L’Adem organisait ce lundi à Luxembourg la 2e édition de son Jobday spécial jeunes diplômés. L’opportunité pour les candidats de rencontrer directement 39 entreprises qui recrutent.
Après une première édition réussie l’an dernier, l’Adem a invité, hier au Tramsschapp, 900 demandeurs d’emploi âgés de moins de 30 ans et diplômés de l’enseignement supérieur (niveau minimum bac+2 ou BTS). Objectif : favoriser les contacts directs avec les employeurs dans des secteurs aussi divers que la finance, l’industrie, la santé, le social, l’IT, les assurances ou la grande distribution.
«Cette forme de Jobday fonctionne bien pour les jeunes diplômés qui, par manque d’expérience professionnelle, peuvent avoir du mal à décrocher un entretien en passant par la voie classique», explique Julie Ransquin, responsable de la communication de l’Adem. «Ici, c’est une occasion unique de se présenter à 39 entreprises en une seule journée.»
Si sauter l’étape du CV et de la lettre de motivation constitue un réel avantage pour les candidats, c’est aussi un gain de temps précieux pour les recruteurs : «Ils n’ont pas besoin d’éplucher les CV, de faire une sélection, d’organiser des rendez-vous. En quelques heures, ils peuvent voir une centaine de personnes.»
«Ce qui compte, c’est la motivation et l’envie de travailler dans notre branche»
Avec une bonne pile de CV annotés devant elle, Iman Rami, chargée des ressources humaines à Alter Domus, est satisfaite de sa matinée : «Je cherche des profils juniors qualifiés dans la comptabilité de fonds et la finance. On a une dizaine de postes ouverts en ce moment», indique-t-elle, ajoutant que sa société embauche tout au long de l’année en fonction des besoins.
Dans son cas, le fait de ne pas avoir d’expérience professionnelle n’est pas un obstacle infranchissable : «Ce n’est pas vraiment un critère pour nous. Tous ces CV intéressants viennent d’ailleurs de candidats totalement inexpérimentés», sourit-elle. «Ce qui compte, c’est la motivation et l’envie de travailler dans notre branche. Les nouvelles recrues sont formées par la suite en interne.»
Et de la détermination, ces jeunes diplômés fraîchement débarqués sur le marché de l’emploi n’en manquent pas. «La plupart des profils que j’ai vus ce matin sont en reconversion professionnelle ou viennent d’arriver dans le pays. Ils ont besoin de travailler rapidement», note l’experte.
C’est le cas de Sara, qui est indienne et vit au Luxembourg depuis à peine sept mois. «Il n’y a pas trop de monde, donc on peut facilement discuter avec de nombreux recruteurs, c’est vraiment bien», se réjouit la candidate, en quête d’un job dans le marketing digital et les réseaux sociaux. «Comme je ne parle que l’anglais, je me rends compte que c’est compliqué. Du coup, je suis ouverte à d’autres types de postes», explique-t-elle.
C’est le nombre de demandeurs d’emploi résidents âgés de moins de 30 ans inscrits à l’Adem en octobre 2024, soit une augmentation de près de 6 % en un an. Le taux de chômage des jeunes au Luxembourg (moins de 25 ans, selon les critères d’Eurostat) atteint 23 % – contre 5,8 % dans le reste de la population active. L’un des taux les plus hauts de l’UE.
La question des langues revient aussi pour Ornella, une jeune Française à la recherche d’un emploi dans les ressources humaines. «J’avais renforcé mon allemand en vue de venir travailler ici, mais ce matin, on m’a clairement conseillé d’apprendre le luxembourgeois», raconte celle qui a enchaîné un VIE (volontariat international en entreprise) et un CDD depuis sa sortie d’école de commerce. Décidée à booster son employabilité en étoffant ses compétences, elle envisage de se spécialiser : «La Provençale propose un poste de gestionnaire de paye, ça pourrait me convenir.»
Adriano, lui, détient un master en langue allemande et se destine au professorat. Cependant, le chemin n’est pas si simple : «J’ai déjà effectué mon stage pour pouvoir enseigner, je dois maintenant envoyer mon CV au ministère et passer le concours», confie ce Dippachois de 29 ans. En attendant de signer son premier CDI, il enchaîne les petites missions. «J’ai déjà été chargé de cours en luxembourgeois, en allemand, en instruction civique, et j’ai aussi exercé comme surveillant», liste-t-il, avec l’espoir de pouvoir donner des cours à l’INL, pourquoi pas, dont il a rencontré l’équipe au Jobday.
La génération Z traîne des idées reçues
Du côté d’Auchan Luxembourg, Carmelina Fioretti, responsable des ressources humaines, est à la recherche de nouveaux chefs de département avec son collègue. «On n’a pas un profil type en tête, on s’adapte. Le savoir-être est très important, l’envie aussi. On creuse plus loin que la première impression.»
Tous deux refusent les idées qui circulent sur cette génération Z, née entre 1996 et 2012, qui serait difficile à engager et à fidéliser selon certains employeurs. «Ce qui peut être perçu comme un manque de motivation vient en réalité de leurs attentes, qui sont différentes par rapport à celles de leurs aînés. On essaye de les comprendre et de s’adapter.»
Son collègue Julien Lienherr, chargé de recrutement, pointe aussi le basculement du rapport de force : «Aujourd’hui, l’offre est beaucoup plus élevée que la demande. Le besoin a changé de camp! Les candidats sont très sollicités et ont conscience d’avoir le choix. Ça joue forcément en entretien», observe-t-il.