Quelque 150 tracteurs de jeunes agriculteurs, venus de toute la Grande Région, ont paralysé, ce mercredi, le trafic sur le pont frontalier à Schengen. Le lieu choisi pour cette première manifestation agricole au Luxembourg, depuis le début de la vague de contestations en Europe, est symbolique. La politique agricole européenne, jugée incohérente et punitive, est visée.
C’est à la veille d’une entrevue avec le gouvernement que les jeunes agriculteurs luxembourgeois sont descendus dans les rues de Schengen, ensemble avec leurs homologues français, belge et allemand. «On n’est pas là pour fustiger la politique menée par le gouvernement luxembourgeois, mais pour réclamer des règles uniformes à l’échelle de l’UE. On se sent comme des agriculteurs européens et comptons envoyer un signal clair à Bruxelles», clame Charles Ferring, le président de la Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren (LLJ).
La décision d’organiser cette manifestation sur la place des Étoiles à Schengen, lieu de naissance de l’accord ouvrant la voie à une Europe sans frontières, a été prise à très court terme. En fin de compte, les associations des jeunes agriculteurs du Grand-Duché, de Moselle, de Sarre et de la Province du Luxembourg ont réussi à mobiliser quelque 150 tracteurs et bien plus de paysans pour bloquer le pont frontalier.
Une ambiance bon enfant
Contrairement aux, en partie violentes, manifestations de ces dernières semaines dans les pays voisins du Grand-Duché, l’ambiance était bon enfant aux abords de la Moselle. Les consignes données étaient claires : pas de blocage inutile du trafic, pas de déchets (pneux, feux, fumier déversé sur la chaussée) ainsi que le respect des injonctions de la police, présente en grand nombre pour réguler le flux de voitures.
Lors d’une conférence de presse, les jeunes agriculteurs de la Grande Région ont fait passer un message sans équivoque, tout en lançant un appel à leurs homologues des 24 autres États membres de l’UE. «Il faut s’élever tous ensemble contre Bruxelles et la politique agricole qui nous emmerde», lance ainsi Charles Welbes, membre du comité de la LLJ.
Cinq revendications majeures
Cinq revendications-clés ont été formulés, ce mercredi, à Schengen. Le dénominateur commun est que l’UE relance une véritable union agricole, avec des règles uniformes et raisonnables, pour l’ensemble des 27 États membres. La règlementation devrait être soutenu par des «principes agronomiques et scientifiques, et, donc, sans idéologie, surtout dans le domaine de la protection de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique.
L’engagement pour une agriculture plus durable n’est cependant pas remis en question par les jeunes agriculteurs. Ce travail ne devrait cependant pas se faire «au détriment des revenus».
Stop au dumping des importantions
La seconde revendication concerne l’imposition des mêmes normes pour les producteurs de pays tiers à l’UE, qui importent, selon Marc Bodo, président des Jeunes agriculteurs de Moselle, risquent d’«empoisonner les consommateurs». Les critères de qualité appliqués en dehors de l’Europe seraient, en effet, bien moins importants, avec à la clé, des produits de moindre qualité. Ce dumping des importations doit cesser aux yeux des jeunes agriculteurs.
Toujours en lien avec l’UE, la prochaine génération d’agriculteurs réclame une sécurité en matière de planification. Les investissements pour s’élancer seraient importants, et ne pourraient que difficilement être réadaptés, si tous les sept ans, Bruxelles impose d’autres règles lors de la révision de la Politique agricole commune (PAC).
Une poignée de députés présents
Les quatre associations présentes à Schengen ne comptent pas imposer d’ultimatum à la Commission européenne pour agir. Néanmoins, ils se disent prêts à mobiliser largement pour se rendre à Bruxelles et manifester aux portes des institutions européennes.
Les députés luxembourgeois Claire Delcourt (LSAP), Ben Polidori (Parti pirate), Tom Weidig (ADR) et Luc Emering (DP), ancien président de la LLJ, étaient présents, ce mercredi, à Schengen.
Levée du blocage avant l’heure de pointe
Le blocage du pont frontalier devait être levé avant l’heure de pointe, afin de permettre aux frontaliers de rentrer sans entrave majeur. Un retour en force des jeunes agriculteurs, y compris luxembourgeois, n’est cependant pas exclu.
Un échange avec le gouvernement ce jeudi
Côté grand-ducal, de grands espoirs sont placés dans le nouveau gouvernement conservateur-libéral. Ce jeudi, le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), va recevoir les présidents des trois syndicats agricoles (Centrale paysanne, FLB et Baueren-Allianz) ainsi que la LLJ pour un échange de vues. Les ministres de l’Agriculture, Martine Hansen (CSV) et de l’Environnement, Serge Wilmes (CSV), seront également présents à la réunion, organisée en milieu d’après-midi au ministère d’État.
«On a mis aujourd’hui (lire mercredi) les problèmes nationaux de côté. Cela n’empêche pas que l’on peut résoudre de nombreux problèmes à l’échelle nationale», souligne dans ce contexte Charles Ferring, le président des Jeunes agriculteurs luxembourgeois.
L’europe s’enfonce dans le marasme.
Les deux causes principales:
1. l’excès d’administration
2. la folie écolo punitive