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Ivre, il a envoyé une voiture dans le décor et continué sur trois roues


Le prévenu est accusé de délit de fuite, de coups et blessures involontaires ainsi que de conduite en état d’ivresse.

Antonis ne se souvient plus de ce qu’il a bu. Il ne s’explique pas non plus pourquoi il a commis un délit de fuite. Un accident de plus et ce sera la prison, l’a prévenu le parquet.

«Je sortais d’un virage en lacets quand j’ai vu un gros SUV noir arriver droit sur moi sur ma bande de circulation.» Alizée, 28 ans, rentrait du travail le 16 juin 2023 vers 17 h 20 quand sa voiture a été percutée de plein fouet par la voiture conduite par Antonis. Ce Chypriote de 44 ans revenait d’avoir bu quelques verres avec des amis à Luxembourg.

«J’ai essayé de l’éviter en tentant de me rabattre sur un petit chemin, mais la voiture m’est rentrée dedans côté conducteur. Impossible de freiner ou de faire quoi que ce soit», a témoigné la jeune femme hier matin à la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Tous les airbags de ma voiture se sont activés. L’un d’entre eux m’a brûlé le bras gauche en s’ouvrant. La voiture a atterri dans le fossé. Il faisait chaud, j’avais mal, je n’arrivais plus à en sortir.»

« J’ai arrêté de boire depuis ce jour-là»

Des témoins de l’accident ont arrêté leurs véhicules pour lui porter assistance et prévenir les secours. Antonis, lui, a poursuivi sa route sur trois roues. «Je suis à l’origine de l’accident. J’ai paniqué et manqué de discernement sur le moment», reconnaît le prévenu après avoir présenté ses excuses à la jeune femme qui a heureusement évité le pire. «Je me suis arrêté quand j’ai repris mes esprits», poursuit-il. «J’ai été choqué par l’état de ma voiture. Je me suis demandé comment elle pouvait encore rouler.»

«Vous ne vous êtes pas soucié de l’autre conducteur?», lui a demandé la présidente. «Cela m’apaise de penser que cela aurait pu être pire. Qu’il y aurait pu y avoir plus de dégâts. Cet accident m’a beaucoup affecté ces derniers mois. Constater que l’autre automobiliste va bien me soulage», a répondu Antonis. «Vous avez été condamné pour conduite en état d’ivresse à 17 mois d’interdiction de conduire avec sursis en 2018. Cela n’a pas suffi à vous faire comprendre les risques de la conduite en état d’ivresse», lui a rappelé la juge. «Je ne souhaite plus faire subir à ma famille ce que je lui ai fait subir ces derniers mois. J’ai arrêté de boire depuis ce jour-là», a-t-il juré, des tremolos dans la voix.

«Intolérable et inacceptable»

Antonis jure ses grands dieux qu’on ne l’y reprendra plus. La représentante du ministère public le prévient, après avoir insisté sur son inscription au casier judiciaire de 2018, que s’il vient à reprendre le volant en état d’ivresse et à se retrouver face à la justice, le parquet n’hésitera pas à requérir une peine de prison à son encontre. Conduire une voiture en état d’ivresse est un acte irresponsable, commettre un délit de fuite et ne pas penser à l’autre automobiliste est, selon la parquetière, «intolérable et inacceptable».

Que l’issue de l’accident ait été aussi favorable ne serait pas du fait d’Antonis, a poursuivi la magistrate qui a souligné le «courage civil» des personnes venues en aide à Alizée. Elle a requis des interdictions de conduire de 15 mois pour conduite en état d’ivresse, de 24 mois pour coups et blessures involontaires et de 18 mois pour délit de fuite ainsi qu’une amende appropriée à l’encontre du prévenu et s’est opposée «avec véhémence à un sursis intégral» de la peine.

«Mon client ne s’explique pas pourquoi il a agi de la sorte»

Ce jour-là, Antonis aurait mieux fait de faire beaucoup de choses différemment : ne pas prendre le volant, s’arrêter après l’accident et prévenir les secours. L’alcool a pu l’empêcher de prendre les bonnes décisions, selon son avocat. «Jusqu’à aujourd’hui, mon client ne s’explique pas pourquoi il a agi de la sorte. C’est un homme responsable», note l’homme de loi avant de contester les demandes des parties civiles. «Il a été très heureux d’apprendre que la victime allait bien et qu’il n’avait pas détruit sa vie.»

Les regrets d’Antonis sont, selon lui, à prendre au sérieux. Aussi a-t-il demandé au tribunal de bien vouloir moduler la peine qu’il prononcera en lui accordant un sursis partiel et une exception pour ses trajets professionnels et ceux dans l’intérêt de sa vie familiale.

Le prononcé est fixé au 15 juillet prochain.

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