Les syndicats et la société John Zink ne sont pas arrivés à trouver un terrain d’entente concernant un plan social pouvant toucher près de 54 personnes.
Les syndicats OGBL et LCGB, ainsi qu’une centaine de salariés de la société John Zink ont donné de la voix pour exprimer leur mécontentement, à la suite de l’annonce d’un plan social et d’une rupture dans les négociations. Mardi à midi, la direction de la société John Zink s’attendait au pire. La preuve : deux agents de sécurité étaient placés exceptionnellement à l’entrée du site de Dudelange. Ces derniers observaient la petite centaine de salariés venus manifester leur mécontentement face à la mise en œuvre d’un plan social pouvant toucher jusqu’à 54 personnes.
«Apparemment, la direction pense que nous sommes des casseurs», a souri Jean-Claude Bernardini, le secrétaire de l’OGBL. Avec le LCGB, les deux syndicats avaient en effet donné rendez-vous aux salariés pour former un piquet de protestation. Ils voulaient dénoncer ainsi le manque de volonté de la direction de John Zink à trouver un terrain d’entente convenable concernant un plan social déclaré le 24 mars dernier.
Une enveloppe minable
Petit rappel des faits. Il y a un mois, l’entreprise métallurgique John Zink située à Dudelange avait annoncé sa volonté de se séparer d’une cinquantaine de personnes à des postes administratifs et à de nombreux postes de production, prétextant des marges en baisse. Une annonce surprise pour les syndicats. «En début d’année, nous étions en train de négocier la nouvelle convention collective où aucun signe avant-coureur à cette situation n’avait été perceptible», a souligné Robert Fornieri, secrétaire syndical de la «Coordination fédération industrie et sidérurgie» du LCGB.
Depuis l’annonce surprise en mars, et après deux semaines de négociations, les deux syndicats ont clairement renoncé au dialogue, mettant en cause la volonté de la direction de s’en sortir avec un plan social au rabais. «Nous l’avons écoutée et elle refuse de trouver des solutions, comme le chômage partiel, pourtant une pratique courante dans le secteur industriel. En plus, elle a proposé une enveloppe minable de 80 euros d’indemnités par mois d’ancienneté, c’est inacceptable, surtout du fait de la qualification des salariés», a expliqué Robert Fornieri. D’autant plus que la société est très loin d’être en difficulté financière, avec un bénéfice, selon les syndicats, de 5 millions d’euros en 2009, puis de 8 à 10 millions d’euros jusqu’en 2014 et une année record en 2015 avec 12,5 millions d’euros. «Bien évidemment, les dividendes ont suivi la même courbe à la hausse», fustige Robert Fornieri. Alors comment expliquer la volonté de la société employant 319 personnes à entreprendre un tel plan social ?
Être traité avec respect
Pour Jean-Claude Bernardini, la société a vu ses marges diminuer et licencier du personnel est la seule solution que la direction a trouvée pour combler cette baisse : «Il faut préciser que les marges de l’entreprise étaient de 20 % et qu’aujourd’hui, elles sont en baisse à cause du prix du pétrole. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que John Zink se réfère à son année 2015, une année record dans toute l’histoire du site de Dudelange. De plus, on peut lire dans la lettre d’intention de la direction qu’elle suggère dans l’avenir la fermeture d’une ligne de production et la mise en place de sous-traitants, ce qui ouvre la possibilité de connaître davantage de pertes d’emploi.» Le syndicaliste se plaint également du manque de clarté de la direction qui ne cesse de «cacher la vérité». «Nous sommes obligés de poser des questions précises afin d’avoir quelques réponses. Une chose est certaine, nous n’avons plus confiance en cette direction.»
Actuellement, la situation est dans l’impasse et les syndicats sont prêts à aller jusqu’au bout de la procédure légale pour faire entendre raison à la société. «Nous demandons également aux pouvoirs publics de changer la législation qui permet à des entreprises d’agir comme le fait John Zink», a déclaré Robert Fornieri. Autre décision ayant provoqué l’ire des syndicats, une communication interne ordonnant aux salariés de rester muet face à la presse. «Cela en dit long sur les intentions et les méthodes de la direction», a fustigé Jean-Claude Bernardini.
Du côté des salariés, on demande surtout à être traité avec respect.
Jeremy Zabatta