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Jardin : des changements nécessaires pour s’acclimater


En laissant le gazon plus sauvage, par exemple, il deviendra plus résistant. (illustration DR)

Avec le réchauffement climatique, il faut revoir beaucoup des principes que l’on a appris sur le jardin. Voici quelques conseils pour s’adapter.

Les bons conseils des anciens ne sont malheureusement plus toujours valables. Mais il y a tout de même une bonne nouvelle : «Désormais, on peut planter des essences que l’on trouvait habituellement plus au sud, par exemple le figuier», explique Georges Moes, ingénieur agronome employé de natur&ëmwelt Fondation Hëllef fir d’Natur. Chaque année, celui planté au jardin méditerranéen de Schwebsange, où travaille Georges Moes, donne une franche récolte. «Pour le plaqueminier, c’est la même chose, il donne un tas de fruits (le kaki). Même notre kiwi peut produire jusqu’à 300 kg de fruits certaines années.»

Ce kiwi a déjà une vingtaine d’années, mais il a pu pousser car il était contre un bâtiment, ce qui lui est assez favorable. «Pour le moment, il ne pourrait pousser au milieu d’un verger traditionnel, mais ce sera peut-être le cas d’ici vingt ans», s’aventure l’ingénieur agronome. Rappelons tout de même que le jardin méditerranéen bénéficie du climat le plus sec et chaud du Luxembourg, puisque la Moselle a un microclimat. C’est d’ailleurs pour cette raison que la culture de la vigne prolifère dans cette région.

Mieux choisir son terrain

D’autres arbres sont expérimentés au sein du jardin méditerranéen, tels que les mûriers. «Ils peuvent fonctionner en situation plus abritée», explique Georges Moes.

Aujourd’hui, on plante généralement des cerisiers, des pommiers ou des poiriers, mais bientôt le figuier pourrait remplacer certains de ces arbres. «Ce qu’on constate déjà aujourd’hui, c’est que les poiriers souffrent de la chaleur. C’est le cas de beaucoup d’arbres anciens et rustiques, c’est un véritable problème pour le poirier», assure l’ingénieur agronome.

Cela ne signifie pas pour autant la disparition pure et simple de cet arbre fruitier, mais il faudra s’adapter : «Cela dépend de la variété. D’ailleurs, dans le Sud, on voit d’autres variétés de poiriers. C’est la même chose pour le pommier, il faut trouver des variétés qui résistent davantage à la chaleur.»

Pour l’instant, ce changement ne s’est pas encore fait au Luxembourg, mais c’est quelque chose qui devra être réfléchi rapidement. Une autre solution existe : «Si les terrains deviennent plus secs, il faudra trouver un emplacement plus apte à la croissance de cet arbre», explique Georges Moes.

Un sol qui stocke l’eau

À l’avenir, mieux vaut donc éviter de planter des végétaux qui auraient trop besoin d’eau «comme la rhubarbe. De façon générale, la plupart des plantes à grandes feuilles nécessitent beaucoup d’arrosage, prévient le spécialiste. On peut par contre favoriser les plantes aromatiques. Si on ne veut pas faire ce changement, il faut s’organiser pour arroser plus fréquemment» et éventuellement mettre en place un arrosage automatique. «Mais ce n’est pas la philosophie du jardin méditerranéen, où l’on favorise la permaculture. On va plutôt se pencher vers d’autres solutions qui respectent l’organique, comme améliorer le sol pour qu’il stocke davantage l’eau, par exemple en apportant de l’humus ou du compost.» L’humus est la couche supérieure du sol créée, entretenue et modifiée par la décomposition de la matière organique, qui retient bien l’eau. Quant au compost, on peut le produire soi-même.

Autre conseil important de l’ingénieur agronome : imaginer davantage de couvertures et d’ombrages pour son jardin, notamment grâce aux arbustes et aux arbres. «Cela fait baisser la température au niveau du sol. Tous les spécialistes en permaculture et en agroforesterie (NDLR : un mode d’exploitation des terres agricoles associant des arbres et des cultures ou de l’élevage pour protéger les sols) sont d’accord sur ce point. Dans les zones chaudes, il est d’autant plus important de créer plusieurs étages.» L’inconvénient, c’est que cette méthode permet à moins de lumière d’arriver au sol, il faut donc en tenir compte dans le choix des plantes.

Selon Georges Moes, le public semble prendre conscience de la nécessité de ces changements : «Quand les gens viennent visiter le jardin méditerranéen, ils sont curieux, nous posent beaucoup de questions sur le sujet.» Un bon présage pour l’avenir.

Audrey Libiez

Le jardin méditerranéen est ouvert jusqu’au 30 septembre les jeudis et vendredis de 14h à 17h. Il sera exceptionnellement ouvert ce dimanche pour la fête du Vin de Schwebsange aux mêmes horaires.