Près de 100 logements à prix modérés seront a priori livrés courant 2019 au Kirchberg. Le gros œuvre est d’ores et déjà terminé. Xavier Bettel s’en réjouit.
Paris, Berlin, Rome, Bruxelles et Amsterdam. Ce ne sont pas seulement les noms de bien connues capitales européennes, mais ceux des cinq résidences qui constituent le «Domaine de l’Europe Kiem lot 2», dont la fête du bouquet a eu lieu hier, au Kirchberg.
Quatre-vingt-dix-neuf logements, dont la surface va de 52 m2 (avec une chambre) à 156,6 m2 (avec trois chambres), et les prix entre 239 200 euros et 642 060 euros, sont en construction, pour une surface totale de 10 000 m2. Sont ajoutés 300 m2 sur le boulevard Frieden, destinés à accueillir des commerces.
Et le but est clair : «Essayer de venir à bout de la pénurie de logement que connaît le Kirchberg, Luxembourg, et le pays tout entier», explique le Premier ministre, Xavier Bettel. «Éviter que les classes moyennes, et surtout les jeunes, ne deviennent les frontaliers de demain», poursuit-il et «faire du Kirchberg un endroit où l’on vit, pas seulement où l’on travaille», assure Lydie Polfer. Et pour cela, la bourgmestre compte y mettre les moyens nécessaires : «Nous mettrons à disposition toutes les commodités pour que les futurs habitants se sentent à l’aise ici», dit-elle.
Des prix modérés
Mais si voir pousser des bâtiments destinés à l’habitation au Kirchberg est une chose rare, c’est surtout le concept de vente assez particulier qui a été proposé aux futurs emphytéotes (lire encadré), qui reste encore trop rare au Grand-Duché. Il devrait néanmoins l’être «de moins en moins», selon Lydie Polfer, qui aime à rappeler qu’un projet similaire a vu le jour au Limpertsberg «et pour encore moins cher!», dit-elle. Car ici, le Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg et BPI Real Estate Luxembourg ont cédé des «logements à prix modérés» à des futurs occupants qui avaient répondu à l’appel à candidatures mené par le Fonds Kirchberg et l’entreprise de construction immobilière, au moyen de la signature de baux emphytéotiques. Les logements coûtent donc en moyenne deux fois moins cher que le prix du marché (lire encadré). Et pour pouvoir garantir cette proposition, il a fallu «faire jouer la concurrence des constructeurs immobiliers, et user d’autorité pour imposer un prix raisonnable par rapport à celui que connaît actuellement le marché. Xavier Bettel et François Bausch ont tiré des oreilles», raconte Patrick Gillen, président du Fonds Kirchberg.
Les futurs propriétaires tirés au sort…
Après moult négociations, 400 candidats aux dossiers conformes ont finalement dû subir un tirage au sort «pour garantir une équité, et éviter le favoritisme». Car «pour être éligible, aucun critère de revenus n’était requis, assure-t-il. Les futurs acquéreurs devaient travailler sur un territoire restreint, c’est-à-dire à Luxembourg, voire à Strassen, Howald, Niederanven ou Sandweiler, pour favoriser le désengorgement automobile. Il fallait aussi qu’ils ne soient pas déjà propriétaires ou qu’ils aient vendu leur bien dans les trois mois à compter de la remise des clefs des appartements», explique Eric Puech, responsable des ventes et marketing BPI Real Estate. Ainsi, des célibataires, des couples avec ou sans enfants, et des retraités ont été choisis sur ce seul critère (en dehors des obligations de financement), car «il n’était pas non plus obligatoire d’être luxembourgeois pour être choisi. Le quartier sera habité par des personnes de multiples nationalités», conclut-il.
Sarah Melis
Un bail emphytéotique, c’est quoi ?
Le bail emphytéotique est un droit réel, défini par la loi du 22 octobre 2008. Il s’agit d’un contrat de location de longue durée qui confère au preneur, appelé «emphytéote», la pleine jouissance d’un immeuble appartenant à autrui, et moyennant le paiement d’une redevance à convenir avec le propriétaire du bien (ici le Fonds Kirchberg). L’emphytéote doit donc veiller à l’entretien du bien, comme s’il en était le propriétaire.
Le contrat de bail emphytéotique peut durer entre 27 ans et 99 ans et doit prendre la forme d’un acte notarié ou administratif. La durée déterminée dans ce cas précis est de 99 ans. Le contrat prévoit également que la location du bien par l’emphytéote est strictement interdite. Si l’emphytéote souhaite revendre le logement, le Fonds Kirchberg bénéficie d’un droit de préemption. Il est alors prioritaire sur la revente.
Le prix de rachat du logement correspondra au prix que l’acquéreur a payé, majoré du coût des travaux supplémentaires réalisés par l’acquéreur (avec un plafond de 10 % de la valeur du bien) et la majoration du prix due à l’évolution de l’indice du coût de la construction. Ne sont retenues toutefois que les majorations de l’indice intervenues après la 3e année qui suit l’achèvement de la construction. En cas d’usure du logement, la moins-value est calculée à 1 % par an. Si elle résulte de la faute ou de la négligence des occupants, elle sera alors déduite du prix majoré.