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Kanfen : un village, seize nationalités


À Kanfen, d’une maison à l’autre, d’une rue à l’autre, on parle luxembourgeois, anglais, portugais, italien, néerlandais, grec, islandais… (photo Pierre Heckler / RL)

À seulement quelques kilomètres du Luxembourg, le village français de Kanfen a pris, en une décennie, une vraie dimension européenne. Il comptabilise seize nationalités pour un peu plus de mille habitants.

« C ’est une richesse d’avoir des étrangers qui choisissent de vivre ici. » Denis Baur est un maire heureux. Sa commune, Kanfen, compte aujourd’hui seize nationalités différentes pour seulement 1 150 habitants. Un patchwork qui n’est autre que le reflet d’une Europe dont le cœur bat au Luxembourg, à quelques kilomètres plus au nord. « 75 % de la population active du village travaillent au Grand-Duché , confirme le maire qui, listing en main, dénombre 53 Kanfenois d’origine étrangère. « Les plus nombreux sont les Luxembourgeois (16) qui ont choisi de s’installer là où le prix du mètre carré est plus accessible. »

Viennent ensuite les Portugais (9), à l’instar de Jorge, puis les Italiens (7), les Belges (6), qui, comme Renilde et Fabienne, se sont rapprochés de leur lieu de travail, puis viennent les Bulgares (2), les Grecs (2), les Anglais (2), les Irlandais (2), une Allemande, une Islandaise, Krista l’Américaine, une Marocaine, une Thaïlandaise, une Néerlandaise et Florina la Roumaine.

« En Roumanie, il n’y a pas d’avenir », regrette Florina qui est venue au Luxembourg, et elle insiste : « par amour ». « Mon mari a ses racines à Kanfen, c’est pourquoi nous nous sommes installés ici », explique celle qui est originaire de Baia Mare. « J’habitais à Hettange-Grande tout en travaillant au Luxembourg ; mon mari, lui, travaille en France, nous avons coupé la poire en deux en 2002 », explique Fabienne. Et la citoyenne belge de reprendre : « L’avantage de Kanfen, c’est que nous sommes à la campagne tout en étant à proximité d’une grande ville et d’une capitale européenne. »

« J’aime cet endroit »

« J’ai fait la navette pendant dix ans », raconte Renilde, Belge elle aussi mais côté flamand, avant d’emménager à Kanfen en 2005. Présidente d’une association, elle s’est vite intégrée à la petite communauté kanfenoise même si elle avoue avoir « du mal avec la bureaucratie française. » Et la mère de famille de regretter : « Ici, tout est plus compliqué. »

Krista avait 19 ans lorsqu’elle est arrivée en France, à Strasbourg. « J’ai tout de suite aimé cette ambiance internationale. Je me suis dit que j’allais traîner dans le coin encore un peu », sourit cette Californienne d’origine. En 1995, elle débarque au Grand-Duché pour son premier job, puis après avoir vécu à Esch-sur-Alzette puis à Angevillers, elle s’installe à Kanfen en 2010 dans l’ancienne maison de famille de son mari. « Je suis bien ici. Je m’y sens chez moi, sourit Krista. Jorge est Portugais et travaille lui aussi au Luxembourg. « Je cherchais à faire construire une maison à un prix raisonnable, pas trop loin de la frontière. C’est comme ça que nous nous sommes arrivés à Kanfen. Nous ne regrettons pas. C’est une commune qui bouge. »

Autant d’histoires, de chemins qui se sont croisés, ici, dans ce petit village de Moselle nord et qui participent, aujourd’hui, à écrire son histoire. « Cette richesse-là, ce sont autant de souvenirs extraordinaires comme la fois où j’ai marié un couple de Grecs, en mairie, s’émeut Denis Baur. Eux parlaient français, bien sûr, mais leurs parents venus d’Athènes, non. Malgré la barrière de la langue, ces gens étaient curieux de tout et d’une gentillesse incroyable. »

Mais les étrangers de Kanfen repartiront peut-être un jour… Krista, elle, n’a aucun doute : « Non, non, je me vois rester ici jusqu’à la fin. J’aime cet endroit. »

Catherine Roeder (Le Républicain lorrain)