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Ken Corral (Fola), l’avocat qui fait la misère aux défenses du pays


Robe d'avocat en semaine, maillot du Fola le week-end : c'est ce qui attend bientôt Ken Corral. (Photo Luis Mangorrinha)

En ce début d’année 2019, c’est de la bombe ! L’attaquant du Fola pourrait bien mettre le feu à toutes les défenses du pays au printemps. Pour aller décrocher le titre ?

Bryan Mélisse ne peut pas être suspecté de manquer d’expérience et de capacité de jugement. L’arrière latéral gauche du F91, qui connaît personnellement Ken Corral depuis leurs deux saisons en commun à la Jeunesse (de 2014 à 2016), sait parfaitement «ses qualités de vitesse. Ah ça, il est rapide. Mais je l’ai pas trop mal maîtrisé». Question d’appréciation. Venant d’un garçon qui a moins souffert contre certains joueurs pros en Europa League, on accepte quand même, ne serait-ce que parce que Corral ne l’a jamais passé en tête-à-tête, faisant désormais jouer à ses jambes de feu une partition plus intelligente.

«Avant, il ne vivait que de sa vitesse. Aujourd’hui, il y ajoute de la technique et de la tactique», confirme son directeur sportif, Pascal Welter. Le F91, pour prouver qu’on est en train de devenir quelqu’un, c’est le test ultime. Et Corral l’a passé avec une aisance surprenante, confirmant ce qu’on en disait en interne : sa préparation est exceptionnelle en tout point. «Forcément, souffle Welter. Parce que pour pousser Klapp sur le banc, il faut être costaud.»

Costaud, Corral l’est. Et efficace en plus. Au stade Jos-Nosbaum, il l’a été à la place de ceux qui le sont habituellement. Les Hadji ou Bensi, par exemple. Le listing de ses ébouriffantes inspirations est longue.

«Il a toujours été fort mentalement»

3e minute : il a le bon timing pour passer devant le costaud Prempeh de la tête puis, cinq secondes plus tard, se retrouver au premier poteau pour piquer le ballon au-dessus de Joubert (0-1). Deuxième but en deux matches, une semaine après Mondorf. 12e : il décroche pour décaler Muharemovic qui part au centre pour Hadji, moins efficace au premier poteau. Presque 0-2. 22e : il réclame le ballon à Klein aux alentours du rond central et se fend d’une déviation géniale extérieur du pied et de 20 mètres dans la course de Bensi, qui va aller défier en vain Joubert. 60e : appel impeccable pour partir seul au but, mais Stelvio revient in extremis pour le découper. Le penalty n’était pas loin.

Ça va faire huit ans que Ken Corral est un espoir. Avec tout ce que comporte ce terme en petites déceptions ponctuelles pour un gars de 26 ans. Depuis ses débuts à Käerjeng, en avril 2011, il trimballe l’étiquette d’attaquant aux jambes de feu, capable aussi sûrement de fulgurances géniales que d’irrégularité coupable. Et depuis huit ans, tous ses entraîneurs successifs ont dressé ce même constat, s’il fait deux ou trois bons matches avant de disparaître pour cinq ou six rencontres, c’est principalement à cause de ses études pour devenir avocat, qui l’ont conduit un peu partout en France, à Paris, Strasbourg, Nice…

À se demander comment il a fait pour cumuler, malgré tout, 157 matches et 39 buts. Et surtout, à se demander ce que cela va être, maintenant qu’il ne lui reste plus que quelques cours complémentaires de droit luxembourgeois avant, théoriquement, d’enfiler la robe… «Peut-être que je suis plus libre dans la tête», s’étonne Corral, avant de dire merci pour tous les compliments. «Il a toujours été fort mentalement», prolonge Cédric Sacras, qui le voit faire la misère aux défenses de très loin puisqu’il évolue de l’autre côté du terrain. «Mais aujourd’hui, on le voit, il est encore plus sûr de lui, au top de sa forme.»

C’est Strassen, dimanche, qui va devoir tester le pic de forme de cet avocat du diable, qui s’est satisfait du nul glané à Dudelange «puisque l’objectif, c’était de rester devant»…

Julien Mollereau