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Julian Assange, «canari dans la mine»


Viktor Dedaj, cofondateur du Comité de soutien à Julian Assange.

Le dernier appel de Julian Assange devant la justice britannique se tiendra le mois prochain. Vendredi, le cofondateur de son comité de soutien en France a tenu à Luxembourg une conférence de presse sur cette affaire.

Bientôt cinq ans que le journaliste et lanceur d’alerte australien Julian Assange croupit dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, au Royaume-Uni. Et ce, après avoir déjà passé sept ans réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres.

Les 20 et 21 février prochains, la Haute Cour de justice de Londres jugera un nouveau recours de Julian Assange, qui s’était vu refuser l’autorisation de faire appel de la décision d’extradition vers les États-Unis prononcée par la justice britannique.

Le fondateur de WikiLeaks est inculpé par la justice américaine pour 18 chefs d’accusation, dont celui d’«espionnage», pour lesquels il encourt 175 ans de prison. Les États-Unis lui reprochent notamment d’avoir publié à partir de 2010 plus de 700 000 documents classifiés révélant des crimes de guerre commis par le pays de l’Oncle Sam en Irak et en Afghanistan.

Mais au fond, plus que ces documents, c’est «le modèle de WikiLeaks que les États-Unis attaquent», signale Viktor Dedaj, cofondateur du Comité de soutien à Julian Assange en France. Il était invité vendredi par la Friddensplattform à Luxembourg pour une conférence sur cette affaire.

Petit rappel : Julian Assange, véritable «génie de l’informatique» et «l’un des plus grands cryptographes du monde» participe à la fondation du site WikiLeaks en 2006, après que les manifestations pour empêcher la guerre en Irak (2003) n’ont pas abouti. «Avec ses compétences, il aurait pu gagner des millions et siroter des cocktails au bord d’une plage. Mais il voulait combattre le mensonge par la vérité», admire Viktor Dedaj.

WikiLeaks permet aux lanceurs d’alerte de transmettre des documents de manière anonyme, sans que l’on puisse détecter d’où ils se connectent. Une équipe de spécialistes est chargée d’authentifier les documents, qui sont publiés s’ils sont vrais et si les informations sont susceptibles d’intéresser le public, sans aucune compromission.

«C’était une révolution dans le monde de la presse, un outil explosif et une menace existentielle pour tous les pouvoirs corrompus», insiste Viktor Dedaj.

«Le dernier gros coup de WikiLeaks a été de montrer en 2017 que la CIA utilisait des moyens d’espionnage cybernétiques». D’après quelque 9 000 fuites (des leaks) publiées par le site, l’agence de renseignement américaine serait ainsi capable de lire des messages cryptés, prendre le contrôle à distance d’un véhicule, espionner via les télévisions ou les téléphones – même éteints.

Torture psychologique

À 52 ans, Julian Assange, qui a souffert de «dépression sévère» et d’«hallucinations» selon des psychiatres qui l’ont examiné, semble «aller mieux» d’après ses proches. Une bonne nouvelle?

Pas complètement : «Son état de santé était la raison pour laquelle il n’a pas pu être extradé. Certains pensent qu’on le remet d’aplomb pour qu’il puisse l’être», glisse-t-il, rappelant que le lanceur d’alerte a été victime de «torture psychologique», ainsi que l’a dénoncé le rapporteur des Nations unies sur la torture dans son rapport publié en 2020.

Nils Melzer avait en effet signalé, après avoir rendu visite en prison à Julian Assange, que ce dernier «a été délibérément exposé, pendant plusieurs années, à des formes graves de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont les effets cumulatifs ne peuvent être décrits autrement que comme de la torture psychologique».

«Cette torture prend différentes formes», explique Viktor Dedaj : «Il est mis à l’isolement – soi-disant pour le protéger des autres détenus –; on lui donne le sentiment que la situation ne prendra jamais fin; on lui a refusé des témoins lors de son mariage en prison; on lui fournit un ordinateur dont les touches sont collées; pendant plusieurs mois, il n’avait pas de chauffage ni de vêtements chauds. Je pourrais continuer cette liste longtemps.»

Tous les regards sont donc tournés vers Londres. Après l’audience de février, Julian Assange aura soit «d’autres occasions de plaider sa cause» devant la justice britannique, «soit il aura épuisé tous les appels sans possibilité d’appel supplémentaire au Royaume-Uni et entrera donc dans le processus d’extradition», ont indiqué ses partisans. Des chefs d’État et des députés, y compris américains, ont témoigné de leur soutien au lanceur d’alerte. Le Mexique, notamment, lui a proposé l’asile politique.

«Cette affaire est d’une importance absolument capitale. Elle criminalise le journalisme d’investigation. Mais au-delà de la liberté de la presse, on assiste à une remise en question des principes du droit international consacrés par le statut du tribunal de Nuremberg. Assange avait vu arriver l’effritement du droit international. Il a été le canari dans la mine de ce changement de paradigme des classes dirigeantes», estime Viktor Dedaj.

3 plusieurs commentaires

  1. Je vous prie de corriger l’erreur suivante: Assange n’est pas un lanceur d’alerte mais un journaliste et un éditeur
    Merci

  2. L Angleterre étant le chien soumis des américains, rien n est étonnant de leur part.qui plus est dans un monde où la justice n à jamais été du côté de la vérité.
    A Durand

  3. Tout mon soutien