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[JO-2024] L’arbitre luxembourgeois Julien Viscogliosi de retour sur terre


Julien Viscogliosi en action juste devant Rafael Nadal et ses 14 titres de Roland-Garros au compteur.  (photo Luis Mangorrinha)

LES JUGES LUXEMBOURGEOIS AUX JO Cinq semaines après la finale dames où il a officié, Julien Viscogliosi retrouve les courts de Roland-Garros. Mais cette fois, en mode olympique!

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Il était aux premières loges, lundi en début d’après-midi dans l’écran du Chatrier, quand Rafael Nadal et Novak Djokovic ont fait leur entrée sur le court. On peut presque dire que Roland-Garros, c’est son jardin : «J’ai participé aux trois dernières éditions !»

Lui, c’est Julien Viscogliosi, arbitre luxembourgeois. Qui, il y a un peu moins de deux mois, était tout simplement le premier officiel grand-ducal à opérer en finale du tournoi dames : «C’est un peu comme en rugby, où le sélectionneur appelle un à un chaque joueur pour lui remettre son maillot. Là, les deux arbitres de chaise de chaque finale sont désignés par le chef des arbitres. Et l’arbitre de chaise nomme les juges de ligne qui vont l’accompagner. Tout le monde est dans la même salle. À chaque nomination, tout le monde applaudit. On reçoit un petit trophée, un socle en verre gravé. C’est une belle récompense après une quinzaine très compliquée avec la pluie en première semaine, des collègues qui ont terminé à 3 h 07 du matin, des journées à rallonge…».

Pour Julien Viscogliosi, c’était l’apothéose pour une carrière d’arbitre qui a déjà débuté il y a bien longtemps, alors qu’il n’a pas encore fêté ses 35 ans. Après avoir commencé, comme tous les garçons de son âge, par le foot, son autre passion, lui qui est un fan invétéré de la Roma – «mon papa m’a emmené pour la première fois au stade en 2000» –, il commence à taper la balle sur les courts des Arquebusiers.

Et un jour… «Je devais avoir 13 ans, deux joueurs plus jeunes que moi disputaient un match. Mon coach et moi, on était dans le club house. Il m’a dit qu’ils n’arrivaient pas à s’entendre. J’ai pris une feuille de papier, un crayon, j’ai dessiné des lignes perpendiculaires, horizontales et verticales et j’ai essayé de compter les points. C’était cool !»

Et une fois le virus attrapé, il n’allait plus pouvoir s’en débarrasser. Il fait ses classes, passe les niveaux inférieur et supérieur au Luxembourg, participe à ce qui était alors le Mobilux Open à la Coque et fait même ramasseur de balles au tournoi WTA de Kockelscheuer. Conscient qu’il ne pourrait pas rester dans ce milieu en tant que ramasseur de balles, il s’oriente donc vers l’arbitrage. Il passe son badge blanc, le premier niveau international, qui lui permettra d’être arbitre de chaise lors des dernières années du tournoi de Kockelscheuer.

Sur les courts plutôt qu’au McDo

Et dès qu’il a l’âge de faire des petits jobs d’été, alors que d’autres travaillent au McDo, lui parcourt l’Europe pour vivre sa passion : «Quand j’ai eu mon permis, je me suis dit que j’allais essayer de faire un peu de tennis. Je me suis retrouvé à Stockholm pour un tournoi WTA. Je me suis dit : « c’est cool, tu voyages, tu visites Stockholm. Et en t’arrangeant, tu arrives à voyager sans dépenser, tu travailles, tu rencontres des gens! »».

Pour valider son badge international, il doit également participer à un certain nombre de matches : «L’année avant de passer mon badge blanc, j’avais 150-160 matches à mon actif. J’ai beaucoup matché pour prouver à la fédé internationale ma valeur et montrer à la fédé luxembourgeoise qu’elle pouvait me faire confiance même si j’étais jeune». C’est à Hanovre, pendant quatre ou cinq jours, qu’il va suivre la théorie. Avant de faire valider la pratique dans différents tournois internationaux.

Une fois son badge en poche, il va multiplier les expériences. Et voir de près la plupart des plus grands joueurs de la planète : «Il n’y a que Serena Williams que je n’ai pas pu juger.» Il a évolué à tous les niveaux. Y compris en Coupe Davis. Au Luxembourg, bien sûr. Mais également en Suisse : «Je me souviens d’un match incroyable contre les Pays-Bas. Avec Roger Federer et Stan Wawrinka, il y avait une ambiance de folie à Genève!».

Son activité de juge de ligne ou d’arbitre de chaise est chronophage. Et celui qui est kiné à Robert-Schuman dans le civil ne peut pas non plus partir pendant des semaines et des semaines chaque année. C’est pour cette raison qu’il n’a pas passé d’autres badges. Et qu’il n’a pas non plus officié en Australie ou à l’US Open. Quant à Wimbledon? «J’ai été sélectionné pour les qualifs une fois. Mais deux semaines avant, ils ont changé la date de mon examen et je n’ai pas pu y aller.»

Mais il a réussi à s’imposer à Roland-Garros avec, comme point d’orgue, la finale dames début juin! «C’était un rêve d’enfant. Quand j’étais petit, je regardais ça sur France 2. On se dit qu’un jour, on voudrait y être. Mais les JO, c’est encore plus fort. C’est seulement tous les quatre ans!»

Après avoir déjà eu la chance de juger aux Jeux paralympiques de Rio en 2016, Julien Viscogliosi a fait acte de candidature pour Paris-2024. Et il a été retenu : «C’est juste incroyable. Beaucoup de sacrifices. Des week-ends passés sur les courts, des fêtes de famille où tu ne peux pas rester, ta compagne que tu laisses seule car tu dois arbitrer…».

Depuis qu’il a été prévenu en septembre dernier, il est sur son petit nuage : «Je suis super, super content d’y être. C’est une grande fierté de représenter son pays, son club. C’est aussi une récompense pour ma famille et mes amis !».

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