Il incarne un peu la conscience du football: bien loin de l’image des footballeurs riches et gâtés, Juan Mata, le joueur de Manchester United, s’implique socialement avec son projet « Common Goal » qui pousse les joueurs à s’impliquer financièrement dans des oeuvres caritatives.
Le milieu offensif espagnol espère faire de l’association, créée il y a un an, « le plus grand club du monde ». Pour rejoindre « Common Goal », c’est simple, il suffit de s’engager à reverser 1% de son salaire à l’ONG. Pourtant…
A ce jour, seulement 34 footballeurs et footballeuses participent, dont l’Allemand Mats Hummels (Bayern Munich), l’Italien Giorgio Chiellini (Juventus Turin), le Japonais Shinji Kagawa (Borussia Dortmund), le Danois Kasper Schmeichel (Leicester), les Américaines Alex Morgan et Megan Rapinoe, ainsi que le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin.
Aucun joueur de l’effectif actuel des « Red Devils » n’a encore mis la main à son portefeuille, ni même les méga-vedettes Lionel Messi (FC Barcelone) et Cristiano Ronaldo (Real Madrid). Pas de quoi pour autant décourager Mata.
« Les gens ont tendance à penser à ceux qui ne sont pas là. Je préfère parler de ceux qui ont eu le courage de participer », explique à l’AFP le champion du monde espagnol. « Je suis vraiment fier d’eux ».
« Nous avons des discussions importantes avec les gens qui prennent des décisions dans le football sur la façon d’intégrer Common Goal dans l’industrie du football. Si cela ne marche pas, tant pis, je pense que c’est nécessaire (de s’impliquer) et plus équitable », continue le joueur de 29 ans, en marge d’une visite d’écoles défavorisées d’Oldham, dans la banlieue pauvre de Manchester.
«Des moments difficiles»
Sans vouloir juger, Mata se montre même compréhensif quand il évoque la « bulle » dans laquelle évoluent ses coéquipiers et collègues. « Ce n’est pas facile quand on a entre 20 et 21 ans », dit-il. « Imaginez que vous jouez pour un club comme Manchester United, que vous commencez à devenir célèbre, à avoir de l’argent. Vous n’êtes pas prêts pour cela, à cet âge-là. C’est difficile de garder les pieds sur terre et de se dire +n’oublie pas d’où tu viens+. »
Alors qu’il s’emploie à faire rire les enfants de l’école, dont 86% des parents sont sans emploi, Mata explique avoir réparti ses 1% dans la fondation indienne Oscar, ainsi qu’un projet pour l’égalité des sexes en Colombie, sans oublier le pot commun de Common Goal.
Sa visite à Bombay, avec sa compagne, dans le cadre de la fondation Oscar, l’a d’ailleurs beaucoup marqué.
« J’ai vécu des moments difficiles », confie Mata. « Quand vous voyez l’état dans lequel vivent certaines personnes et l’extrême écart entre riches et pauvres, c’est difficile à supporter. »
« C’était très important de voir le travail de la fondation Oscar et de partager leur vie, de voir les classes d’école dans les bidonvilles », ajoute-t-il à Oldham, entre deux distributions de cadeaux de la Manchester United Foundation.
Le football reste bien sûr sa passion, mais il espère en faire à terme un outil de changement social.
« Le football unit tous les projets (de Commmon Goal) entre eux. Ils peuvent s’occuper d’éducation, d’égalité des sexes, des besoins fondamentaux, mais le football est toujours présent. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire », assure-t-il. « Utiliser le pouvoir du football pour faire le bien. »
Le Quotidien