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« J’ai tué deux gosses à coups de pierre » : les aveux de Heaulme dès 1993, selon un enquêteur


Francis Heaulme au tribunal de Metz, le 10 octobre 1994. (photo AFP)

« J’ai tué deux gosses à coups de pierre », aurait affirmé Francis Heaulme à un enquêteur dans les années 1990, a déclaré ce dernier vendredi à la barre du procès du double-meurtre de Montigny-lès-Metz en 1986.

Jean-Pierre Virolet, colonel honoraire de gendarmerie, était dans son bureau à Metz « de manière informelle », avec Francis Heaulme en 1993. Les deux hommes se connaissent, le premier est le directeur d’enquête dans l’affaire Laurence Guillaume, meurtre pour lequel Heaulme a été condamné en 1995.

C’est alors que Heaulme lui dit: « j’ai tué deux gosses à coups de pierre ».

« Je mets ça sur un bout de papier. Je vais voir mes deux adjoints qui me disent: ça c’est une affaire qui a été jugée, l’auteur est en prison, ça n’a rien a voir. Moi, il y a l’autorité de la chose jugée, donc je ne bouge pas ».

En 1993, Patrick Dils, un jeune homme, était en effet en prison pour les meurtres, à coups de pierre, de Cyril et Alexandre sur un talus SNCF de Montigny-lès-Metz le 28 septembre 1986. Il sera définitivement acquitté en 2002.

« Moi je suis un ancien, et je m’entretenais souvent avec les gens, même s’ils avaient commis des choses répréhensibles … j’aimais bien leur dire +voilà ce qu’il va se passer maintenant+ » avait auparavant expliqué ce septuagénaire en costume gris pour expliquer ces entretiens « informels ».

« C’est de manière informelle ? », reprend le président. « Vous ne prenez pas de procès verbal ?

-Non.

– Vous prenez des notes ?

-Oui.

– Vous avez gardé ces notes ?

-Non.

– Et vos adjoints n’ont pas dressé de procès-verbal ?

– Moi on me dit « c’est une affaire jugée », dont acte. J’ai rien fait ».

Ce témoin ne s’est manifesté qu’en 2015 auprès de la section de recherches de Metz. « Mais monsieur! Vous connaissez la procédure, vous êtes même garant du respect de la procédure … Quand on a ce type de renseignement, on va voir le procureur de la République », s’emporte le président.

« Le off ça n’existe pas dans la justice, ça ne doit pas exister dans la police et ça ne doit pas exister dans la gendarmerie. Et vous dites « dans le temps c’était comme ça… », c’est pas possible, ça c’est pas possible », ajoute le président de la Cour.

Le Quotidien / AFP