Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
BGL LIGUE (5e JOURNÉE) Ancien président de la Jeunesse et de Mondercange, Jean Cazzaro a les yeux qui pétillent avant le retour du derby.
Jean Cazzaro est un ancien président heureux. Après dix années à la tête du FC Mondercange entre 1994 et 2004 et seize années à celle de la Jeunesse Esch entre 2004 et 2020, il va pouvoir se rasseoir en tribunes, à la Frontière, ce dimanche, pour assister au premier derby en douze ans entre ses deux anciens clubs. Un moment très particulier surtout pour les Mondercangeois, alors que Dinis de Sousa, coach de l’actuel surprenant 3e de DN, assure que la Jeunesse «est une grande endormie mais qui reste favorite parce qu’elle a l’expérience». Même s’il ne le dira pas, Jean Cazzaro, qui échappe encore un discret «on» en parlant de la Jeunesse, est peut-être de son avis.
À quel point est-ce un plaisir de revoir un Jeunesse – Mondercange?
Jean Cazzaro : Je suis président d’honneur des deux clubs, un titre qu’on octroie aux gens méritants et j’imagine que je dois en avoir, des mérites, sinon on ne me l’aurait pas donné. Ce derby, c’est 26 ans de ma vie et ça avait commencé notamment avec deux finales de Coupe perdues contre… la Jeunesse (NDLR : 1999 et 2000), mais aussi une Coupe d’Europe et le meilleur classement jamais atteint par le club en DN avec une cinquième place. Les meilleurs résultats, ils ont été faits sous mon ère…
Un Mondercange qui puisse faire mieux, cette saison, vous l’imaginez?
José Dhur travaille bien et il va me dépasser en termes de longévité à la tête du club mais… (il sourit) non, il ne fera pas aussi bien en ce qui concerne les résultats. Disons qu’ils joueront le milieu de tableau… Ou peut-être un tout petit peu plus. Je les ai vus deux fois jusqu’à présent et ça joue très bien. Et M’Barki, quelle efficacité! La Jeunesse aussi, je l’ai vue, mais à elle, il lui manque encore quelque chose devant. Ils n’ont pas encore un M’Barki sous la main.
Qui est le favori, ce dimanche?
Disons que sur ce que j’ai vu, je dirais que Mondercange a un petit plus justement à cause de M’Barki. Nous contre Wiltz (NDLR : victoire 1-0), on a eu des occasions, mais elles n’ont pas fini au fond et d’ailleurs, elles n’étaient même pas cadrées. Mais je remarque aussi que Mondercange a pas mal d’anciens joueurs de la Jeunesse. Même son coach est un ancien Eschois. Dinis, c’est un travailleur. Il a l’ADN de la Jeunesse.
Vous pousseriez le vice jusqu’à oser un pronostic?
Je dirais match nul pour ne vexer personne. Moi, ça me rendrait content, mais vu la situation, je suis presque persuadé que je serai le seul au stade. Ce sont deux clubs qui me tiennent à cœur et je sais que pour le FC Mondercange, c’est toujours spécial de jouer à la Frontière. D’ailleurs, je ne sais pas si je suis aussi bien vu à la Frontière que je le suis à Mondercange.
Henri Bossi, c’était le meilleur choix possible
La position longtemps hostile des fans eschois à votre encontre n’a même pas évolué après l’échec de la greffe grecque?
Je ne sais pas, je n’ai pas eu d’échos.
Avec le recul, que pensez-vous de cette aventure grecque?
Ils ont laissé le club dans de sérieux problèmes financiers. Et même dans un état critique. Je n’ai jamais aimé, quand j’étais président, qu’on se mêle de mes affaires, mais là, on peut le dire : la première année était pas mal mais la seconde non, même s’il y a eu beaucoup de malchance. Avec le recul, je me dis que ça ne pouvait pas marcher. Cela ne fonctionnait pas : le président (NDLR : Manthos Poulinakis) était trop loin et celui qu’il avait mis pour diriger le club (NDLR : Panos Katsaïtis) ne connaissait pas le job.
Et où en est-elle, selon vous, de sa reconstruction?
Il lui faudra deux ou trois ans mais avec Henri Bossi, ils ont trouvé le bonhomme qu’il faut pour ça. Dans ce cas de figure, c’était le meilleur choix possible. Pour l’heure, la situation ne m’inquiète donc pas, mais je pense que pour cette Jeunesse-là, il sera très difficile de faire ne serait-ce qu’une 8e place, comme la saison passée.
Finira-t-elle derrière Mondercange?
Oui, c’est possible. Mais si elle finit derrière Mondercange en haut de tableau, moi, ça me va.
L’actualité de ce week-end est aussi malheureuse : c’est l’état de santé de l’un de vos anciens coaches, Dan Theis, en soins intensifs après son incident cardiaque…
J’ai trouvé ça choquant. Il est si jeune… C’est un gars qui vit le foot à 100 %, on ne pourra jamais lui enlever ça. J’espère qu’il va s’en remettre. On l’espère tous.
