Patrick Canning, président des Democrats Abroad au Luxembourg revient sur cette soirée particulièrement compliquée pour le camp de Kamala Harris. Et l’immense déception qui règne désormais dans les rangs démocrates.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui, après les résultats officiels?
Patrick Canning : «Très fatigué. La journée a été particulièrement éprouvante, je dois dire. J’ai regardé les résultats tomber toute la soirée avec mes collègues démocrates et encore ce matin à l’ambassade américaine, où nous avions organisé une «watching party». L’ambassadeu, Tom Barrett, a d’ailleurs eu des mots très justes, je trouve : « c’est la démocratie qui a parlé pour cette élection, et nous accueillons Trump et lui souhaitons le meilleur ». Enfin, ça, c’est son avis, moi, je déteste ce type, je ne pourrai jamais dire ça (rires).
Comment est l’ambiance au sein des démocrates après cette défaite de Kamala Harris?
Nous avions prévu de nous réunir pour discuter de tout ça en fin de journée, mais finalement, nous ne ferons rien : tout le monde est en dépression. L’ambiance est vraiment mauvaise. Peut-être que nous ne devrions pas réagir comme cela. Mais personne ne pensait qu’une personne comme lui, un violeur, menteur et j’en passe, puisse être réélu. Est-ce que j’ai envie de vivre ou d’être associé à un pays où les gens ont massivement voté pour cet homme? Pas vraiment, non.
Avez-vous peur pour le futur?
Oui, clairement, j’ai peur. Les Etats-Unis ne se sont pas soulevés comme je l’espérais pour lui barrer la route, au contraire. Alors qu’il est clairement l’Antéchrist! Je sais que mes mots peuvent paraître forts, mais les faits sont là. Il se fiche des lois, c’est un criminel avéré qui a tenté d’intimider des électeurs, il se fiche de l’environnement, ne croit pas au changement climatique… La liste est longue et cela me fait très peur pour la suite. Il va se débarrasser de notre Constitution, c’est sûr. Il a tout le pouvoir entre ses mains, c’est effrayant. Il ne va certainement pas penser aux conséquences de ses actes.
Qu’est-ce qui a manqué à Kamala pour gagner, à votre avis?
Avec Kamala, nous avons intégré tout le monde : les minorités, les émigrés, les personnes LGBTQ+, mais ce qui nous a manqué… Ce sont les hommes blancs. Nous avions besoin des hommes blancs pour l’emporter. Nous n’avons pas essayé suffisamment de nous rapprocher d’eux. Or, il ne faut pas oublier une chose : le racisme et la misogynie existent toujours, si ce n’est plus qu’avant. A mon époque, dans l’industrie, nous n’étions que des hommes blancs. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de diversités, des jeunes femmes élevées pour prendre des positions importantes : et cela effraie. Trump est leur dernier espoir.
Nous aurions du proposer Tim Walz à la place de Kamala Harris. Mettre Kamala en vice-président plutôt qu’en candidate principale. J’étais prêt à voter pour une femme, de couleur, mais nous avons été trop naifs sur ce coup. C’était la même chose en 2016 avec Hillary Clinton.
Avez-vous été surpris par ces résultats?
Oui, je pensais vraiment qu’elle allait l’emporter. Je ne pensais vraiment pas que nous allions perdre contre Trump, une nouvelle fois. Les sondages ont été très serrés pendant longtemps et voir qu’il l’a emporté aussi facilement, c’était très surprenant. Je suis déçu, il n’y a pas d’autre mot.»