L’Église catholique demande que le droit à l’avortement ne soit pas inscrit dans la Constitution à travers une longue prise de position écrite.
L’archevêché a pris position concernant l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution comme cela a été proposé par le parti déi Lénk. Sans surprise, l’Église catholique est contre. Le cardinal Hollerich s’était déjà exprimé sur la question sur les ondes de RTL. Il ne voyait aucune raison d’inscrire l’IVG dans la Constitution car une loi garantit déjà ce droit. Si ce droit venait à être inscrit dans la Constitution, cela serait un «triste jour dans l’histoire du Luxembourg», avait-il indiqué.
Vendredi, dans une longue prise de position écrite, l’Église a donné son point de vue tout en évoquant les «vives controverses entre ses partisans et ses opposants». Pour elle, «chaque être humain possède une dignité inaliénable et indéfendable, y compris avant sa naissance. La dignité humaine et la protection de la vie sont indissociables». L’Église ajoute que «l’article 12 de la Constitution, qui stipule que « la dignité humaine est inviolable », s’applique également à la vie à naître, qui mérite donc une protection particulière». Selon l’archevêché, jusqu’à présent, l’approche adoptée partait du principe que le fœtus, qui possède un droit à la vie autonome, devait être protégé, ce qui faisait de l’interruption de grossesse une exception dont les conditions et les modalités étaient définies dans un cadre juridique précis. «L’inscription de ce droit ou de cette liberté dans la Constitution entraîne un changement de paradigme éthique et juridique», estime l’Église catholique. Elle poursuit son raisonnement : «le point de départ n’est en effet plus la vulnérabilité et le droit à la vie de l’enfant à naître, perçu et reconnu comme un être à part entière doté de droits propres, mais l’autodétermination de la femme sur son corps, dont l’embryon ne se distingue plus de manière significative en tant qu’être humain à part entière. Le droit à la vie de l’enfant à naître passe donc après le droit à l’autodéterminaion de la femme.»
Aider les habitants à fonder une famille
Et l’archevêché d’ajouter : «En cas de conflit lié à la grossesse, deux droits fondamentaux s’opposent : le droit à l’autodétermination de la femme et le droit à la vie de l’enfant à naître. Cette tension est caractéristique du conflit lié à la grossesse, qui est toujours ambivalent. Si l’on considère l’avortement principalement dans le contexte du droit à l’autodétermination, ce conflit de valeurs est résolu de manière unilatérale. Les êtres humains sont non seulement des individus autonomes et responsables, mais aussi des êtres relationnels et communautaires, des sujets moraux qui assument une responsabilité non seulement pour leur propre vie, mais aussi pour celle des autres. Si l’on prend cela au sérieux, alors, même dans une société libre et démocratique, il ne peut s’agir uniquement de créer un cadre juridique permettant à chaque individu de réaliser ses propres objectifs de vie de manière autonome». Pour l’Église, «d’un point de vue sociopolitique et constitutionnel, il est essentiel de garder à l’esprit les intérêts et les droits des femmes enceintes, ainsi que le droit fondamental à la vie des enfants à naître». Et pour cela il faut que toutes les futures mamans puissent être accompagnées en créant un climat social et des conditions permettant de fonder une famille. La société doit pour cela améliorer encore la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, proposer une garde des enfants «fondée sur le partenariat», soutenir les parents isolés, prévenir la pauvreté infantile et mettre en place l’égalité des droits dans le monde du travail.
Pour l’archevêché, «l’inscription d’un droit fondamental à l’avortement dans la Constitution favoriserait la logique du droit du plus fort. Le droit à la vie de l’enfant à naître est alors bafoué.» Selon lui, le risque que l’avortement devienne un moyen de contrôle des naissances est bien réel «et se manifeste déjà dans de nombreux endroits». Inscrire l’IVG dans la Constitution pourrait même, selon l’Église, entrer en conflit avec la «Convention relative aux droits de l’enfant» de l’ONU, ratifiée en 1993 par le Parlement luxembourgeois. L’archevêché rejette l’urgence de cette inscription dans la Constitution à cause des événements dans d’autres pays. Au Luxembourg, aucun parti ne souhaite changer la loi sur l’IVG.