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[Jeux paralympiques] Habscheid, tout pour la médaille!


Tom Habscheid, ici en pleine action à Schifflange, repart de Paris avec une superbe médaille de bronze. (Photo : luis mangorrinha)

La compétition s’achève pour les Luxembourgeois avec Tom Habscheid, sorti de sa retraite sportive pour un seul but : la médaille!

Si Katrin Kohl découvrait les Jeux paralympiques, Tom Habscheid, lui, est un vieil habitué du rendez-vous planétaire. Paris sera en effet sa troisième apparition sur la plus grande scène du monde. Et pour cette – probable – dernière, l’homme, désormais âgé de 39 ans et né avec une aplasie du fémur, vise une médaille. Retour sur son parcours depuis Tokyo.

IL DÉTIENT LE RECORD DU MONDE DE SA CATÉGORIE…

Tom Habscheid est tout simplement l’un des meilleurs spécialistes au monde dans la catégorie F63. Depuis les championnats du monde de Dubai fin 2019, il détient le record du monde du lancer du poids avec 15,10 m.

…MAIS ILS NE SONT QUE 2 DE SA CLASSE À PARIS

Il y a tellement de catégories différentes de handicap qu’il a été décidé d’en regrouper plusieurs aux Jeux paralympiques. C’est ainsi que si Tom Habscheid évolue en F63, ce qui signifie, en gros, qu’il a besoin d’une prothèse, sur les 10 athlètes engagés, ils sont 8 à faire partie de la catégorie F42, qui ont un handicap à la jambe plus modéré : «Tom a une prothèse. Ses adversaires ont seulement une orthèse», résume Marc Kiefer, le chef de mission. C’est ainsi qu’il va notamment se retrouver face à l’ogre de la catégorie F42, le Britannique Aled Davies, triple champion paralympique et recordman du monde au disque et au poids, qu’il a déjà envoyé à 17,52 m. Intouchable.

IL A DÉCIDÉ D’ARRÊTER APRÈS TOKYO…

Alors qu’il s’était qualifié avec le record du monde, Tom Habscheid venait aux Jeux de Tokyo pour aller chercher la médaille. Finalement, il doit se contenter d’une quatrième place. Déçu et désireux de consacrer plus de temps à sa famille et de ménager un genou qui le fait souffrir, il annonce sa retraite internationale.

IL S’EST MIS AU STRONGMAN

Tom Habscheid n’est pas du genre à se prélasser dans un canapé. L’homme, qui vient d’un petit village près de Dudelange et travaille au Centre national de l’audiovisuel à Differdange, s’est lancé un nouveau défi après avoir raccroché. Lui qui ne s’interdit rien a décidé de se mettre aux compétitions de Strongman : «Il a beaucoup bossé physiquement. Il a fait de la muscu. Il est baraqué. Quand on le voit bouger des charges lourdes, ça a l’air facile. Mais c’est hyper-délicat. Car quand il fait des sauts, des haies, des squats, toute la charge est toujours sur la jambe droite. Il doit d’abord se remettre en équilibre», souligne son pote Bob Bertemes. Qui ajoute : «Il est devenu un strongman!».

IL EST ENTRAÎNÉ PAR UNE LÉGENDE, QU’IL N’A JAMAIS VUE!

Entraîné d’abord par Fernand Heintz, Tom Habscheid avait décidé de recommencer avec lui pour son défi pour Paris. Mais ça n’a pas fonctionné. Il s’est alors tourné vers une autre solution : David Storl! L’Allemand, véritable légende de son sport, multiple champion du monde et d’Europe, vice-champion olympique, s’est lancé dans le coaching. Mais il n’a jamais rencontré le Luxembourgeois : «Il fait le programme d’entraînement. On prend des vidéos des séances de Tom, on les lui envoie et le soir, Tom débriefe avec David», précise encore Marc Kiefer. «On voulait le rencontrer avant les Jeux, mais ça n’a pas marché.»

IL A FAIT UN STAGE CHEZ BOB BERTEMES

Bob Bertemes et Tom Habscheid se connaissent depuis de longues années. Et ce dernier est même venu passer une semaine du côté de Mannheim, il y a quelques années : «Il est venu chez nous pour s’entraîner avec Khalid (NDLR : Khalid Alqawati, l’entraîneur de Bob Bertemes). Et j’ai compris à quel point c’était hyper-compliqué pour lui. Il s’est entraîné comme un malade, il faisait tout avec nous. Il nous a dit qu’il ne voulait pas de traitement de faveur ou qu’on adapte l’entraînement pour lui. Là, je me suis dit : « OK, le mec il sait bosser.«  Il a eu tout mon respect. Il y allait à fond chaque jour. C’était très impressionnant. Et à partir de là, on est vraiment devenus potes.»

