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Jair Bolsonaro : quel programme, précisément ?


Jair Bolsonaro a été élu dans la nuit de dimanche à lundi (heure de Luxembourg). Personnage sulfureux d'extrême-droite, voici quelques points marquants de son programme (Photo : AFP).

Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu dimanche président du Brésil avec un programme ultra-libéral sur le plan économique et qui comprend comme mesure phare contre la violence la libéralisation du port d’arme.

Économie

•Réduction de la dette de 20% par le biais de privatisations.

• Création d’un système parallèle de retraite par capitalisation.

• Un « super-ministère » de l’Économie serait créé, avec aux commandes le « Chicago Boy » ultra-libéral Paulo Guedes.

• Réorganiser le système fiscal « pour que ceux qui paient trop d’impôt en paient moins ».

Politique pénale

• Abaissement de la majorité pénale de 18 à 17 ans. Il souhaitait auparavant l’abaisser à 16 ans, mais a affirmé récemment avoir changé d’avis, par crainte de ne pas parvenir à faire approuver une réduction à 16 ans au Parlement.

• Assouplissement de la législation sur le port d’armes. « Les armes sont des instruments qui peuvent être utilisés pour tuer ou pour sauver des vies. Ça dépend de qui s’en sert ».

• Assurer la « protection juridique » de policiers s’ils font usage de leur arme en service.

• Avec le slogan « arrêter et maintenir sous les verrous », il préconise plus d’incarcérations, dans un pays dont les prisons sont déjà surpeuplées. Il propose notamment d’en finir avec des programmes de libération conditionnelle ou d’aménagement de peine.

• Jair Bolsonaro propose de qualifier de « terrorisme » des invasions de propriétés rurales ou urbaines.

Anti-corruption et politique étrangère

• « Nous voulons un gouvernement décent, différent de tout ce qui nous a plongé dans la crise éthique, morale et budgétaire ». Il a promis de diviser par deux le nombre de ministres, afin de limiter les arrangements entre partis.

• « Nous allons arrêter de faire l’éloge de dictatures assassines (référence au Venezuela) et de dénigrer des démocraties importantes comme les États-Unis, l’Italie ou Israël ».

• Son programme ne mentionne pas le Mercosur, espace de libre-échange latino-américain. Il préfère « mettre l’accent sur les relations et accords bilatéraux ».

Éducation

• Il défend un retour à l’ordre moral: « les programmes scolaires et méthodes d’enseignement doivent changer. Avec plus de mathématiques, plus de sciences et de portugais. Sans endoctrinement ni sexualisation précoce ».

• Jair Bolsonaro propose aussi d' »inverser la pyramide », pour concentrer plus d’investissements dans l’école primaire que dans l’enseignement supérieur. Il a affirmé vouloir promouvoir l’enseignement par correspondance dans les localités difficiles d’accès, pour « aider à combattre le marxisme », que prôneraient des enseignants, et pour faire des économies.

• Il a également promis d’implanter un collège militaire (géré par l’armée) dans chacune des 26 capitales d’État ainsi que dans le district fédéral de Brasilia. Actuellement, il en existe 13, dans 11 capitales.

Démographie et liberté sexuelle

• Son programme ne mentionne pas le sujet, mais il a promis d’opposer son véto à toute tentative d’assouplissement d’une loi déjà très restrictive. Au Brésil, l’IVG n’est autorisée qu’en cas de viol, de risque pour la mère ou de grave malformation du cerveau du foetus.

• En tant que député, il a prôné des mesures en faveur du contrôle de la natalité, comme le remboursement par l’État de vasectomies ou de ligature des trompes.

• Le programme officiel ne mentionne à aucun moment les droits LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Le candidat a défrayé la chronique avec des déclarations homophobes. Ces dernières semaines, cependant, il a nuancé son discours, s’affichant avec des homosexuels. « Les homosexuels seront heureux si je suis président », a-t-il affirmé début octobre à une radio du Pernambouc (nord-est) . « Nous allons faire un gouvernement pour tout le monde. Y compris pour les gays, d’autant plus qu’il y a des gays qui sont aussi des parents », a-t-il renchéri.

Écologie et Indiens

• Il a le soutien du puissant lobby de l’agrobusiness au Parlement. Son programme n’évoque ni la déforestation ni le réchauffement de la planète. Il ne parle pas non plus d’un éventuel retrait des Accords de Paris sur le climat, auquel il aurait fait une fois allusion. Il a prévu de regrouper les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, même s’il s’est dit récemment « ouvert à la négociation » sur ce point, un des plus controversés de son programme, qui placerait les organes de contrôle d’abus contre l’environnement sous la tutelle d’un ministère contrôlé par l’agrobusiness.

•Jair Bolsonaro a enfin affirmé qu’il ne cèderait « pas un centimètre de plus » pour la délimitation de territoires réservés aux tribus indiennes.

AFP