Il ne doit sa place qu’au changement de sélectionneur de dernière minute: à 32 ans le Japonais Keisuke Honda joue certainement sa dernière Coupe du monde, lui qui rêve de la gagner depuis que son père lui a montré enfant une vieille cassette des prouesses de Pelé.
« Je sens que cette Coupe du monde est ma dernière », s’est épanché vendredi l’ancienne star de l’AC Milan au camp de base des « Blue Samouraï » à Kazan.
« J’ai 32 ans et une période de quatre ans, c’est long. Je ne peux pas décider maintenant pour (ce qui se passera) dans quatre ans, je consacre donc toute mon énergie à cette Coupe du monde », a expliqué celui qui est pour le moment relégué au rôle de remplaçant en sélection pour son troisième Mondial.
Entré en jeu pour les vingt dernières minutes du match contre la Colombie, Honda a participé à la première victoire historique d’un pays asiatique contre une sélection sud-américaine.
Le joueur du CF Pachuca, modeste club de D1 mexicaine, compte sur son vécu pour aider ses partenaires à franchir dimanche à Ekaterinbourg l’obstacle du Sénégal, avec qui les « Blue Samouraï » partagent la première place du groupe H.
« Je suis un joueur d’expérience, je suis confiant et je sais ce que nous devons faire lors du prochain match contre le Sénégal » dimanche, a assuré le joueur aux 36 buts en 96 sélections avec le Japon.
« Et même si nous perdons contre le Sénégal, je sais comment éviter la pression et se préparer pour la Pologne (le match suivant). »
Malgré ses 7 buts inscrits pendant la campagne de qualification du Japon, Keisuke Honda a bien failli ne jamais voir la Russie, lui qui était en délicatesse avec l’ancien sélectionneur, le directif Vahid Halilhodzic arrivé à la tête des « Blue Samouraï » en 2015.
« Ça aurait été une honte »
Mais le limogeage du technicien franco-bosnien en avril — à peine plus de deux mois avant le début du Mondial — a offert à Honda une participation inespérée à sa troisième Coupe du monde.
« Je n’ai pas de regrets (quant au changement de coach) », a balayé le polyvalent attaquant japonais dans un documentaire diffusé mi-mai au Japon. « M’astreindre au type de football proposé par Halilhodzic dans le but d’être sélectionné, ça aurait été une honte pour moi. »
Les premiers matches de préparation du Japon après la reprise en main de l’équipe par le directeur technique de la fédération nippone Akira Nishino n’ont pourtant pas été brillants et se sont soldés par deux défaites 2-0 contre le Ghana puis la Suisse.
Mais une dernière victoire 4-2 contre le Paraguay a permis aux « Blue Samouraï » de se rassurer un peu avant le début du tournoi.
Bien lancés par leur victoire contre la Colombie (2-1), les Japonais peuvent espérer passer le premier tour et Honda vivre ses rêves de jeunesse.
« Mon objectif était (de gagner) la Coupe du monde quand j’étais enfant parce que mon père m’avait montré une vidéo de Pelé à la Coupe du monde », a raconté l’attaquant blond peroxydé à son camp de base de Kazan. « Depuis que j’en ai fait mon objectif, je me suis concentré là-dessus. »
« Je suis vraiment heureux de jouer au football à 32 ans, je ne veux pas vraiment avoir de regrets après cette Coupe du monde. »
Le Quotidien / AFP