L’Union nationale des étudiants du Luxembourg (UNEL) exhorte le gouvernement et les députés à inscrire explicitement le droit à l’avortement dans la Constitution.
Les jeunes Luxembourgeois se positionnent en faveur de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Dans un communiqué publié lundi, les membres de l’UNEL ont décidé d’apporter leur soutien à cette proposition de révision de la Constitution, qui fait débat depuis plusieurs mois au Luxembourg. «Les droits reproductifs ne s’arrêtent pas aux portes des écoles ou des universités. Les jeunes font partie de cette génération qui refuse que les droits de femmes reculent. Protéger le droit à l’avortement dans la Constitution est une garantie pour que la jeunesse d’aujourd’hui et de demain puisse vivre dans un pays où ses choix sont respectés et protégés, quelles que soient les évolutions politiques», clame Mariana Portelada, membre de l’Union nationale des étudiants du Luxembourg.
Si les membres de l’UNEL considèrent cette inscription comme «un grand pas en avant», ils s’opposent, en revanche, à l’utilisation de la «notion de liberté», longtemps point de discorde des députés. Après plusieurs mois de débats, la commission des Institutions, a, en effet, annoncé, début octobre, avoir trouvé un compromis pour inscrire l’IVG dans la Constitution. Les députés ont, ainsi, préféré d’utiliser le terme de «liberté» à celui de «droit». Un arrangement qui n’a pas été au goût de la majorité des élus de l’opposition et des membres de l’UNEL. «La liberté et le droit ne sont pas des synonymes. La liberté signifie qu’on ne criminalise pas l’acte. Ce que nous demandons, ce n’est pas seulement de ne pas restreindre l’accès à l’IVG, mais de garantir l’efficacité pour toutes (…). La notion de droit est, nous trouvons, plus complète que celle de liberté qui reste insuffisante», précise Mariana Portelada.
«Un signal fort pour les pays européens»
Un combat important pour l’UNEL qui rappelle que ce droit à l’avortement touche particulièrement les jeunes femmes dans le pays. En effet, d’après un rapport du Planning familial, l’âge moyen des femmes ayant recours à une IVG était d’environ 28 ans, en 2024. «Lorsque j’étais au lycée, nombreuses de mes camarades avaient eu recours à un avortement. C’est une situation qui ne concerne pas seulement les femmes actives, mais aussi les étudiantes, les lycéennes ou les mineures (…). Il faut noter que l’accès à l’IVG reste parfois difficile pour des jeunes femmes se trouvant dans des situations de précarité, de dépendance ou de pression sociale», note Mariana Portelada.
Pour l’étudiante luxembourgeoise âgée de 21 ans, parler de ce sujet reste encore tabou, même chez la jeune génération. «Dans le domaine de l’éducation sexuelle, les jeunes devraient avoir plus d’informations sur le procédé, les droits et la liberté de choix», souligne-t-elle.
Les jeunes font partie de cette génération qui refuse que les droits de femmes reculent
Aujourd’hui, alors que le contexte politique des droits des femmes est remis en cause dans certains pays en Europe ou dans le monde, les membres de l’UNEL «attendent du gouvernement et des députés que ce droit à l’avortement soit inscrit clairement dans la Constitution pour éviter tout risque de recul ou de criminalisation».
Après la France en mars 2024, le Luxembourg pourrait être le deuxième pays au monde à inscrire explicitement la liberté de recourir à l’avortement dans sa Constitution. «Cela serait un signal fort pour les pays européens», appuie Mariana Portelada. En attendant, cet amendement doit être encore analysé par le Conseil d’État. Le vote final prévu à la Chambre des députés pourrait avoir lieu début 2026.
Depuis 2020, les demandes ont doublé
Chaque année, le Planning familial rend public ses chiffres sur les interruptions volontaires de grossesse précoces réalisées au Luxembourg. Dans son rapport d’activité de 2024, on apprend que 1 030 avortements ont été réalisés par le Planning familial en 2023, soit une augmentation de 14,5 % par rapport à l’année précédente. Depuis 2020, les demandes pour une IVG ont doublé, passant de 571 à 1 193 en 2024. Toujours d’après le Planning familial, 51 jeunes femmes étaient mineures au moment de la demande, soit 4,3 % du nombre total de femmes. Enfin, 12 femmes ayant réalisé un avortement avaient 15 ans ou moins et 39 entre 16 et 17 ans.