Plusieurs maires de grandes villes italiennes ont annoncé qu’ils n’appliqueraient pas le décret-loi sécurité et immigration du ministre de l’Intérieur et chef de l’extrême droite Matteo Salvini, à commencer par le maire de Palerme qui juge le texte « inhumain » et « criminogène ».
Le maire de centre-gauche de la capitale sicilienne, Leoluca Orlando, a inauguré la fronde en expliquant jeudi à la radio publique italienne qu’il « suspendait l’application de la loi pour ce qui relève des compétences des communes ». « C’est un texte inhumain parce qu’il viole les droits de l’Homme, et criminogène parce qu’il transforme en illégaux des personnes qui se trouvent légitimement sur notre territoire », a-t-il ajouté.
Le maire conteste en particulier la mesure qui interdit l’obtention du droit de résidence à une personne disposant d’un permis de séjour sur le territoire. Elle prive les mairies de la possibilité de délivrer une carte d’identité ou une inscription au service sanitaire national, cette dernière étant obligatoire pour accéder aux prestations de santé comme le médecin de famille.
La réplique de Matteo Salvini ne s’est pas fait attendre. « Tu veux désobéir ? Je ne t’envoie pas l’armée », a-t-il répondu dans une de ses vidéos postées sur Facebook, annonçant qu’il se rendrait prochainement à Palerme pour « livrer aux citoyens une villa avec vue sur mer confisquée à un mafieux ».
Plusieurs élus ont emboîté le pas de leur collègue sicilien parmi lesquels les maires de gauche de Naples et de Florence mais aussi le maire de Parme, Federico Pizzarotti, dissident du Mouvement 5 Étoiles, le parti populiste qui forme avec la Ligue la coalition au pouvoir en Italie.
Matteo Salvini a fait adopter en novembre un décret-loi controversé qui a fortement durci la politique de l’Italie en matière d’immigration. La principale mesure du texte abolit les permis de séjour humanitaires jusqu’à présent accordés aux personnes vulnérables, familles ou femmes seules avec enfants, victimes de traumatismes pendant leur périple vers l’Italie.
LQ/AFP