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La banque privée se porte bien au Luxembourg


Pierre Étienne (au c.), président du Private Banking Group Luxembourg, a présenté les résultats de l'enquête ABBL-CSSF 2019 sur le secteur de la banque privée sur la place luxembourgeoise, mardi. (photo pbgl)

Le secteur de la banque privée luxembourgeois est en croissance sur les dix dernières années, mais peste contre le coût de la réglementation.

À la vue des résultats de l’enquête ABBL-CSSF 2019, le secteur de la banque privée au Luxembourg se porte relativement bien. En 10 ans, ce dernier a vu une augmentation des actifs sous gestion de 76% depuis 2008, soit un accroissement de 225 milliards d’euros à 395 milliards d’euros. «Nous nous devons d’avoir de l’ambition en termes d’objectif sans pour autant définir un montant d’actifs à atteindre. Disons que nous serons contents avec une croissance de 10% par an», a souligné mardi Pierre Étienne, président du Private Banking Group Luxembourg, l’association représentant le secteur de la banque privée, secteur qui employait 6 676 personnes en 2018.

Malgré cette bonne croissance, le secteur de la banque privée, tout comme celui de la banque de détail, s’exaspère des coûts réglementaires et de la politique monétaire de la BCE. «La détérioration sensible de la rentabilité et des capacités d’investissement des banques privées au cours des dernières années a été aggravée par la conjoncture économique actuellement faible et des taux extrêmement bas, auxquels s’ajoute le coût de la réglementation européenne. D’autant que le tsunami réglementaire n’est pas encore passé : il reste encore une dizaine de réglementations européennes à venir qui vont nous demander une grande attention», a expliqué Pierre Étienne. Ce dernier a encore insisté sur ce poids réglementaire qui, au final, pèse sur les marges des banques privées, en soulignant une forme d’injustice au Luxembourg.

Le Brexit, une opportunité

«La réglementation s’est fortement accélérée après la crise de 2008 qui n’a que très peu touchée la Place luxembourgeoise en raison de ses structure et typologie financières. Il y a eu des accidents en Europe et dans le monde, c’est indéniable. Les régulateurs ont dès lors établi toute une série de réglementations qui se sont indistinctement appliquées sur les différentes places financières. Je ne suis pas persuadé que la valeur ajoutée de la réglementation soit aussi grande pour la Place luxembourgeoise que pour les autres places financières. Par contre, nous subissons les mêmes coûts», a précisé Pierre Étienne.

Ce secteur se trouve également face à des défis majeurs allant de la digitalisation aux opportunités créées par le Brexit. «La digitalisation et les fintech ne doivent pas être vues comme des obstacles, mais plutôt comme des facilitateurs pour le banquier privé, qui reste et restera un métier où la relation client et humain sera liée», a expliqué le président du Private Banking Group Luxembourg.

Concernant le Brexit, le secteur de la banque privée luxembourgeois doit pouvoir tirer son épingle du jeu même «dans l’état actuel des choses, une analyse de la situation peut être très vite balayée par une décision britannique dans l’heure», a expliqué François Dacquin, vice-président du Private Banking Group Luxembourg. «Pour le moment, nous n’avons pas vu, comme c’est le cas pour le secteur des assurances, l’arrivée de plusieurs banques privées britanniques au Grand-Duché. Par contre, nous commençons à constater l’augmentation d’activité sur la Place de banques privées présentes à Londres et à Luxembourg, comme c’est le cas chez JP Morgan et Citibank», a conclu Pierre Étienne.

Pour le secteur de la banque privée luxembourgeois, le Brexit pourrait revêtir un grand nombre d’opportunités faisant du Luxembourg, contrairement à Londres et à la Suisse, un point d’attache européen idéal pour les banques privées de la City voulant garder un accès au marché unique européen. Mais d’autres places financières européennes lorgnent les mêmes opportunités, comme Francfort, Paris, Bruxelles ou encore Monaco.

Jeremy Zabatta

Qu’est-ce qu’une banque privée?

À la différence des banques de monsieur et madame Tout-le-Monde, les banques privées font, pour schématiser, de la gestion de fortune notamment de particuliers ou d’entités, groupements ou encore de familles ayant un patrimoine net important.

Autrement dit, les banques privées gèrent la fortune de ce que l’on appelle dans le jargon financier les «HNWI», pour «High Net-Worth Individuals» (personnes de haute valeur en français) et les «ultra-HNWI». On considère généralement qu’un «HNWI» possède 1 million de dollars hors résidence principale et biens de consommation. On parle d’ultra-HNWI pour les personnes possédant plus de 30 millions de dollars d’actifs.