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Ivresse au volant : Patrick s’est endormi avec le moteur allumé


Des affaires de circulation étaient au programme de cette dernière journée d’audiences avant les vacances judiciaires. (photo archives LQ)

Trop ivre pour conduire, Patrick a préféré piquer un somme. Quintino aurait fait appel à un ami pour le reconduire. Une improbable histoire de bus et un témoin affaiblissent son alibi.

Patrick dormait dans sa voiture, moteur allumé et ceinture de sécurité mise, quand des agents de police l’ont trouvé dans la rue du Chemin-de-fer à Luxembourg dans la nuit du 17 février dernier. En le secouant pour le réveiller, ils se sont aperçus qu’il était ivre. Après vérification, le sexagénaire se trouvait également sous le coup d’une suspension administrative du permis de conduire.

«Je ne circulais pas», martèle le prévenu qui prétend ne pas avoir été informé de la perte de son permis de conduire. Il aurait pourtant signé le bordereau de réception du courrier l’en informant, lui rappelle la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, preuve à l’appui. «Je suis bipolaire. J’étais peut-être dans une phase négative et je n’ai peut-être pas pris en compte le courrier», précise Patrick.

Ce Français avait passé la soirée dans un établissement de nuit de la capitale. Ivre, il aurait préféré dormir dans sa voiture avant de reprendre la route. La ceinture de sécurité, il l’avait mis par réflexe. Le procureur avoue avoir du mal de croire en ses explications au vu de son casier judiciaire luxembourgeois qui comporte déjà deux condamnations et de son casier judiciaire français «extrêmement fourni».

Pour le magistrat, il n’est «plus le temps de faire de la pédagogie». Il a requis à l’encontre du prévenu une amende appropriée, des interdictions de conduire de 19 et 18 mois pour conduite en état manifeste d’ivresse et défaut de permis de conduire ainsi qu’une peine de 6 mois de prison assortie du sursis intégral.

Son avocate a rappelé que son moteur tournait parce qu’il avait allumé le chauffage. «Il ne circulait pas à proprement parler», note-t-elle avant de demander l’acquittement de l’infraction de circulation en état ivresse. Quant à l’absence de permis de conduire, elle a demandé un sursis total et expliqué que son client vivait une situation personnelle difficile.

«On lui a diagnostiqué un cancer à un stade très avancé. Il lui reste peu de temps à vivre. Cette annonce l’a incité à replonger, car il se tenait à carreau depuis 2018», explique l’avocate. «Il traverse des phases dépressives accrues depuis cette annonce.» D’où son ivresse et sa circulation sans permis de conduire.

L’automobiliste prend le bus

Quintino a, lui aussi, été trouvé assis dans sa voiture par les policiers alors qu’il présentait une alcoolémie de 2 grammes d’alcool par litre de sang. Lui aussi conteste avoir pris le volant ce 4 août 2024.

Son ami Carlos a conforté ses propos. Il était allé boire un verre à Pétange quand il a croisé son ami. «Il m’a demandé de le reconduire chez lui à Rodange.» Les deux compères se mettent en route. «Arrivé dans sa rue, j’ai vu le bus que je devais prendre. Je me suis dépêché de garer la voiture pour pouvoir le prendre. Le dimanche, il n’y en a qu’un par heure», explique-t-il. «Mon collègue était assis à l’arrière de la voiture et téléphonait.»

L’histoire est farfelue. Carlos prétend ne pas avoir pris le temps de bien garer la voiture le long du trottoir puisqu’il était pressé de prendre le bus. La version d’un témoin vient cependant contredire cette histoire. Il a affirmé n’avoir vu que Quintino dans la voiture, a rappelé le substitut du procureur. Le prévenu aurait, selon ce dernier, été installé à la place du conducteur avant de s’éloigner et de revenir quelques minutes plus tard pour s’installer à l’arrière.

«On était à moins de 500 mètres de chez moi. Carlos pouvait prendre son bus. J’aurais réussi à conduire sur cette distance», prétend le trentenaire. Ce qui s’est réellement passé ce jour-là, seuls les deux protagonistes le savent. Le substitut ne s’est pas laissé abuser et a requis une condamnation du jeune homme à une amende appropriée, à 22 mois de suspension de permis de conduire ainsi qu’à la confiscation de la voiture incriminée.

Son avocate a mis en doute les déclarations «un peu étranges du témoin» et a demandé l’acquittement de son client.

Les prononcés sont fixés à mardi prochain.