SES ENFANTS SONT FANS DE BOB BERTEMES

Le courant est bien passé entre Bob Bertemes et Tom Habscheid : «C’est un mec super sympa. Très drôle. Avec qui on aime bien discuter. On ne peut que l’aimer.» Et c’est donc logiquement que Bob Bertemes a fait la connaissance des deux enfants de son compatriote : «Ils sont fans de moi et moi fan d’eux. Parfois, Tom leur dit qu’ils vont aller à une compétition, eux répondent qu’ils n’ont pas envie d’y aller. Mais quand il explique que je vais lancer, alors ils se réjouissent de venir!» Les deux hommes, qui ont chacun un chien, ont également prévu de les faire se rencontrer, chose qui n’a pas été possible jusqu’ici étant donné les emplois du temps de l’un et de l’autre.

BOB BERTEMES L’A ENCOURAGÉ À REVENIR

Au moment de l’annonce de sa retraite internationale, Bob Bertemes a discuté avec Tom Habscheid et l’a encouragé à continuer. Et quand le colosse de Mannheim a entendu dire que Habscheid s’entraînait à nouveau, il a été l’un des tout premiers à le contacter : «Je l’ai appelé et je lui ai demandé s’il avait repris l’entraînement. Il m’a répondu que oui. J’étais content, car c’est toujours un plaisir de le revoir au stade. De lancer avec lui. Il m’a juste dit de ne pas l’annoncer tout de suite, d’attendre que ce soit officiel».

POURQUOI IL EST DE RETOUR

La réponse est simple : pour aller chercher une médaille. Après avoir terminé 7e à Rio et surtout sur une frustrante 4e place à Tokyo alors qu’il était vice-champion du monde, l’envie de la breloque était la plus forte : «Ça l’a fait chier de faire 4e à Tokyo», indique encore Bob Bertemes avec son franc-parler habituel.

UNE QUALIFICATION LOIN D’ÊTRE ÉVIDENTE

Marc Kiefer a reçu un coup de fil en début d’année : «On était en février ou en mars et Tom m’a appelé et m’a demandé ce qu’il fallait faire pour aller à Paris. J’ai proposé quelques compétitions, je me suis occupé de sa licence, de tout le côté administratif.» Contrairement aux JO, pour la qualification pour les Jeux paralympiques, la performance seule ne suffit pas : «Je crois que la norme était à 12,50 m. Il a lancé à 14,36 m (en mai à Neustadt). Mais il fallait également prendre en compte les qualifiés via les championnats du monde de l’an passé (auxquels Tom Habscheid n’a évidemment pas participé). Et finalement, on a reçu un mail de World Para Athletics indiquant qu’on avait gagné un slot. Mais c’était seulement à la mi-juillet. Le timing était vraiment très court.»

IL ARRIVE EN FORME

Invité pour le jubilé de Bob Bertemes, le 15 août à Belvaux, Tom Habscheid y a effectué son tout dernier concours avant Paris. Et même si la compétition n’était pas inscrite au calendrier international, sa performance en dit long sur son état de forme. Avec un jet à 14,94 m, il n’est qu’à 16 cm de son record du monde! «Mais c’est très bien que la compétition n’ait pas été inscrite au calendrier international de World Paralympics, comme cela, ses adversaires ne se méfieront pas de lui», sourit Marc Kiefer.

ALORS, LA MÉDAILLE ?

Ce samedi, à partir de 20 h 25, Tom Habscheid sera face à neuf autres concurrents sur le cercle de lancer du Stade de France. La règle est simple : après les trois premiers essais, les deux derniers sont retirés et les huit restants auront trois essais supplémentaires. Sur le papier, le Gallois Aled Davies paraît hors catégorie même s’il n’a lancé « qu’à » 15,82 m cette année. Au niveau des engagements, ils sont quatre, en plus de Tom Habscheid, à avoir lancé au-delà de 14 m cette saison. En clair, la lutte derrière Davies promet d’être très chaude pour aller chercher l’argent et le bronze. Et au vu de son état de forme, Tom Habscheid, qui, avec 14,36 m, est inscrit avec le quatrième meilleur résultat des engagés derrière les 14,84 m du Koweïtien Faisal Sorour (PB 15,73 m) et les 14,48 m de l’Ouzbèke Mukhammad Rikhsimov (PB 14,52 m), fait incontestablement partie de ces prétendants. Réponse samedi soir!

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