L’ancien vice-président démocrate sous Barack Obama, 76 ans, a annoncé jeudi sa candidature à la Maison-Blanche, fort d’une image de modéré rassembleur et d’une popularité persistante malgré de récentes polémiques sur des gestes d’affection trop marqués.
« Les valeurs fondamentales de cette nation, notre rang dans le monde, notre démocratie même, tout ce qui a fait l’Amérique, est en jeu. C’est la raison pour laquelle j’annonce ma candidature à la présidence des États-Unis », a écrit Joe Biden sur Twitter.
The core values of this nation… our standing in the world… our very democracy…everything that has made America — America –is at stake. That’s why today I’m announcing my candidacy for President of the United States. #Joe2020 https://t.co/jzaQbyTEz3
— Joe Biden (@JoeBiden) 25 avril 2019
Grâce notamment à sa grande notoriété, l’ex-numéro deux de Barack Obama domine déjà depuis des mois les sondages de ce tout début de campagne pour décrocher l’investiture démocrate. Joe Biden deviendra ainsi le 20e candidat à briguer l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre 2020 : un nombre record pour un groupe qui présente aussi une diversité sans précédent dans l’histoire américaine.
Après deux tentatives malheureuses pour les présidentielles de 1988 et 2008 et alors qu’il avait passé son tour en 2016, trop affecté par le décès de l’un de ses fils, Joe Biden a laissé régner le suspense pendant des mois. Pendant ce temps, sa large avance s’est quelque peu érodée, avec l’entrée en piste de candidats médiatiques aux nouveaux visages – et bien plus jeunes – comme le maire modéré Pete Buttigieg.
Les dernières semaines d’attente ont en outre été assombries par les témoignages de plusieurs femmes qui l’ont accusé de les avoir profondément gênées avec ses célèbres marques d’affection : baiser sur la tête, mains sur les épaules… S’il a promis, face à la polémique, d' »être plus attentif », il ne s’est pas excusé pour autant.
D’autres amies ont pris sa défense et malgré la controverse, il n’a pas quitté sa place au sommet des sondages. Avec 29,3% des suffrages, le centriste partage le peloton de tête démocrate avec le sénateur très à gauche Bernie Sanders (23%), selon la moyenne établie par le site RealClearPolitics (du 5 au 21 avril). Puis suivent, plus loin derrière, la sénatrice Kamala Harris (8,3%), le maire de South Bend Pete Buttigieg (7,5%), la sénatrice progressiste Elizabeth Warren (6,5%) et l’ex-élu du Texas Beto O’Rourke (6,3%).
Des origines modestes dans une Pennsylvanie ouvrière
Joe Biden aime mettre en avant ses origines modestes dans une Pennsylvanie ouvrière, qui pourraient lui donner un avantage précieux dans les bassins industriels ayant basculé en faveur de Donald Trump en 2016. « Les banquiers de Wall Street et les PDG n’ont pas construit les États-Unis. C’est vous qui avez construit les États-Unis (…) la classe moyenne », avait-il lancé la semaine dernière à des grévistes.
Autre grand atout : Joe Biden reste très populaire parmi la base démocrate, notamment chez les électeurs plus âgés, les plus modérés ainsi que les noirs dont la mobilisation pourrait jouer un rôle important aux urnes. Joe Biden « s’est gagné une véritable sympathie chez les électeurs démocrates » au cours de sa carrière, d’abord de sénateur (1973-2009) puis de vice-président (2009-2017), souligne Kyle Kondik du Centre politique de l’université de Virginie. Mais sa victoire aux primaires démocrates « n’est absolument pas garantie », explique-t-il.
« La question cruciale est de savoir si son niveau de soutien actuel représente plutôt un plancher qu’un plafond ». Et « je ne le qualifierais pas de favori pour décrocher la nomination » démocrate, en juillet 2020, « car je ne pense pas qu’il y en ait un à ce stade », dix mois avant la première primaire, affirme le politologue.
Outre son côté tactile et ses célèbres gaffes, Joe Biden aura aussi à répondre de plusieurs anciens épisodes, comme sa gestion de l’audition sénatoriale tendue d’une femme qui accusait de harcèlement sexuel un candidat à la Cour suprême, ou sa farouche défense d’une loi anticriminalité qui a fini par frapper surtout les noirs.
Joe Biden n’a en tout cas pas peur d’aller au combat contre Donald Trump. À 72 ans, le président républicain l’a, pour sa part, déjà affublé de surnoms moqueurs dont il a le secret. Au-delà de la Maison-Blanche, Joe Biden et Bernie Sanders, 77 ans, sont aussi pour l’instant les mieux placés parmi les démocrates pour tenter d’arracher à Donald Trump le titre… de président le plus âgé de l’histoire américaine.
AFP