C’est le manipulateur manipulé : «Pardon Youtube, le film», un documentaire racontant comment une Youtubeuse «a hacké Google et la Commission européenne», est publié depuis le 26 décembre sur la plateforme de partage vidéo.
Il raconte l’histoire d’un «bad buzz» qui a éclaboussé tant Youtube (propriété de Google), que la Commission Européenne. En septembre dernier, Youtube contacte Laetitia de la chaîne «le corps la maison l’esprit», pour une interview de Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne. Si la jeune femme se montre très enthousiaste à l’annonce de sa sélection, elle se rend rapidement compte qu’elle est simplement choisie pour réaliser une opération de communication pour le Luxembourgeois et la Commission.
Cette interview Youtube en direct, censée refléter les questions de la jeunesse européenne et être 100% libre, «était en fait destinée à rapprocher Google de la Commission en donnant une bonne image de Juncker» expliquent les réalisateurs du documentaire.
En «refusant le rôle de faire valoir qui lui était promis, Laetitia s’est associée avec les chaînes Osons Causer et Autodisciple pour poser les questions piquantes qui remontaient de la communauté Youtube» poursuivent-ils.
Ainsi, la jeune femme devait initialement interroger le président de la Commission sur ce qu’est à son sens le bonheur, son Nokia 3310 ou encore son chien Platon. Face à son refus, un représentant de Youtube la menace : « À un moment, tu ne vas pas non plus te mettre à dos la Commission européenne et Youtube, et tous les gens croient en toi. Enfin, sauf si tu comptes pas faire long feu sur Youtube. »
La Youtubeuse ne suivra pourtant pas son «conseil». « Confier à quelqu’un qui a été ministre des Finances, pendant 18 ans du plus grand paradis fiscal en Europe, la mission de lutter contre l’évasion fiscale, est-ce que ça ne serait pas finalement comme désigner chef de police un braqueur de banque ? », a ainsi lancé la jeune Youtubeuse au Luxembourgeois.
Ce film, expliquent ses auteurs, «montre les coulisses de cette aventure. Nous espérons qu’il donnera à celles et ceux qui subissent intimidations, menaces, tentatives de culpabilisation ou de censure de la part de personnes de pouvoir, de mieux les reconnaître pour ce qu’elles sont, et d’oser lancer l’alerte».
Romain Van Dyck