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La BD à Contern : «Plus qu’un festival»


En 30 ans, le festival est devenu une référence au-delà des frontières luxembourgeoises.

Ces samedi et dimanche 20 et 21 juillet, le traditionnel festival de bande dessinée de Contern tient sa 30e édition, plus que jamais dans la fleur de l’âge, selon son président, Jean-Claude Muller.

Depuis cinq ans, Jean-Claude Muller est le président du comité d’organisation du Festival international de la bande dessinée à Contern, dont il était le secrétaire général et un simple membre depuis 2005.

Fort de son expérience, il revient sur les 30 ans d’un festival qui continue de séduire les visiteurs avec sa recette maison et qui aura permis de légitimer la bande dessinée dans le paysage artistique du Grand-Duché.

À l’occasion des 30 ans, y aura-t-il plus d’activités ou d’exposants?

Jean-Claude Muller : Nous allons fêter notre anniversaire le dimanche avec une parade dans le style américain où l’on retrouvera beaucoup de personnages de BD dans les rues de Contern. Au début du défilé, il y aura aussi les 30 affiches de chaque édition du festival. Et puis, il y aura également des voitures historiques de BD et, en dernier, un char avec notre mascotte Bédéric. Et il y aura, comme chaque année, les animations dans les rues également.

Par contre, étant donné que notre place est quand même assez limitée, on ne peut pas prendre plus d’exposants, même si l’on a plus de demandes. Nous avons déjà une centaine de revendeurs dans les rues et nous avons également une cinquantaine d’auteurs. Nous ne pouvons faire plus là-dessus.

Comment expliquer la longévité du festival?

Notre festival repose sur quatre piliers. Le premier est les auteurs, puis les revendeurs et, en troisième et quatrième, l’animation de la rue et les associations locales qui font la restauration. C’est la clé de notre succès.

Jean-Claude Muller, le président du comité d’organisation. Photo : fabrizio pizzolante

 

Qui sont les visiteurs du festival et pourquoi viennent-ils?

Nous avons des collectionneurs de vieux albums tout comme des collectionneurs de dédicaces. Nous avons de tout parmi nos visiteurs. D’ailleurs, il y a deux ans, nous avons fait un recensement parmi nos entrées afin de savoir d’où viennent nos visiteurs. Bien sûr, un peu plus de la moitié est du Luxembourg, et puis, parmi le reste, la moitié à peu près provient de Belgique et le reste de France et des autres pays européens autour du Luxembourg.

Nous sommes devenus connus et réputés. Cela explique pourquoi nous avons toujours un grand nombre de visiteurs internationaux. Ils viennent chez nous parce que, bien sûr, nous sommes un festival de BD, mais tous les visiteurs nous disent aussi : “Vous êtes un peu plus que cela”. On peut y trouver des trésors, mais c’est aussi un moment en famille et certains disent qu’il ne faut pas spécialement être fan de BD afin de venir à Contern. C’est vraiment un atout que d’autres festivals n’ont pas.

C’est le cas pour le festival d’Angoulême en France qui, bien sûr, est emblématique, mais qui est différent. Même les auteurs nous disent : “Oui, le festival d’Angoulême est peut-être plus emblématique, mais nous préférons quand même chez vous, parce que c’est plus convivial que des grands festivals où l’on n’est pas accueilli comme un membre de la famille”. Nous avons un côté fun qui est moins présent à Angoulême, surtout avec le côté familial et animations de rue.

Un côté fun moins présent à Angoulême

Y a-t-il une culture de la BD au Luxembourg, comme en Belgique ou en France ?

Oui, une grande partie des Luxembourgeois en sont fans et je pense que le festival a joué son rôle dans ce fait. Ces trente dernières années, nous avons fait de la BD un neuvième art établi. Auparavant, il fallait toujours un peu répéter ce qu’est la bande dessinée. Maintenant, les gens respectent la BD et la reconnaissent comme un art.

Au début, c’était vu comme des dessins avec un peu de texte pour les enfants. Ce n’était pas quelque chose de sérieux. Et maintenant, grâce à Contern, je pense que les auteurs Luxembourgeois ont connu un certain succès et qu’il y a plus d’auteurs luxembourgeois que jamais.

Vous avez un président d’honneur spécial cette année ?

Oui, c’est Yoann, le dessinateur de Spirou. C’est une personne bien ancrée et bien connue dans le monde de la BD. Nous sommes très contents et très fiers de l’avoir ici chez nous. C’était un choix particulier pour les 30 ans, car c’est quelqu’un d’emblématique.

D’un côté, Spirou, c’est un des classiques de la scène franco-belge, mais on voit également de nouvelles figures de Spirou qui apparaissent aujourd’hui. Il continue d’être présent auprès des jeunes.

Grâce à ses animations dans les rues, le festival attire un public familial. Photo : archives lq/tania feller

 

Comment expliquez-vous le succès des bandes dessinées, notamment auprès des jeunes ?

Je pense que c’est parce que c’est quelque chose qui les attire plus qu’un livre classique, car c’est plus gai à lire. Et maintenant, avec tous les médias où tout est directement en images, ils sont plus familiarisés avec l’image et le texte ensemble plutôt qu’avec le texte pur et dur.

Et les bandes dessinées ont également trouvé leur entrée dans les manuels scolaires, donc à l’école, ils sont en contact avec ces styles de bande dessinée. C’est comme pour les mangas, les jeunes aiment cela parce que c’est différent.

Quels sont les genres les plus appréciés au festival ?

C’est vraiment très varié et c’est pour cela que nous proposons un programme très mixte. Je me souviens, par exemple, de l’année dernière où nous avions Thierry Capezzone, l’auteur de Petzi. De nombreux Luxembourgeois nés après la Seconde Guerre mondiale, qui ont tous connu Petzi, sont venus au festival.

Il y avait même des personnes âgées de 70 ans qui sont venues en disant : “C’est ma jeunesse, je me souviens que ma mère me le lisait”. L’intérêt, c’est de toucher le vécu et avoir un public mixte. Nous avons les comics américains, les BD classiques franco-belges et nous avons aussi quatre mangakas, ce qui démontre la vastitude des styles.

Nous avons fait de la BD un art établi

Avec cet anniversaire des 30 ans, peut-on dire que le festival n’a jamais été aussi varié et aussi fort ?

Je pense que oui. C’est vraiment très diversifié et, d’un point de vue de la langue au Luxembourg, nous sommes sur la charnière linguistique germano-francophone, avec le luxembourgeois au milieu. Nous avons des BD dans les trois langues, ce qui est quelque chose que l’on ne retrouve pas ailleurs.

En tant que fan de BD, on n’a pas d’autre choix que de venir. Et même si on n’est pas fan, c’est une grande fête familiale et je pense que Contern vaut le détour au moins une fois, car c’est plus qu’un festival.

Demain et dimanche de 10 h à 19 h. Entrée : 5 euros par jour pour les adultes. Gratuit pour les moins de 12 ans.

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