Depuis un an, Rose Simba épate la galerie avec son food truck de cuisine africaine, Kwanza. Elle veut ouvrir un vrai restaurant et fait appel aux donateurs.
Fondant de chèvre, poulet Bamako, crocodile sauté, mafé végétarien… il suffit de goûter à la cuisine de Rose pour avoir envie d’y retourner! Répondant à la demande de nombreux clients, elle vient de lancer une campagne de financement participatif sur Kickstarter pour avoir les 26 000 euros qui lui permettront d’ouvrir son restaurant, à l’OA6 de Feulen.
D’Oberpallen à Gasperich, en passant par Esch-sur-Alzette, Münsbach ou Beckerich, Rose Simba a sillonné le pays à bord de son food truck pour faire profiter le plus grand nombre de ses talents de cuisinière. Indiscutablement, c’est un succès.
Partout où elle passe, les clients rappliquent : «à Gasperich, notamment, on fait un carton. Pourtant, on est installé juste en face d’Oberweis! rigole-t-elle. Le food truck est vraiment super pour ça : on voit les gens heureux de manger quelque chose qui leur plaît».
Mais aussi bien soit-elle, l’itinérance a ses limites. «L’hiver, quand il fait froid, ce n’est quand même pas l’idéal…», reconnaît Rose. De fait, ce constat lui est souvent revenu aux oreilles : «On me demande régulièrement quand j’ouvrirais mon vrai restaurant!»
Ce «quand», eh bien, ce pourrait être dans 27 jours seulement. Mais pour cela, il faut que la campagne de financement participatif lancée sur le site Kickstarter fonctionne. «C’est tout ou rien, sourit la cuisinière, ex-informaticienne. Si nous parvenons à réunir notre objectif qui est de 26 000 euros, ce sera superbe. Sinon, nous n’aurons rien…»
À partir donc de 22 euros, les contreparties sont alléchantes : en cas de succès de l’opération, les donateurs se verront offrir des lunch boxes (22 euros), des repas au restaurant (48 euros pour deux), voire un buffet d’anniversaire pour 20 personnes (600 euros) ou même un après-midi cuisine pour dix personnes avec le repas qui suit (1 000 euros).
Africain et végétarien : alliance parfaite
Le lieu est déjà trouvé, il s’agit du restaurant d’OA6, à Feulen, un espace dédié au bien-être avec piscine, spa, hammam… doté d’une salle de restaurant de 30 couverts. Une adresse qui conviendrait parfaitement pour la carte colorée de Kwanza. «Tous nos plats sont réalisés avec des produits frais – beaucoup de fruits et de légumes – que nous préparons nous-mêmes, souligne Rose. D’ailleurs, nos recettes végétariennes ont énormément de succès. C’est même ce que nous vendons le plus.»
Cet appétit des gourmands vers les plats végétariens, elle le vit comme une aubaine. «Il existe en Afrique une multitude de fruits, de légumes et d’épices inconnus ici qui permettent d’élaborer de délicieux plats végétariens.»
Elle va même plus loin puisque tous ses plats végétariens sont également veganes. Ce succès l’a complètement surprise, il faut dire qu’il est spectaculaire puisque dans certains emplacements (Beckerich, Oberpallen, Gasperich…), ce sont ces recettes qui sont le plus vendues! «Le parc naturel de la Sûre m’avait appelé pour que je vienne proposer uniquement des plats végétariens lors d’une fête, se souvient-elle. Je pensais que j’allais faire un flop, mais pas du tout, ça a vraiment très bien marché!».
Évidemment, Rose n’abandonnera pas en route les plats qui ont fait sa réputation. Mieux, elle promet aussi de ne pas oublier ses anciens clients qui n’auront plus leur habituel rendez-vous de la semaine autour du food truck. «Je livrerai les lunchs à mes clients de Gasperich, du Kirchberg et de Münsbach notamment. Ils m’en ont fait la demande et je suis contente de voir qu’ils veulent toujours goûter mes plats!» Pour multiplier les opportunités, Rose compte également trouver des points de vente où l’on pourrait venir récupérer des plats commandés plus tôt.
On le voit, la cuisinière a les pieds sur terre, mais cela n’empêche pas d’entretenir de grandes ambitions. Elle ose même un rêve : «Si jamais un investisseur est tenté par l’aventure, ce serait magnifique! Il y a très peu d’endroits où manger africain, que ce soit au Luxembourg ou dans les régions voisines et moi, je suis persuadée que la cuisine africaine, c’est l’avenir. Il y a un tas de nouvelles saveurs à faire découvrir et je vois bien que les gens sont intéressés!»
Erwan Nonet
Sur Kickstarter : Kwanza restaurant
Sur Facebook : Kwanza foodtruck
Rose Simba a besoin de 26 000 euros pour pouvoir s’installer dans son futur restaurant. Mais à quoi va servir cet argent? Il lui faut déjà améliorer la cuisine existante. Outre une révision complète de la chambre froide, et un module de grillade avec filtre à charbon, elle devra acquérir du matériel électroménager professionnel : «Puisque les quantités de nourriture à travailler seront plus grandes, il faudra acheter un coupe légumes, un robot pour réaliser les pâtes à beignets et croustillants…». Le matériel publicitaire (dont l’enseigne), les caisses enregistreuses, les ordinateurs sont également compris dans cette note.
Un autre poste de dépense important sera celui du personnel. «Je vais avoir besoin de trois personnes à mi-temps, je n’en ai qu’une actuellement.» Il va falloir les trouver, mais aussi les former. Et pas qu’à la cuisine ou au service, mais aussi sur les produits : «Pratiquement tous les clients nous demandent de leur expliquer ce que nous servons! sourit-elle. C’est fou, lorsque vous allez manger des sushis ou indien, vous ne demandez pas comment est fait ce qui est dans l’assiette. Eh pour bien pour la cuisine africaine, si!» Rose Simba ne s’en offusque pas, bien au contraire, elle est ravie que par le biais de la cuisine, on s’ouvre davantage sur l’Afrique!