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Trafic de cocaïne : «Je n’ai pas fait de deal avec Boban»


Depuis début octobre, Boban B. comparaît avec neuf autres prévenus pour avoir mené un important trafic de marijuana et de cocaïne. (Photo : Fabienne Armborst)

Il n’y aurait eu remise ni d’argent ni de cocaïne. À la barre, le dealer d’Anvers, Feti P., a prétendu mercredi qu’ils n’avaient pas pu se mettre d’accord sur le prix.

Pendant de longues heures, les prévenus ont déjà été questionnés sur le trafic de marijuana. Mercredi après-midi lors de la 14e audience du procès, le tribunal correctionnel s’est attaqué au volet cocaïne. C’est via ses contacts aux Hells Angels que le principal prévenu Boban B. aurait monté son trafic de cocaïne et de speed. Parmi ses fournisseurs, les enquêteurs ont cité les prévenus Geert D. et Feti P., tous les deux originaires de Belgique.

« Non, ce n’est pas vrai.» «Je ne sais pas.» «Peut-être.» «Oui, mais…» «Il faut lui demander lui-même.» «Je ne sais pas, mais je ne le pense pas.» Ce ne sont que quelques-unes des bribes de réponses que le prévenu Feti P. (42 ans) a lâchées hier après-midi. Peu d’informations ont filtré sur le club des Hells Angels.

«Je suis ici pour me défendre, pas pour repousser la faute sur quelqu’un d’autre», a très vite fait comprendre Feti P., actuellement détenu à Schrassig. L’ancien membre des Hells Angels conteste avoir vendu de la cocaïne à Boban B. : «Je n’ai pas fait de deal avec lui.» Il n’y aurait pas non plus eu de remise d’argent. La raison, d’après lui : «Boban B. m’a demandé si je pouvais lui en vendre. Mais on ne s’est jamais mis d’accord. Le prix que je lui demandais était plus haut que ce qu’il voulait payer. Je lui demandais 31 000 euros pour un 1 kg de cocaïne, mais lui voulait seulement me donner 25 000 euros.»

Pas toujours facile de suivre Feti P. dans ses explications. Car ce dernier a pris l’habitude de contrer chaque question posée par le tribunal par une autre question. À la fin de son audition, il s’est toutefois un peu perdu. À la suite d’une question, il ne savait ainsi plus quel prix Boban B. lui avait proposé pour acheter la cocaïne. Interrogé par le parquet sur les prix du marché de la cocaïne et du speed, il s’est montré plus hésitant : «31 000 euros pour un 1 kg de cocaïne, car c’est le prix dont on parle dans la rue.» Pourtant quelques instants plus tôt, il avait clairement donné son prix.

Quand le parquet l’a questionné sur l’organisation des Hells Angels, ses réponses sont devenues encore plus lacunaires. «Non, je ne veux rien dire là-dessus», a-t-il dit avant de préciser que tout ce qu’il faisait n’avait rien à voir avec le club.

«Je ne répondrai pas à vos questions!»

En fin d’audience, Boban B. (32 ans) ne s’est pas montré plus loquace sur les Hells Angels. Selon l’enquête, le trentenaire a intégré le club en 2012. Le lendemain d’une remise d’enveloppe à Bruxelles, les enquêteurs avaient observé une remise de paquet à Arlon. Hier, Boban B. n’a pas pipé mot de son contenu : «C’est une affaire du club. Voilà pourquoi personne n’en parle. Mais il ne contenait pas de drogue! C’est tout ce que je peux vous dire.»

Les enquêteurs avaient également observé une autre rencontre entre Boban B. et Feti P. sur le parking d’un magasin de meubles à Dudelange. «Qu’est-ce qu’étaient donc tous ces agissements avec Feti P.? Pourquoi est-il venu au Luxembourg depuis Anvers?», a tenté de creuser le président. «Ce jour-là, il n’y a sûrement pas eu de remise d’argent ou de drogue», a prétendu Boban B. Le substitut principal avait également préparé une série de questions. «Je ne répondrai à aucune de vos questions», l’a coupé Boban B. Et il a tenu parole. À chaque fois que le tribunal n’a pas reformulé la question du parquet, la réponse du trentenaire était : «Pas de réponse!»

Le prévenu Geert D., un autre membre des Hells Angels en 2012, est également poursuivi pour avoir été impliqué dans ce trafic de drogue. Mais il ne s’est présenté que le premier jour du procès. Il avait alors expliqué aux juges souffrir d’une maladie incurable affectant ses nerfs : «Est-ce que votre client entend encore se présenter au tribunal? Il est toujours malade?», a demandé mercredi le président à son avocat. Ce dernier a confirmé : «Il est toujours hospitalisé dans une clinique psychiatrique. J’ai une nouvelle attestation.»

Suite du procès mardi matin avec le réquisitoire du parquet. À noter que pour ce procès, l’ordre des plaidoiries a été inversé. À la demande de la défense, les avocats plaideront après le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst

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