Dans le viseur de la Banque centrale européenne et de la Commission de surveillance du secteur financier, la banque Havilland, dont le siège social se trouve au Kirchberg, était menacée de perdre sa licence d’exploitation. La sentence est désormais officielle.
Au cœur de plusieurs scandales financiers ces dernières années, la banque Havilland, basée à Luxembourg mais possédant des filiales à Monaco, au Liechtenstein et en Suisse, était dans la tourmente depuis le début de la semaine. D’après des informations de la presse spécialisée, elle était sur le point de se voir retirer sa licence d’exploitation par la Banque centrale européenne (BCE).
L’annonce officielle est finalement tombée ce vendredi 2 août dans un communiqué de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), qui ajoute que la banque « a le droit de former un recours contre la décision de la BCE ». La CSSF a également déposé une requête en sursis de paiement devant le Tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
Sur son site internet, Havilland a annoncé qu’elle contesterait cette décision, mais qu’elle «mais ne s’opposera pas à l’application du régime de suspension des paiements qui vise à protéger les intérêts de toutes les parties concernées et à assurer un processus structuré à l’avenir.» La banque rappelle aussi que le choix de la BCE «n’est pas basé sur des questions de solvabilité ou de liquidité» et que l’établissement reste «financièrement stable et solide.»
«Gérer ce processus avec équité»
Cette situation jette un doute sur l’avenir des 132 salariés de l’entreprise dont le sort inquiète l’Aleba, principal syndicat du secteur bancaire. «Il est inconcevable que, encore une fois, des salariés doivent subir les conséquences de l’irresponsabilité présumée de certains au regard du non-respect des obligations imposées par le régulateur», avait réagi son président, Roberto Mendolia, en début de semaine.
Ce vendredi, après l’annonce officielle, le président du syndicat ne s’est pas montré étonné. «On s’y attendait au vu des discussions déjà en cours entre la délégation et la direction. Mais il est encore trop tôt pour savoir concrètement ce qu’il va se passer», explique-t-il.
«La Banque a signé avec la délégation du personnel un accord d’entreprise pour faire face aux éventuelles conséquences sociales qui pourraient résulter de la décision de la BCE, affirme de son côté Havilland. Notre objectif est de gérer ce processus avec équité et considération pour tous les employés concernés.»
Pour l’heure, plusieurs scénarios se dessinent : si la banque n’est pas encore en liquidation, elle ne pourra toutefois plus exercer au Luxembourg, si l’appel est rejeté par la BCE. Elle vivra donc sur ses liquidités, «ce qui ne durera qu’un certain temps», appuie Roberto Mendolia.
Une fois ces liquidités amoindries, ce sera donc la faillite, sauf si un repreneur se fait connaître. Une alternative fortement plébiscitée par l’Aleba. «Nous encourageons vivement à trouver un repreneur. Notre priorité est de sauver les emplois, c’est ça qui nous inquiète le plus. On ne pourra certainement pas en sauver 132, mais nous devons faire notre maximum».
Un exemple de plus où l’on voit que l’UE ne sait que réguler mais surtout pas créer (ou du moins faire en sorte pour que les plus inventifs puissent créer (loin de moi la pensée qu’un fonctionnaire ait jamais pu créer quoi que ce soit).