Si elle va effectuer, ce vendredi matin, ses grands débuts sur la scène olympique, Patrizia Van der Weken ne devrait pas pour autant être impressionnée plus que cela.
C’est sûr qu’il y a encore quelques années, quand la jeune Patrizia Van der Weken, alors minime ou scolaire, refusait de rejoindre le groupe d’entraînement d’Arnaud Starck : «C’était trop tôt. J’étais trop jeune. En plus le français, c’était compliqué», on n’imaginait pas forcément une telle trajectoire.
Mais depuis, beaucoup de choses ont changé. La gamine s’est transformée en une jeune femme bien dans ses spikes. Qui sait ce qu’elle veut. Et comment faire pour l’obtenir. La timidité s’est muée en assurance qui, en revanche, n’est jamais de l’arrogance. Elle n’est pas là pour écraser ses adversaires, leur faire peur ou quoi ou qu’est-ce. Seulement, désormais, elle sait qu’elle a sa place à la table des plus grandes.
Bien sûr, on ne parle pas – encore – des missiles comme Julien Alfred, qui pourrait apporter à Sainte-Lucie la toute première médaille olympique de son histoire ou de la patronne du circuit mondial, la fantasque mais incroyablement explosive Sha’Carri Richardson. Ni, bien sûr, de la légende Shelly-Ann Fraser-Pryce. Seulement, Patrizia Van der Weken a petit à petit gagné ses galons. Et gravi une à une les marches de la hiérarchie internationale.
Alors qu’elle n’a que 24 ans, celle qui s’apprête à prendre part, aujourd’hui en fin de matinée, à sa toute première épreuve olympique, ne fait pas partie des athlètes qui se satisfont simplement d’être là. De s’être qualifiée. En effet, comme le rappelle son coach et mentor : «Cela fait plus d’un an qu’elle sait qu’elle va à Paris. Elle a eu le temps de se préparer.» Voir Patrizia Van der Weken aux Jeux n’était en fait pas un exploit. Mais une évidence.
Et à compter du 1er juillet 2023, date du début de la période de qualification olympique, la question n’était pas de savoir si la vainqueure des Jeux européens (Div. II) allait le faire mais plutôt quand elle allait se débarrasser de cette petite contrainte : courir en 11« 07. Résultat? Le 2 juillet, à La Chaux-de-Fonds, l’un de ses meetings de prédilection, elle expédiait les affaires courantes en séries avec un 11« 05 suffisant. Même s’il était un tout petit peu moins rapide que son record national exceptionnel, 11« 02 à Dessau, quelques jours avant de prendre la direction de la Pologne pour les Jeux européens : «Ça fait un problème en moins», résumait ainsi la jeune femme, une fois sa qualification assurée.
Avec ces minima en poche, elle n’avait pas besoin, comme ce fut le cas pour aller à Eugene aux championnats du monde en 2022, de multiplier les compétitions un peu partout dans le monde, histoire d’aller grappiller le plus de points possible à gauche et à droite. Eugene, c’était il y a deux ans. Depuis, Patrizia Van der Weken a continué de grandir. Dans la foulée, elle avait atteint les demi-finales des championnats d’Europe multisports à Munich.
Courir, d’abord un plaisir
Championne du monde universitaire l’an passé à Chengdu, elle avait parfaitement assumé son statut de favorite de la compétition. Cet hiver, elle a atteint la finale aux Mondiaux indoor de Glasgow (7e). Et avait enchaîné avec une saison estivale remarquable qui l’a vu rater pour un souffle, un petit centième, une médaille d’argent ou de bronze aux championnats d’Europe de Rome (11« 04) après avoir dominé son sujet en demi-finale avec un nouveau record national à la clef (11« 00).
On ajoute à cela deux premières apparitions méritées en Diamond League avec d’entrée une victoire à Paris puis, quelques jours plus tard, dans un contexte encore plus relevé, une quatrième en 11« 04 à Monaco. On oubliera sa relative contre-performance pour sa dernière sortie préolympique à La-Chaux-de-Fonds (4e de sa série en 11« 22), deux jours plus tard, l’enchaînement n’était tout simplement pas possible.
Patrizia Van der Weken, c’est un corps sculpté par des années d’entraînement, une préparation méthodique parfaitement orchestrée par Arnaud Starck, évidemment un talent comme il en existe peu. Mais aussi et surtout un amour de la course. Et un certain détachement par rapport à tout ce qui se passe autour et pour elle. Les championnats du monde ? «C’est cool!» La Diamond League ? «C’est très cool!» Les JO? «C’est hyper-cool !» Consciente de ses capacités, Patrizia Van der Weken ne paraît jamais se mettre de pression. Courir, c’est d’abord et avant tout un plaisir même si elle le fait de manière pratiquement professionnelle. En résumé, oui, la Luxembourgeoise est une débutante sur la scène olympique. Mais ne comptez pas sur elle pour être impressionnée le moins du monde par ce qui l’attend tout à l’heure sur la piste violette du stade de France. On vous l’a dit, elle sait ce qu’elle veut. Et comment faire pour y arriver !