Omniprésent durant ce week-end d’ouverture, Jempy Drucker, 6e dimanche à Kuurne, est reparti satisfait de Belgique. Dimanche prochain, il sera au départ de Paris-Nice.
On ne sait pas bien ce qu’il aurait pu faire de plus, samedi, si Jempy Drucker n’avait pas été victime d’une crevaison (roue avant) à environ 57 kilomètres de l’arrivée. Non seulement, il est revenu sur le devant de la scène, mais il a redoublé d’ardeur au travail. Finalement, sa sixième place acquise dimanche à Kuurne (il avait déjà terminé cinquième en 2015) récompense sa grande débauche d’énergie.
Prenez-vous cette sixième place comme une récompense?
Jempy Drucker : C’est bien. D’autant plus que je n’étais pas très bien tout au long de la journée. J’avais le Het Nieuwsblad dans les jambes. Pendant les 150 premiers kilomètres, je n’étais pas super. Puis on a commencé à rouler plus vite et ça s’est débloqué.
J’étais bien, toujours placé à l’avant. Mais j’avais manqué le coup lorsque le groupe de Greg (Van Avermaet) s’est retrouvé à l’avant à la suite d’une chute dans le peloton (NDLR : à 86 km de l’arrivée). C’est tombé juste devant moi, donc j’ai été gêné. C’est un moindre mal. Je suis resté au chaud dans le peloton de contre.
J’ai vu qu’il y avait là tous les sprinteurs comme Groenewegen. Donc je n’ai pas bougé une oreille et j’ai misé sur un sprint massif puisque l’équipe Lotto NL roulait à bloc. Je pensais bien que ça reviendrait.
Vous terminez sixième comme en 2015…
Oui, sur le final, une fois que nous sommes revenus sur le groupe de Greg, il m’a bien aidé et m’a emmené dans les derniers kilomètres. Sixième à Kuurne ça me va, même si cette course n’a pas l’impact d’une grande classique, ce n’est pas la course la plus prestigieuse, mais c’est un bon petit résultat quand même. Je ne peux pas me plaindre!
Revenons au Het Nieuwsbald la plus importante course du week-end d’ouverture. Samedi, on vous a vu partout pour travailler pour votre leader, Greg Van Avermaet. Et finalement un outsider (Michael Valgren) l’a emporté. Ce n’est pas frustrant?
C’est la course. On a essayé. Cela n’a pas marché. BMC n’est pas la seule équipe à avoir échoué. Quick-Step s’est trouvé dans la même situation. Moi, par exemple, je savais que Gilbert allait attaquer alors je me suis mis dans sa roue lorsqu’il est passé à l’action dans le deuxième passage du Leberg. Il reste un peu moins de 100 kilomètres.
Pourquoi, finalement, la course n’a jamais pu se décanter réellement? À cause du vent?
Pas seulement. Je crois que les petites côtes asphaltées qui précédaient le Molenberg où tout le monde prédisait que le final allait prendre une tournure définitive, a fait souffrir le peloton. C’était vraiment difficile de faire la différence. D’ailleurs, lorsqu’on voit que le peloton est encore composé de 80 coureurs au pied du Grammont, on comprend que le niveau est toujours plus élevé.
Tous les coureurs présents au départ sont capables et entraînés pour encaisser des hautes intensités d’efforts sur trois minutes. Pour le vent, c’est vrai qu’il soufflait fort et de face, mais seulement après le Bosberg alors qu’il ne restait que huit kilomètres. Oui, ça a joué un peu contre les attaquants. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de durcir la course…
En tant que coéquipier, vous avez abattu un énorme travail…
Je me sentais vraiment très fort. Mon rôle était clair. Avec Stefan Kung, on devait filtrer les coups sur les 100 derniers kilomètres. Et même, on devait essayer de durcir la course. Ce que nous avons fait. J’ai fait mon boulot, je pense. Certes, j’ai eu ma crevaison. Je suis revenu au pied du Molenberg en passant de groupe en groupe.
Ensuite, on filait vers le Mur de Grammont et je suis allé voir Greg pour lui suggérer de durcir la course. Il était O. K. C’est pour ça que j’ai pris les devants. Je ne m’attendais à me retrouver esseulé.
Avec le recul, je me dis que si j’étais monté un peu moins vite au pied, alors, j’aurais pu tenir les roues jusqu’au bout puis qu’au sommet du Grammont, je passe avec (Lukasz) Wisniowski qui fait deuxième à l’arrivée. Je n’étais pas si mal que ça…
À 31 ans, vous donnez l’impression d’avoir encore progressé. C’est votre sentiment?
Oui, mais je pense que le fait de n’avoir pas dû rouler un tempo en tête de peloton à Oman, contrairement à l’an passé, m’a fait du bien. L’an passé, je me sentais diesel. Et j’ai beaucoup travaillé les intensités à l’entraînement. Du coup, je me sens plus fort, plus incisif. Tout ça porte ses fruits.
Quels enseignements tirez-vous de ce week-end d’ouverture concernant les leaders?
Tous les favoris sont là où ils voulaient être. Mais manifestement, il y a de plus en plus de monde. C’est la preuve que tout le monde travaille bien. Personne ne s’est détaché même sur le Mur de Grammont, Sep Vanmarcke était impressionnant mais à chaque fois il l’est sur le Het Nieuwsblad.
Le soleil brillait, mais il faisait très froid. C’était un problème?
Pas pour moi car j’aime ça et je préfère le froid à la chaleur. Par contre, ce dimanche sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, il faisait encore un peu plus froid et j’ai même eu un peu mal aux poumons.
Dimanche, vous prendrez le départ de Paris-Nice. Quelle sera votre mission?
Je suis vraiment ravi de découvrir cette épreuve. Notre leader pour le classement général devrait être Tejay Van Garderen. Pour le reste, on essaiera, avec Jurgen Roelandts (NDLR : le coureur belge avait chuté vendredi à l’entraînement et ne se sentait pas au mieux samedi) de jouer le coup sur les premières étapes qui devraient nous convenir. Nous jouerons notre carte lorsqu’on le pourra.
Denis Bastien