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Justice : où est Stefan ? Le mari violent reste introuvable


Stefan ne s’est pas présenté à son propre procès. Et pour cause, il s’est volatilisé. (Photo : archives lq)

La justice, le juriste de profession n’en pense pas que du bien. D’ailleurs, il préfère s’y soustraire plutôt que d’affronter les accusations de son épouse. Stefan s’est volatilisé.

Où est Stefan? Sarah, son épouse, et la justice aimeraient bien le savoir. Ce Finlandais de 37 ans a disparu du jour au lendemain sans laisser de traces. Il était pourtant attendu de pied ferme par la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, vendredi matin. Il devait y comparaître pour des faits de coups et blessures volontaires sur son épouse ainsi que des menaces de mort. Cité sur internet, l’homme, «sans domicile, ni résidence connus», n’a pas pointé le bout de son nez et ne s’est pas fait représenter par un avocat.

Et pour cause : ce juriste de profession n’a pas foi en la justice du Luxembourg. De nombreux écrits adressés aux instances judiciaires et policières attestent de cette défiance frôlant parfois la paranoïa et les thèses complotistes. La présidente de la 13e chambre correctionnelle a notamment donné lecture de certains passages de ces écrits dans lesquels il accuse police et justice luxembourgeoises du pire, dont notamment de contrevenir de manières diverses à la Convention européenne des droits de l’homme. Le tout cautionné par un gouvernement prompt «au lavage de cerveaux».

«Il remet en doute toute la justice»

Avant de s’évaporer dans la nature, Stefan a porté plainte tous azimuts contre les auxiliaires de police intervenus à son domicile, les juges aux affaires familiales en charge de son expulsion du domicile conjugal, le représentant du ministère public, entre autres. Ce qui a fait dire à la magistrate, ce qui apparaît comme un euphémisme, que Stefan «a un tout autre problème» que la violence. «Il remet en doute toute la justice.»

Le prévenu a donc été jugé par défaut pour deux faits de violences physique et psychologique à l’encontre de son épouse. À la barre, la jeune femme âgée de 30 ans a raconté le déferlement de haine et de coups dont elle dit avoir été victime de la part de son mari. Il la balançait à travers leur appartement comme une poupée de chiffon et l’insultait quand il ne la menaçait pas de représailles. «Je suis d’origine marocaine. Il me disait qu’il allait me faire quitter l’Europe pour ne plus y revenir. Il me traitait de terroriste», rapporte Sarah qui «travaille pour oublier».

Une vie dans la peur et la culpabilité

Elle aimerait pouvoir passer à autre chose, mais sans signe de vie de son mari, c’est impossible. Le 14 décembre 2020, «Stefan a été violent pour la première fois». Marié depuis octobre 2018, le couple est en crise larvée depuis la pandémie. Plutôt que de porter plainte après ces premiers coups, Sarah explique avoir tenté de comprendre son époux et de trouver des solutions. Elle se décrit comme forte et pas habituée à ce genre de comportements induits, selon elle, par une forte consommation d’alcool et de stupéfiants.

Insidieusement, Stefan aurait resserré son emprise et serait allé de brimades en brimades. «Il me disait : Je suis juriste. Je sais tout et tu ne sais rien.» Le prévenu soufflait le chaud et le froid. Il lui aurait présenté des excuses, se serait qualifié «de malade, de psychopathe et de pervers narcissique». Dans le même temps, il aurait exigé de Sarah qu’elle certifie par écrit ne jamais avoir subi de violences de sa part. La jeune femme indique avoir vécu dans la peur et la culpabilité.

«Maltraitée et manipulée»

Au mois de mars 2022, elle dénonce une ultime crise. «Il s’est filmé en m’accusant de lui faire subir des violences domestiques», s’est souvenue Sarah. En panique, elle est partie se réfugier au poste de police en pleine nuit. «Il m’a fait peur. J’ai cru qu’il allait mettre ses menaces à exécution.» Stefan est ensuite expulsé du domicile. Il aurait cependant continué à intimider sa victime présumée, selon son avocate qui s’est constituée partie civile et a réclamé la somme de 40 000 euros pour préjudice moral. Sa cliente a été «maltraitée et manipulée».

Le procureur a requis 24 mois de prison à l’encontre de Stefan, évoquant sa «décompensation psychologique». «J’espère que ce procès marquera la fin de l’épisode Stefan pour vous. Pour le tribunal, ce n’est que le début», a laissé entendre le représentant du ministère public.

Le tribunal se prononcera sur le sort du prévenu le 12 juillet.