D’année en année, le Konscht am Gronn continue d’attirer des visiteurs dans un quartier des plus pittoresques qui inspire les artistes. La première édition de 2022 se tenait hier.
«Il fait super beau ce matin. Nous avons eu envie de nous promener un peu en ville et d’aller déjeuner après. Et voilà que nous tombons sur ce marché d’art ! Nous n’avions aucune idée qu’il était organisé», explique Patricia, surprise et contente de cette découverte. «Du coup, nous avons décidé de faire un tour et de découvrir les artistes.»
Tout comme le public, les artistes étaient au rendez-vous de cette 17e édition du Konscht am Gronn. Peintres, céramistes ou encore sculpteurs sur bois ont déballé leurs œuvres dans ce quartier historique de la capitale, plongé dans la vallée creusée par l’Alzette. «J’adore, c’est très pittoresque dans ce beau décor», estime Mia, motarde en goguette avec son époux et des amis depuis les Pays-Bas. «Il a de jolies choses, mais c’est difficile à transporter sur un deux-roues.»
Croisés à la buvette, Guy et Romain savourent une bonne mousse bien fraîche. Les deux compères étaient allés à la fête du 1er-Mai de l’OGBL. «On est bien ici aussi», s’étonnent-ils de me voir étonnée de ne pas les trouver à l’abbaye de Neumünster voisine où avait lieu la fête. «C’est un autre genre d’ambiance.» Ils ne sont pas les seuls. D’autres hommes et femmes vêtus aux couleurs du syndicat sillonnent les rues lumineuses du quartier.
Une vingtaine d’artistes venus de nos trois pays voisins ont répondu présents pour la première édition de l’année de cette galerie d’art à ciel ouvert. «C’est très spontané. Les gens défilent s’arrêtent, papotent, s’intéressent… Ce n’est pas guindé comme lors d’expositions classiques où personne n’ose bouger», témoigne une habituée du Konscht am Gronn et des vernissages.
L’affluence était encore timide hier matin sur le pont du Grund. «La majorité du public arrive en général quand démarrent les concerts vers midi», explique Martine, présidente du comité d’organisation. Pour donner un air de fête à l’ensemble, une buvette a été installée où les artistes présents se retrouvent autour d’un apéritif à midi. Les premiers visiteurs s’étaient déjà installés sur les terrasses des cafés voisins au pied de l’ascenseur du Grund.
Les artistes cadrent dans le tableau
Vingt-six artistes participent à cette première édition. «Les artistes sont moins nombreux qu’avant. Ils sacrifient une journée entière pour ne pas vendre tant que cela en fin de compte. Ils sont avant tout ici pour montrer leurs œuvres en espérant que les visiteurs emportent leur carte et reviennent vers eux par la suite», note Martine. Ils reviennent deux à trois fois par édition et font l’objet d’une sélection attentive.
«Nous disposons d’une palette de 80 à 90 artistes qui ont tous déjà exposé», indique la jeune femme. «Le plus important pour notre comité de sélection est que les artistes qui soumettent leur candidature cadrent dans le tableau. Ils doivent aimer le contact avec les gens et avec les autres artistes. Les vendeurs qui participent dans l’espoir de faire des ventes ne reviennent en général pas la saison suivante.» Ce sont les artistes eux-mêmes qui jouent aux attachés de presse pour la manifestation de foire d’exposition en foire d’exposition.
Covid, inondations… en 17 ans, rien n’est venu à bout du Konscht am Gronn ces deux dernières années. «Nous n’avons pas souffert des inondations de l’été dernier. Elles ont eu lieu à une époque lors de laquelle nous ne pouvions par organiser la manifestation. Ensuite, le pont a été réparé. Nous avons repris sur un pont tout neuf», se souvient Martine. Mais ce ne sont pas les éléments qui arrêtent les artistes qui ne veulent pas faire faux bond aux visiteurs.
A l’image d’Yvette Brigeot, une habituée, qui crée des personnages aux traits égyptiens en bronze ou en bois ramassé en forêt. Elle vient depuis la toute première édition. «Je ne tiens pas trop à me faire connaître. Je propose ce que je fais et cela plaît», s’enthousiasme-t-elle.
«Je ne sais pas pourquoi ils ont ces têtes-là. Je prends une boule de terre cuite et elle devient cela. Les morceaux de bois proviennent de mes balades. Quand un morceau m’inspire, je le ramasse. Je ne le taille pas. Je le laisse avec ses imperfections et je fais surgir un personnage d’après la forme du bois qui est traité.» Son but derrière ses statues est de redonner vie au bois.
Le Konscht am Gronn, c’est tous les premiers dimanches du mois entre mai et octobre. Les prochaines éditions sont prévues les dimanches 5 juin, 3 juillet, 7 août et 4 septembre de 10 h à 18 h. Une dernière édition pourrait venir se greffer en octobre si la météo le permet.