Alors que le marché intérieur se tasse, la Brasserie nationale continue de progresser grâce à de bons chiffres en France et en Belgique.
Dans un contexte international difficile (baisse de plus de 2% de la consommation en Chine qui représente 25% du marché mondial), le marché européen de la bière ne se porte finalement pas si mal. L’association des brasseurs européens (The Brewers of Europe, qui regroupe 28 pays européens et la Turquie) a annoncé que l’an passé, pour la première fois depuis 2008, les ventes ont dépassé 400 millions d’hectolitres.
La Brasserie nationale, principal acteur du Grand-Duché qui élabore la Bofferding et la Battin, est parvenue à maintenir une bonne cadence dans un marché national qui s’essouffle malgré la croissance de la population. «La principale cause de cette situation n’est pas récente, il s’agit de la baisse de fréquentation de l’Horeca et des changements d’habitudes des consommateurs, souligne Frédéric de Radiguès, le directeur général du groupe. Le pays compte de moins en moins de cafés – où l’on boit davantage de bière – et de plus en plus de restaurants – où l’on boit davantage de vin.»
Voilà qui explique la communication soutenue de la brasserie (notamment sur les réseaux sociaux) pour valoriser ses produits en association avec la gastronomie. «Une Battin blanche avec un cabillaud ou une Battin extra sur une gigue de chevreuil, cela fonctionne très bien aussi !», sourit-il. Il s’agit en tout cas d’un axe de développement assumé, surtout pour les différentes déclinaisons de Battin.
L’Allemagne, marché à éviter
Mais là où la Brasserie nationale fait des prouesses, c’est à l’étranger. L’an dernier, elle a gagné 58 points de vente et a repoussé sa zone d’influence en Alsace. En une quinzaine d’années, elle a vu multiplier ses exportations par trois pour atteindre en 2017 près de 35 000 hectolitres. Sa stratégie d’implantation dans la Grande Région (Belgique sauf Flandres et Grand Est en France) est donc un succès. «Sur ces territoires, Bofferding est notre grand leader et représente 85% des ventes, explique Frédéric de Radiguès. Mais Battin commence également à bien s’implanter en France et en Belgique depuis deux ans. Dans ces pays, les bières spéciales fonctionnent très bien et nous pensons que nos Battin ont un beau rôle à jouer.»
Pas question, toutefois, d’essayer de pénétrer l’Allemagne saturée de bières à bas prix. «Le marché ne s’est pas encore consolidé et le pays compte beaucoup de brasseries, ce qui crée une concurrence énorme et des prix absolument déplorables. Les brasseurs allemands ne gagnent de l’argent qu’avec l’immobilier, plus avec la bière : nous n’avons aucun intérêt à y aller!» Quant aux marchés lointains, la Brasserie y goûte avec parcimonie. Elle est présente en Chine, en Colombie, à Panama, en Irlande ou encore en Islande… mais avec des volumes très mesurés. «Ça vaut la peine de semer au cas où l’un ou l’autre marché démarre», espère le directeur général.
Erwan Nonet
La Bofferding loin devant
En 2017, la Brasserie nationale a produit 150 000 hectolitres de bières, loin devant son principal concurrent Diekirch (110 000 hectolitres, 40 000 de moins en 10 ans). Bofferding représente 42% de la production nationale (stable depuis 10 ans) et Battin frôle désormais les 20% (+10% en 10 ans). La Wiltzoise Simon, troisième producteur du pays, maintient sa part de marché autour de 8% (15 000 hectolitres).
Derrière, le Grand-Duché voit apparaître de nouvelles microbrasseries par dizaines. Un phénomène vu d’un bon œil par le leader du marché : «Ces petites brasseries élaborent le plus souvent des bières de dégustation très intéressantes et leurs efforts renforcent l’intérêt des consommateurs pour la bière en général.»