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Jeux européens : Warling repart bronzée


Jenny Warling tombe dans les bras de Pola Giorgetti. Elle vient de réaliser un incroyable exploit, six mois après une rupture des ligaments croisés du genou. (Photo : dr)

Après un superbe parcours six mois après avoir été victime d’une seconde rupture des ligaments croisés du genou, Jenny Warling a décroché la médaille de bronze des Jeux Européens, jeudi à Bielsko Biala.

De toute façon, elle avait déjà gagné. Le simple fait d’être présente en Pologne était déjà une victoire en soi. En effet, il y a exactement six mois, Jenny Warling venait tout juste d’être opérée d’une seconde rupture des ligaments croisés du genou : «A partir de ce moment, j’ai compté les mois», confie la combattante, qui avait déjà subi la même terrible blessure quelques années plus tôt. Avec, au bout du compte, son titre européen décroché à Guadalajara.

Mais cette fois, le timing était vraiment plus que serré. Après six semaines d’attelle, elle n’a pu reprendre que très progressivement. Elle n’a pas fait de karaté avant le mois d’avril et n’a repris avec l’équipe nationale qu’en mai. La seule bonne nouvelle, c’est que grâce à son classement au moment de sa blessure (dans le Top 5 mondial), elle avait l’assurance de faire partie des huit qualifiée pour les Jeux européens, l’un de ses deux grands objectifs de la saison avec les championnats du monde de Budapest, à la fin de l’année.

Résiliente comme jamais, Jenny Warling n’a jamais renoncé. Chaque jour, chaque petit progrès le rapprochait de son objectif : pouvoir se présenter sur le tatami polonais, fin juin. En revanche, contrairement à sa première blessure, elle n’aurait cette fois pas la possibilité de faire une compétition de préparation.

C’est donc sans aucun combat officiel depuis le mois de décembre dernier qu’elle s’est retrouvée, ce jeudi matin, dans la Bielsko Biala Arena, situé à une centaine de km de Cracovie. La veille, le tirage au sort avait réservé plutôt une bonne surprise. En effet, elle se retrouvait dans la poule B et évitait notamment la n°1 mondiale ukrainienne Anzhelika Terliuga, la n°6, l’Allemande Gizem Bugur, la Turque Yakan Tuba (n°15), ancienne championne d’Europe ou encore l’Italienne Veronica Brunori (n°21), en pleine bourre actuellement.

De son côté, Jenny Warling devait en découdre face à la Polonaise Maria Kerner (n°67), la Bulgare Ivet Goranova (n°35) et l’Azérie Madina Sadigova (n°9).

La règle était claire : les deux premières accédaient aux demi-finales et étaient assurées d’avoir une médaille, puisque deux médailles de bronze sont décernées. Pour son premier combat depuis plus de six mois, elle devait d’abord en découdre face à la Polonaise. Sur le papier, l’adversaire la moins redoutable. Et tout de suite, la Luxembourgeoise rassure sur son état de santé. Agile, entreprenante, elle domine nettement son adversaire même si, au final, le score n’est que de 5-2 en sa faveur. Mais ce qui compte, ce sont les deux points de la victoire.

Dans l’autre rencontre, Ivet Goranova, la championne olympique, a pris le dessus sur Sadigova. Si bien que pour leur deuxième match, Jenny Warling et elle sont au même point sur le plan comptable, avec 2 pts chacune. Leur match est très défensif, les deux se font pénaliser pour non combativité. Et finalement, le match se termine sur le score nul et vierge de 0-0, équivalent à une défaite puisqu’il n’apporte pas le moindre point.

Défaite de justesse contre la n°1 mondiale

On reste donc à 2 pts pour les deux, tout en se doutant bien que Goranova ne manquera pas de montrer sa supériorité face à la Polonaise, qui prend un cinglant 9-0. Goranova en demi-finale, restait donc à départager Jenny Warling et l’Azérie. Malgré la tension logique, c’est Jenny Warling qui marque le premier point, décrochant le si précieux senshu malgré l’arbitrage vidéo immédiatement demandé par l’entraîneur adverse. Mais le point est bien pour elle. Condamnée à prendre des risques, Sadigova revient à la hauteur de Jenny Warling. Mais à 16″ de la fin, c’est la combattante grand-ducale qui inscrit le point décisif, sous les encouragements à toutrompre du petit mais bruyant clan luxembourgeois. Les dernières secondes s’écoulent : Jenny Warling peut sauter dans tous les sens, tomber dans les bras de son coach Raphael Veras, de sa kiné Nina Goedert, de sa partenaire d’entraînement Pola Giorgetti et faire des checks à tout le monde. Après des mois de doute, de travail, de sueur, d’abnégation, elle était assurée de repartir avec une médaille de Pologne.

Pour que l’histoire soit encore plus belle, elle devait affronter pour une place en finale l’Ukrainienne Anzhelika Terliuga, la numéro 1 mondiale. Le combat fut très serré entre deux combattantes qui se connaissent et se respectent mutuellement. Et c’est sur un coup de pied au corps, à quelques secondes de la fin, que l’Ukrainienne écarte de sa route la Luxembourgeoise (0-2). Comme il y a quatre ans, à Minsk, Jenny Warling repart avec une médaille de bronze. Mais l’essentiel est ailleurs au vu de ce qu’elle a dû traverser pour être là. Quel qu’ait été le résultat, Jenny Warling a tout gagné! Et ça fait plaisir de la retrouver comme aux plus belles heures.

De notre envoyé spécial à Bielsko Biala
Romain Haas