Condamné à 2 000 euros d’amende, le quinquagénaire avait interjeté appel. Vendredi, il a de nouveau contesté avoir visé les migrants dans des commentaires sur Facebook.
«Je ne suis pas raciste. J’ai critiqué la politique, mais pas les migrants… » C’est dans de longues explications que le prévenu de 57 ans s’est lancé vendredi matin à la barre de la Cour d’appel. Poursuivi pour incitation à la haine raciale sur Facebook, le quinquagénaire avait écopé en mars dernier de 2 000 euros d’amende en première instance. Il avait interjeté appel.
Impossible, selon lui, de le qualifier de raciste, car il travaillerait lui-même avec des migrants. Régulièrement il aiderait des gens des pays tiers à l’UE en faisant des traductions ou en leur apprenant l’allemand. « J’ai écrit qu’il faut aider les migrants, mais pas en Europe », s’est encore défendu le quinquagénaire qui bénéficie d’une rente d’invalidité. Le président a finalement dû le couper dans son élan : « Ce que vous racontez aujourd’hui n’a rien à voir avec votre post sur Facebook, dont nous sommes saisis. »
«Mon meilleur ami vient d’Érythrée»
Il avait en effet publié en septembre 2015 sur le profil Facebook de la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, un commentaire rédigé en allemand sous la photo de migrants fraîchement arrivés de Syrie et accueillis par la ministre. En voici la teneur : «…qu’elle nous explique plutôt pourquoi nos enfants sont sans cesse frappés et dérobés par des enfants de migrants ou pourquoi les enfants de migrants ont le droit de vendre de la drogue près des écoles…»
Portable en main, le quinquagénaire a tenté de convaincre les magistrats. « Mon meilleur ami vient d’Érythrée. Voyez, parmi mes contacts, vous ne trouverez pas un Allemand. Car je ne suis pas raciste », a-t-il lancé au président.
« Mon client a juste posé une série de questions critiques à la ministre. Cela fait partie de la liberté d’expression. Ce n’est pas de l’incitation à la haine », a renchéri M e Nicky Stoffel. La défense, qui a plaidé l’acquittement, a encore parlé de « formulations malencontreuses ».
Le ministère public avait lui aussi interjeté appel dans cette affaire. Vendredi, la représentante du parquet général a toutefois demandé de confirmer le jugement de première instance : « La peine est appropriée », estime-t-elle. Et de constater : « Dans ce type d’affaires, on entend toujours la même chose : ils ne sont jamais racistes. Il s’agit de commentaires malencontreux… » Pour le parquet général, les propos du prévenu constituent clairement de l’incitation à la haine : « Il ne s’agit pas d’une discussion sur l’aide au développement, mais d’accusations concrètes visant les enfants de migrants. » On ne pourrait pas non plus parler de liberté d’expression, car il ne ferait pas de critique constructive, a-t-elle ajouté.
Jusqu’au bout le prévenu aura campé sur sa position. Le président venait juste d’annoncer que la Cour d’appel rendrait son arrêt le 9 janvier qu’il avait de nouveau pris la parole : « Je ne suis vraiment pas un raciste! »
Fabienne Armborst