Le Quotidien s’est entretenu avec deux familles voisines de Rodange dont les domiciles, situés aux numéros 76 et 78 de la rue Nic-Biever, ont subi de très importants dégâts.
Reportage de Claude Damiani
Attablée dans le restaurant de l’hôtel Threeland de Pétange, où de nombreux sinistrés sont provisoirement relogés (lire encadré), la famille Gomes n’en croit toujours pas ses yeux. Christine et son époux, ainsi que deux de leurs quatre enfants racontent l’horreur qu’ils ont vécue, moins de 24 heures après le passage de la tornade. « Il était aux environs de 17h40, lorsqu’il s’est mis à pleuvoir fortement raconte, l’une des deux sœurs Gomes, Virginie. Nous étions dans la cuisine avec ma maman, en vue de préparer à manger. Mes deux frères, Joao et Roberto, avaient à peine quitté la maison, dix minutes auparavant, pour se rendre à leurs entraînements de football, l’un au club de Bettembourg, l’autre à celui de Pétange. »
Un énorme « boum »
« Il pleuvait donc des cordes lorsque ma mère m’a dit de fermer la fenêtre, et en quelques secondes nous avons commencé à entendre des bruits, plus un énorme ‘boum’ : tout le toit venait de s’envoler et a cassé notre piscine en tombant dans le jardin ! Nous étions alors à quatre à la maison : ma maman, mon papa, et ma petite sœur », relate-t-elle, encore choquée, mais avec ce regard qu’ont les personnes faisant preuve d’énormément de courage.
« Tout s’est joué entre 17h40 et 17h45, très rapidement », poursuit la jeune fille, en indiquant que sa mère a tout de suite appelé la police. « Les pompiers sont arrivés vers 19h et ils nous ont immédiatement enjoints de ne plus rentrer dans la maison car ‘c’est dangereux’. Ils venaient de l’inspecter pour voir si plus personne ne s’y trouvait», se remémore-t-elle.
« J’ai l’impression d’avoir tout perdu »
« Nous avons tous eu très peur ; Les dégâts étaient sévères, du toit aux escaliers qui ont été détruits. La cheminée s’est retrouvée de travers, mais elle risque de s’effondrer complètement, et je n’ai pas pu récupérer de vêtements, car ma chambre se situait tout en haut de la maison », se souvient Virginie. Christine semble bien plus choquée que sa fille : « Ce n’est vraiment pas facile… j’ai l’impression d’avoir tout perdu… »
Le père de famille raconte, lui, être arrivé tout normalement à la maison, vers 17h20. «Mon fils a pris une douche avant de partir au foot et moi j’en ai prise une juste après. Et puis il y a eu ce vacarme infernal… » Nous sommes descendus dans la rue et avons retrouvé nos voisins qui ont subi aussi d’importants dégâts. Une amie proche est venue les aider et ils ont eu de nombreux messages de réconfort et de solidarité, en attendant les secours. « Cela a duré presque deux heures avant que les secours n’arrivent, car tout Pétange était bloquée. Mais les pompiers se sont très bien occupés de nous», souligne-t-il. Avant de faire part de son inquiétude, quant au futur proche : « Je dois aller travailler lundi. Je suis employé au sein de l’entreprise Polygone, à Mersch. Il faut que je me repose. J’ai trop de mauvais souvenirs en tête confie-t-il. »
La famille Gomes habitait depuis le 1er novembre 2016 dans cette maison de la rue Nic-Biever.
Les voisins également sous le choc
La famille voisine – composée de Solomon, Alem, Leul, Ayoub et Yasmin – a aussi été relogée à l’hôtel Threeland, dans la nuit. Le papa, Solomon, raconte son expérience terrible : « Mon épouse m’a appelé en panique, alors que j’étais à la banque à Pétange ; elle criait, pleurait au téléphone et m’a dit que toute notre maison était détruite ! » Solomon, qui devait récupérer deux des enfants à la maison-relais « Bei de Bujellien » et sa fille cadette au foyer du jour « Villa Bambi », fonce alors vers son domicile. Sur la route, il se rend compte de l’ampleur de la catastrophe : « J’étais en train de conduire et voyais des toits de maison s’écraser à terre. C’était inimaginable ! »
Une fois à son domicile, il constat le désastre de ses propres yeux. Les secours arriveront à 21h environ. « Toutes les lignes du 113 étaient occupées, on a appelé de nombreuses fois », relate-t-il.
Son épouse, Alem, a vécu le passage de la tornade depuis sa cuisine : « Il a commencé à pleuvoir fortement, mais je me suis dit que tout était normal. Et puis j’ai vu notre tente de jardin s’envoler… J’ai commencé à crier et là le toit et la cheminée sont tombés d’un coup ; J’ai imploré Dieu, parce que j’ai cru que j’allais mourir. » Bloquée dans sa maison, elle parvient à s’en extraire et commence à hurler dans la rue pour que les gens contactent la police et les pompiers. « Plusieurs personnes sont arrivées pour nous soutenir, dont un monsieur luxembourgeois qui m’a beaucoup aidée », confie-t-elle, émue.
Les élus «pensent à nous»
Emmenée au hall sportif de Pétange vers 22h35, avant d’être transférée à l’hôtel, la famille de Solomon et d’Alem a passé une première nuit pas forcément évidente : « J’ai été choquée toute la nuit, impossible de dormir. Je ne sais pas de quoi notre avenir sera fait », s’inquiète l’épouse de Solomon.
Pour l’heure, le député national et 1er échevin de Pétange (CSV), Jean-Marie Halsdorf, est venu apporter une nouvelle réconfortante samedi après-midi. « Vous allez rester à l’hôtel jusqu’à lundi au moins, après on verra », a-t-il informé. De quoi rassurer quelque peu Alem : « les politiciens pensent à nous, c’est très gentil », dit-elle à sa fille. Cela étant, jusqu’à ce qu’elle en sache plus, la famille demeure dans un état d’angoisse et d’incertitude car sa maison risque d’être déclarée inhabitable.
Au moins 80 cas prioritaires
Quelque 80 personnes sinistrées sont relogées à l’hôtel-restaurant Threeland de Pétange, dans 24 chambres spécialement « réquisitionnées » à cet effet, et cela, au moins jusqu’à lundi. C’est le député national et 1er échevin de Pétange, Jean-Marie Halsdorf, qui est venu en personne annoncer cette décision aux familles concernées samedi après-midi.
En parallèle, le bourgmestre de la commune, Pierre Mellina (CSV), était sur le terrain, accompagné de six experts de l’ITM et de représentants architectes de l’OAI, dans le cadre de la première phase de sécurisation et de protection de 80 logements particulièrement impactés et qualifiés de « prioritaires », afin de les déclarer – ou on – encore habitables, à moyen et à long terme.