique des centres d’accueil de chimpanzés issus du braconnage, puis des programmes destinés à améliorer les conditions de vie des primates captifs et à sensibiliser des jeunes.
Les fabricants Lego et Mattel ont créé ces dernières années des figures à son effigie, aux cheveux soigneusement attachés et à l’ensemble kaki… bien entendu accompagnées d’un chimpanzé.