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La boucherie Kaiffer perpétue des valeurs familiales et traditionnelles


Anne Kaiffer est à la tête de la boucherie familiale depuis 2014. (Photos : didier sylvestre)

Véritable commerce historique de la capitale, la boucherie Kaiffer reste familiale depuis plus d’un siècle. Rencontre avec Anne Kaiffer, la gérante actuelle.

Mercredi matin. Grand-Rue à Luxembourg. C’est une matinée bien agitée qui se déroule derrière la devanture rouge orangée de la boucherie Kaiffer. Quelques minutes avant que la cloche sonne 10 h, les employés s’activent derrière le comptoir. Ils placent les derniers produits et les étiquettes de prix sur l’étalage. Dernière ligne droite avant que les premiers clients poussent les portes en verre du commerce pour venir se réapprovisionner en produits carnés.

«Habituellement, on commence à 8 h… Mais aujourd’hui on a dû ouvrir plus tard, on a eu un problème de comptoir!», s’exclame Anne Kaiffer. Elle est la gérante de la boucherie, qui porte d’ailleurs son nom. Et ce n’est pas un hasard. Elle est l’arrière-petite-fille du fondateur de la boutique. Son arrière-grand-père a été le premier de la famille Kaiffer à devenir boucher. «Il travaillait à la boucherie locale Schmitt de Wormeldange, à la Moselle, et il a épousé la fille.» C’est comme ça que la boucherie Kaiffer voit le jour en 1910.

Mais ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que l’établissement s’installe dans la capitale. «Mon grand-père est resté à la Moselle et son frère, mon grand-oncle, est venu en ville pour ouvrir la boucherie ici. Et comme mes grands-parents sont morts très tôt, mon père est venu habiter avec son oncle ici», narre Anne. Son père reprend le commerce à la fin des années 70.

La boucherie Kaiffer est dans le paysage de la capitale depuis plus d’un siècle, en plein cœur de la Grand-Rue.

Première femme maître bouchère

Anne a su assez jeune qu’elle voulait devenir bouchère. Elle comptait faire un apprentissage. Mais ses plans sont vite tombés à l’eau… «Mon père n’a pas voulu, il m’a demandé de passer mon bac et de m’inscrire à des études.» Alors, avant de suivre les traces de sa famille, Anne a fait des études en journalisme, puis a travaillé chez RTL.

Mais un jour, forte d’un caractère bien trempé, elle décide de poser un ultimatum à son père : «Soit je viens travailler avec toi, soit j’ouvre un restaurant.» L’idée de tenir un restaurant ne lui paraissait pas si absurde. «Je me suis dit que, tant qu’à faire, je n’avais qu’à essayer!» Elle s’inscrit alors au brevet de maîtrise et le passe en 2013, à la suite de trois années de formation.

«J’ai été la première femme à passer les examens pratiques et théoriques pour devenir maître bouchère», explique Anne. D’autres femmes avaient déjà reçu leur brevet, mais par assimilation familiale, parce qu’elles travaillaient dans l’entreprise de leurs parents ou de leur mari. «Depuis, je pense que d’autres les ont passés aussi!»

Son père lui a finalement transmis le flambeau en 2014. «Ça fera dix ans au mois de septembre que j’ai repris!» Ce qui n’empêche pas son père de continuer à venir à la boucherie tous les jours. «Il a eu beaucoup de mal avec le concept de retraite», rigole Anne. Une situation qui a malgré tout ses petits avantages : «Maintenant, on lui fait faire tous les trucs qu’on est obligé de faire, qui nous font perdre du temps et avec lesquels on ne gagne pas d’argent. En gros, c’est notre homme à tout faire!»

Ses équipiers perpétuent les traditions instaurées par sa famille depuis la création de la boucherie.

Une boucherie traditionnelle

Depuis qu’elle est à la tête de l’entreprise familiale, Anne perpétue les valeurs portées par la boucherie depuis sa création il y a plus d’un siècle. Artisanat, local et saisonnalité en sont les maîtres mots. «J’essaie de prendre au Luxembourg, mais je n’arrive pas toujours à avoir la quantité que je veux.» Dans ces cas-là, elle se tourne vers des produits français «de qualité». Pareil pour les poulets. Côté traiteur, la boucherie ne cuisine que des plats avec des légumes de saison.

S’imposer ces «règles» est important selon Anne : «En tant que boucherie artisanale, c’est le seul moyen pour survivre face à l’industrie.» Une industrie devenue «trop forte» parce que sa qualité augmente et que ses prix baissent. «La concurrence est trop grande, puisque le client arrive à trouver un produit de qualité en grande surface», se désole la gérante.

Pour garder la boucherie à flot, le mot d’ordre, c’est la «fidélisation du client». Un bon accueil et un bon service font la différence. Anne peut compter sur son équipe d’une vingtaine de personnes pour relever ce défi. «Le fait de fidéliser les clients dans le temps et notre réputation font que de nouveaux clients viennent.»

La boucherie continuera-t-elle à rester familiale? «Je ne pense pas que ma fille sera d’accord… Après, on ne sait jamais. Elle a le même caractère que moi, elle est aussi têtue que moi, donc il y a moyen !»

Un commentaire

  1. j’y suis déjà allée enfant, depuis 1975, avec grand-mère et mère, super souvenirs d’enfance, mir kruten 1 Rëndelchen, super qualité, servie avec le sourire! mes respects et courage à MME Kaiffer, dans une Vdl moribonde pour bons vieux commerces…où on se fait presque écraser par 1 tram ou vélo venu dans tous les sens…

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